7ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 21 mai 202229 mai 2022
(Année Luc – C)
Fête des Mères
Avec le Christ ressuscité,
éveillons-nous à l’amour du Père
Homélie
Textes biblique : lire
Entre l’Ascension et la Pentecôte, les textes bibliques nous invitent à la prière. C’est la seule attitude qui convient à des disciples qui attendent la venue de l’Esprit Saint. L’Évangile nous montre Jésus lui-même qui va prier pour nous. Nous nous tournons vers lui en ouvrant nos mains et nos cœurs. Le but de la prière c’est de nous mettre en état de réceptivité au don que Dieu veut nous faire.
La première lecture est tirée du livre des actes des apôtres ; elle nous montre la prière d’Étienne, le premier martyr. Il a suivi Jésus jusqu’au bout sans renoncer à sa foi, même devant la menace. Il n’a pas renié le Christ glorifié. Sa prière est pour nous un modèle de confiance. Il meurt en contemplant la gloire du Christ au ciel. En écoutant ce témoignage, nous pensons aux très nombreux martyrs d’aujourd’hui. Leur vie et leur mort nous interpellent : qu’avons-nous fait de notre baptême ? Le Seigneur nous rejoint pour nous combler de son amour ; mais trop souvent, nous sommes ailleurs.
Avec la deuxième lecture, nous avons une deuxième prière. C’est celle de toute l’Église au Christ vainqueur de la mort du péché. Nous avons là un message d’espérance adressé à des chrétiens persécutés. Quoi qu’il arrive, rien ni personne ne peut empêcher le Christ de vouloir nous associer à sa victoire. Avec lui, c’est un monde nouveau qui est en train de naître, un monde rempli de l’amour qui est un Dieu. Il faut que cette bonne nouvelle nous remplisse de joie et de confiance malgré les épreuves de la vie. Jésus est à jamais vivant. Nous le supplions : “viens”. Cette prière est déjà exaucée. Mais elle ne le sera pleinement que dans la gloire du Royaume.
Avec l’Évangile, nous avons une troisième prière. C’est une prière qui nous fait entrer dans l’intimité de Jésus avec son Père. Tout au long des Évangiles, nous voyons que le Christ a régulièrement éprouvé ce besoin de se retirer pour prier, pour être avec le Père. Il y passait de longues heures, surtout au moment des décisions les plus importantes.
Mais sa prière d’aujourd’hui à une intensité particulière. Jésus prie pour tous les hommes qu’il est venu sauver. Il est presque parvenu au terme de sa mission. Dans quelques heures il entrera dans sa Passion. Il sera arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. Sa prière d’aujourd’hui vient ressaisir tout ce qu’il a fait pour le remettre entre les mains du Père. C’est tous les hommes du monde entier qu’il porte dans ses mains pour les offrir au Père. À travers ses paroles, on sent que Jésus veut prendre soin, encore, de l’humanité. Il veut qu’elle soit unie dans l’amour qu’il est venu inaugurer.
Jésus confie d’abord au Père ses apôtres. Sa Passion sera pour eux une difficile épreuve, un difficile combat de la fidélité. Il prie pour eux et pour ceux qui recevront leur témoignage : “qu’il soit UN en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.” Des communautés divisées sont un contre témoignage qui dit le contraire de Dieu. La prière de Jésus est une prière vraiment universelle parce qu’elle englobe tous les hommes de tous les temps. Elle est aussi universelle que sa mission de sauveur, mission qu’il a confiée à ses disciples et à nous aujourd’hui.
Cette insistance de Jésus sur l’unité entre les hommes qu’il aime est très importante pour nous aujourd’hui. C’est un appel à faire grandir la fraternité, le partage, la solidarité. Nous sommes tous des enfants de Dieu. Toute atteinte à la communion blesse ce salut qui nous a offert. Ceux qui ne partagent pas notre foi nous regardent vivre. Comment témoigner d’un Dieu amour s’il n’y a pas cet amour dans notre vie ? Nos divisions entre chrétiens nous apparaissent encore plus intolérables lorsque nous entendons cette parole du Christ.
Tout au long de ces derniers jours qui nous préparent à la Pentecôte, l’heure est donc à la prière. Le Christ nous veut tous avec lui. Il compte sur nous pour adhérer à son désir qui est aussi celui du Père. Viens Seigneur Jésus ! Envoie-nous ton Esprit Saint ! Qu’il vienne affermir notre foi notre espérance et notre charité. Qu’il vienne nous faire vivre de l’amour du Père.
