6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 15 mai 2022
Avec le Christ ressuscité,
éveillons-nous au monde par le souffle de l’Esprit
Homélie
Textes bibliques : Lire
Ce dimanche prépare déjà la communauté chrétienne à la Pentecôte. Les textes bibliques nous annoncent ce que sera l’œuvre de l’Esprit Saint. L’Évangile nous parle d’une œuvre d’approfondissement et de paix. Le livre des Actes des apôtres (première lecture) nous montre une œuvre d’ouverture à toutes les nations, juive et païenne. Avec l’apocalypse (deuxième lecture), c’est une œuvre de création qui annonce la nouvelle Jérusalem.
L’Évangile que nous venons d’écouter se présente comme le testament de Jésus. C’est un peu comme un parent qui fait part de ses dernières volontés à ses enfants avant de mourir : il leur recommande surtout de bien s’entendre entre eux. Jésus annonce à ses disciples que son heure approche. Pour eux, la vie sera toute autre. Mais ils ne resteront pas seuls, livrés à eux-mêmes. Il leur promet le don de l’Esprit Saint. Avec lui, ce sera le début d’une nouvelle mission qu’ils rempliront au nom même de Jésus. Il ravivera sans cesse en leur cœur l’enseignement du Christ. Il les aidera à le traduire en amour effectif et concret de leurs frères. Jésus laisse également « la paix » à ses amis. Elle est le gage de sa présence avec eux. Il leur donne sa joie.
Mais pour bénéficier de ces dons, il y a des conditions à remplir. Ce n’est pas Dieu qui met des restrictions ; bien au contraire il ne demande qu’à nous combler. Mais trop souvent le problème vient de nous. Nous ne sommes pas toujours disponibles pour accueillir et garder « sa parole ». Chacun de nous peut se poser ces questions : avons-nous le cœur largement ouvert pour que le Père et lui viennent y faire une demeure ? Il nous arrive parfois de nous plaindre du silence de Dieu. Est-ce que ça ne viendrait pas de nous ? Il est bien présent, mais trop souvent, c’est nous qui sommes ailleurs.
L’Évangile nous parle d’une deuxième condition requise de notre part : “Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie”. La question nous est posée par Jésus lui-même : “M’aimes-tu suffisamment pour être envahi de ma joie ?” Le pape François nous le dit à sa manière : « il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de carême sans Pâques » (Evangeli Gaudium). La joie devrait toujours être la caractéristique du chrétien.
La première lecture, extraite du livre des actes des apôtres, nous montre que cela n’a pas été facile. Dans la communauté chrétienne, des craquements se font entendre. De nombreux étrangers viennent frapper à la porte de cette communauté. Fallait-il leur imposer les traditions juives ? Cette question a été réfléchie lors du premier concile de Jérusalem. Il était hors de question d’imposer une Église fermée sur elle-même en obligeant les nouveaux venus à suivre des traditions qui ne sont pas les leurs. L’église doit être ouverte au monde et aux nouveaux convertis. Ces derniers n’ont pas besoin de se dépouiller de leur originalité culturelle. Les différences sont une source d’enrichissement.
Or il se trouve des esprits chagrins qui estiment que l’ouverture au monde est un abandon de la foi. Ils pensent que la pluralité des cultures est une entorse à l’unité. Conduits par l’esprit Saint, les responsables de l’Église primitive n’en ont pas jugé ainsi. La mission de l’Église n’est pas de sauver des traditions mais de travailler avec le Christ qui veut sauver le monde. C’est pour tous qu’il a livré son Corps et versé son sang en rémission des péchés.
C’est aussi ce message que nous adresse saint Jean dans la deuxième lecture. Cette « nouvelle Jérusalem » qu’il nous présente, c’est le Peuple saint. Dieu y habite comme dans un temple. Le Christ y demeure parmi les siens. C’est un peuple ouvert aux quatre points de l’horizon. Il ne doit jamais perdre de vue sa perspective universelle. N’oublions pas que “catholique” signifie “universel” ; le dernier mot de l’aventure humaine sera l’entrée dans le Royaume de Dieu autour du Christ ressuscité. C’est cette bonne nouvelle que Jean adresse aux chrétiens persécutés de son temps et à ceux d’aujourd’hui.
Notre mission d’aujourd’hui c’est d’être les messagers de la paix et de la joie du Christ. Il faut que cela se voie dans notre vie. Si nous voulons être fidèles à l’Évangile, il nous faut rejeter le poison de la médisance, les paroles blessantes qui font du mal. À travers notre vie, nos paroles et nos actes nous disons quelque chose de la miséricorde de Dieu. C’est avec nous, avec nos pauvres moyens qu’il veut construire une église plus missionnaire et plus engagée au service des autres. “Seul l’amour nous sauvera” (pape François).
En ce jour, nous te prions Seigneur : « Envoie ton esprit qui renouvelle la face de la terre ». Fait que notre humanité s’ouvre à la paix et à la joie.
Sources : Revue Signes – Pour célébrer l’eucharistie (Feder et Gorius) – homélie pour l’année C (Amédée Brunot) – Célébrons dimanche (assemblées de la parole) – missel de dimanche et fêtes des trois années – dossiers personnels.
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« Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » (Jn 14:21) Ainsi, à la veille de sa Passion, sachant qu’il ne Lui reste plus beaucoup de temps auprès de ses disciples, Jésus les exhorte à rester fidèles à son enseignement. « Je m’en vais… » (Jn 14:28) Comme si, avant de s’en aller, dans un dernier souffle, Il confie à ses proches sa dernière volonté, son testament spirituel. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14:23) Une parole particulièrement touchante qui vient du fond du cœur !
Quoi de plus normal que de se souvenir avec tendresse des faits et gestes de la personne aimée qui nous quitte. Des instants mémorables passés en sa compagnie nous rappellent à quel point sa présence, même morale, nous est essentielle. Conserver sa parole en son cœur et surtout mettre en œuvre ses dernières volontés, c’est continuer de l’aimer. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole… » (Jn 14:23) Aimer Jésus et Lui rester fidèle, c’est opter pour son commandement d’Amour : rester dans l’amour de Dieu et vivre en harmonie avec son prochain. Ce double commandement nous offre une vie épanouie. « Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie… » (Jn 14:28) Vivre en enfant de Dieu. Tel est le principe fondamental d’une foi sincère. Aujourd’hui, Jésus s’adresse à chacun d’entre nous en particulier. Serions-nous en mesure d’honorer son souhait le plus cher ?
En préparation à la fête de la Pentecôte, nous sommes invités à accueillir la Parole de Dieu au fond de notre cœur et à lui rester fidèle. Elle nous élève et nous transforme, nous donne force et confiance. La Bonne Nouvelle apportée par Jésus doit imprégner notre âme afin que l’Esprit-Saint puisse se révéler entièrement. L’Esprit-Saint viendra nous éclairer pour que nous puissions l’appliquer tout au long de notre vie. « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14:26) L’Esprit de Jésus ouvrira notre cœur à l’Amour. Il nous conseillera et nous donnera la force nécessaire pour vivre notre foi dans la vie quotidienne avec l’Évangile comme plan de route. Le Saint-Esprit nous guidera dans nos choix d’engagement et nous motivera dans les étapes difficiles quand nous peinons à nous décider. Il nous aidera à traverser nos incertitudes et à trouver des perspectives nouvelles pour le besoin de notre vie. Et par-dessus tout, l’Esprit-Saint nous poussera à passer à l’action ! N’oublions pas d’attiser cette Énergie vivifiante en nous pour l’enflammer autour de nous.
L’Esprit-Saint nous parle à travers des événements de la vie. Mais souvent sa voix est à peine perceptible. Comme un souffle fragile, sa Parole est murmure… C’est un appel bien discret au fond de notre cœur. Embourbés au cœur du tumulte, nous peinons à percevoir cette voix intérieure. Agitée dans un bouillon d’activités, notre âme n’est pas assez disposée pour répondre à l’appel de Dieu. Seule l’âme en paix peut discerner la voix divine. En effet, pour mieux l’entendre, il faut savoir faire silence en nous. Le silence creuse un espace intérieur au plus profond de nous-mêmes pour que Dieu puisse y habiter. Il fait place nette dans notre âme pour que sa Parole demeure en nous. C’est dans le recueillement que nous pouvons distinguer clairement ce que Dieu nous suggère. En harmonie avec Dieu, cette quiétude du cœur nous donne une meilleure visibilité sur les scènes de la vie. C’est dans la sérénité que la force de l’Esprit-Saint agit. Mais son action ne peut agir profondément en nous que si nous restons en contact avec lui. Le Saint-Esprit nous invite à vivre notre foi dans un monde en constante évolution. Sa grâce nous aidera à traverser les écueils de la vie.
De temps à autre, n’hésitons pas à nous mettre à l’abri des tintamarres du monde. Le recueillement ouvrira la porte de notre âme. Pour cela, l’Eucharistie est un moment précieux pour être en communion avec Dieu. C’est un temps de ressourcement pour nous imprégner de la Parole de Dieu. À cette occasion, Jésus vient intensifier sa présence en nous. Tendons l’oreille, Il nous parlera ! Comme Samuel, rendons-nous disponibles à l’écoute de ce que Dieu veut nous faire entendre. « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » (Samuel 3:10)
Nguyễn Thế Cường Jacques