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Sources : Célébrons dimanche (Assemblées de la parole dimanches et jours de fêtes année C) – Revue Feu nouveau – Dossiers personnels
« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17:21) Dans son ultime prière à son Père, quelques heures avant sa Passion, Jésus intercède pour l’unité de son Église. Il met en avant sa parfaite harmonie avec le Père comme source et modèle de l’unité entre ses disciples : « Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17:23) Ce sera le signe évident qui permettra au monde de croire à la Bonne Nouvelle qu’Il est venu apporter.
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28:19-20) Unis dans le Christ, l’évangélisation dans la fraternité assure un témoignage sans équivoque à l’authenticité des paroles. Jésus n’est bien présent parmi nous que dans l’union. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18:20) L’unité des disciples du Christ est étroitement liée à la proclamation de la Bonne Nouvelle. Dans le décret ‘Unitatis Redintegratio’, le Concile Vatican II a insisté sur le fait que la division entre communautés chrétiennes ‘s’oppose ouvertement à la volonté du Christ ; elle est pour le monde un objet de scandale et fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile à toute créature’. En échouant à rester unis, les chrétiens manquent à leur devoir missionnaire. Ensemble, œuvrons au cœur de la mission confiée par le Christ. Déjà, saint Paul mettait en garde les communautés chrétiennes de Corinthe : « Chacun de vous prend parti en disant ‘Moi, j’appartiens à Paul’, ou bien ‘Moi, j’appartiens à Apollos’, ou bien ‘Moi, j’appartiens à Pierre’, ou bien ‘Moi, j’appartiens au Christ’. Le Christ est-il donc divisé ? » (1 Cor 1:13) Il nous rappelle que nous sommes les membres du Christ : « Prenons une comparaison : le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. » (1 Cor 12:12)
L’Esprit suscite au cœur de nos communautés des charismes divers et pas forcément de la même manière. « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. » (1 Cor 12:4-7) Dans l’audience du 22 janvier 2014, le Pape François souligne avec force : ‘Nous devons reconnaître sincèrement et avec douleur, que nos communautés continuent à vivre des divisions qui sont cause de scandale. Les divisions entre nous chrétiens sont un scandale. Il n’y a pas d’autre terme : un scandale.’ À chacun sa touche personnelle, notre différence doit être la richesse pour tous. Avoir un don, un talent particulier, nous donne un devoir, une mission à accomplir au bonheur de tous.
Restons unis pour proclamer la Bonne Nouvelle au monde entier ! ‘L’union fait la force !’ Une réalité toujours d’actualité. Ce dynamisme repose avant tout sur la solidarité et l’unité de cœur. Chrétiens, travaillons main dans la main, les uns avec les autres. La solidarité renforce l’action. Cette force d’union est illustrée dans la parabole de la vigne et des sarments. Seuls les sarments unis à la vigne peuvent porter de fruits : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » (Jn 15:5) Face à la sécularisation de notre société, saint Paul nous exhorte à rester unis dans la foi : « Ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. Ainsi, soit que je vienne vous voir, soit que je reste absent, j’entendrai dire de vous que vous tenez bon dans un seul esprit, que vous luttez ensemble, d’une seule âme, pour la foi en l’Évangile. » (Philippiens 1:27) Or cette union n’est pas toujours évidente. La division se répète à plusieurs reprises au cours de l’histoire de l’Église. Les chrétiens se sont déchirés au sujet de théologie, de dogme et de liturgie… À certaines époques, le fanatisme religieux les a même conduits à des atrocités au nom de Dieu ! Tristes conflits. Et le constat reste encore amer plus de 2000 ans après parmi les chrétiens, comme si les paroles de Jésus s’étaient perdues au long des siècles. Comment témoigner d’un Dieu Amour s’il n’y a pas l’harmonie en nous et entre nous ? Comment évangéliser le monde si les chrétiens eux-mêmes se déchirent entre eux ? Dans un monde qui s’oppose régulièrement à l’Évangile et tend à remettre en cause la foi, Jésus nous appelle à être soudés et à tenir bon ensemble.
« Vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » (1 Cor 12:27) nous dit saint Paul. Soyons solidaires et fraternels dans le Christ. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35) Aux yeux du monde, soyons les témoins de l’Évangile dans la vie de tous les jours. Cet élan ne se démontre pas par de belles paroles mais surtout par les actes. L’amour et la solidarité nous unissent. Les deux vont de pair, s’entraînant et se nourrissant l’une l’autre. Témoignons l’Amour de Dieu par l’harmonie entre nous.
Nguyễn Thế Cường Jacques