Fête de la Sainte Trinité
Abbé Jean Compazieu | 4 juin 2022Avec le Christ ressuscité, éveillons-nous à sa communion avec le Père par l’Esprit
Homélie
Textes bibliques : Lire
En ce dimanche, nous sommes tous invités à la joie. Notre Dieu trois fois saint veut nous faire partager sa sainteté. Elle est offerte à tous, même aux pauvres pécheurs que nous sommes. Notre Dieu nous aime tous au point de nous faire partager sa vie. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons dans les textes bibliques de ce jour.
La première lecture est extraite du livre des proverbes. Lorsqu’il contemplait l’univers, l’homme de l’Antiquité était en admiration de sa beauté grandiose et de son harmonie. Il y voyait la marque de la sagesse de Dieu et de son habileté. C’est cette sagesse de Dieu qui présida à la création du monde. Mais ce qui est encore plus extraordinaire c’est qu’elle reste à l’œuvre tout au long de l’histoire des hommes. La Bible nous révèle Dieu qui s’est lié d’amitié avec le peuple qu’il s’est choisi. En lisant ce texte d’aujourd’hui, nous découvrons le lien d’amour qui unit le Créateur à ses créatures. Cet engagement de Dieu pour les hommes s’est accompli totalement en Jésus. C’est en lui que s’accomplit le salut de l’humanité.
En lisant ce récit, nous comprenons que le vrai Dieu n’est pas celui qui nous surveille pour nous prendre en défaut. Il est au contraire un Dieu passionné par le bonheur des hommes. Il veut leur réussite. Dieu nous aime et veille sur nous par sagesse. Tout au long de notre vie, nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de ce Dieu amour. C’est une école où nous n’aurons jamais fini d’apprendre.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à faire un pas de plus. Il déploie sereinement sa foi qui s’enracine dans sa rencontre avec le Christ ressuscité. C’est en lui que nous trouvons la véritable paix. Il ne s’agit pas seulement d’une sérénité humaine ni d’une absence de conflit. Le plus important c’est la certitude d’être aimé de Dieu. Son amour était indéfectible. Même dans les plus grandes détresses, rien ne saurait nous ébranler. Cette assurance ne s’appuie pas sur des mots mais sur les gestes d’amour de Dieu à votre égard : le Christ s’est livré, il a versé son sang « pour nous et pour la multitude ». Par sa mort et sa résurrection, il nous ouvre l’accès au cœur de Dieu. Il nous donne son Esprit comme langage de l’amour du Père. Même en période de détresse, l’espérance ne trompe pas.
L’Évangile nous révèle un Dieu qui s’est fait proche de nous. Il ne se contente pas de nous donner des renseignements sur ce qu’il est. Il est venu à notre rencontre par son Fils Jésus. Il a pris notre condition humaine en toutes choses à l’exception du péché.
Quand nous lisons les Évangiles, nous découvrons que Jésus est attiré par celui qu’il appelle son Père. Il se retire souvent dans la montagne pour le prier longuement. Au jardin de Gethsémani, sa prière sera : “Père, non pas ma volonté mais la tienne !” Un autre jour, il avait dit : “ma nourriture c’est de faire la volonté du Père.” C’est ainsi que toute la vie de Jésus est remplie de son amour pour le Père. C’est là qu’il trouve son vrai bonheur. C’est progressivement que les apôtres entrent dans cette révélation.
Mais Jésus sait que, pour eux, c’est difficile à porter. Il promet l’Esprit de vérité qui les conduira « vers la vérité tout entière ». Une grande mission les attend. Mais ils n’ont pas à être angoissés de ne pas avoir tout compris de ce que Jésus leur a enseigné. L’Esprit de Dieu les accompagnera. Il leur fera se rappeler les paroles de Jésus. Ils vivront des situations nouvelles. Mais l’Esprit Saint les ancrera dans le Christ. Rien ne pourra les séparer de son amour.
C’est ainsi que Jésus nous révèle un Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, un Dieu qui est amour, un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Un jour, Bernadette de lourdes avait du mal à réciter une définition de Dieu apprise par cœur. Comme elle n’y arrivait pas, elle a dit : “Dieu c’est quelqu’un qui nous aime.” Cette réponse n’était pas celle qu’attendait la catéchiste, et pourtant c’était la meilleure. Notre Dieu c’est vraiment quelqu’un qui nous aime. Il s’est révélé comme un Dieu aimant et Sauveur.
Le plus important n’est pas de donner des savantes explications sur la Trinité mais d’accueillir l’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Cet amour que nous recevons de lui nous avons à le rayonner autour de nous. Nous sommes envoyés pour en être les messagers dans ce monde qui en a bien besoin. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint pour qu’ils nous conduisent vers la vérité tout entière. Il nous faut être rempli de cet amour qui est en Dieu pour pouvoir le communiquer aux autres. Tout commence par un temps où nous venons puiser à la Source dans la prière, l’écoute de la parole de Dieu et surtout l’Eucharistie. C’est à ce prix que nous pourrons être l’Église de la Pentecôte.
Que ton Esprit, seigneur, soit sur nous pour accueillir cet amour qui vient de toi. Qu’il nous donne force et courage pour en être les messagers tout au long de notre vie.
Sources : revue Feu Nouveau – Missel des dimanches et fêtes – commentaires du missel communautaire – Semainier chrétien – lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – Dossier personnels.
Merci Père Compazieu pour votre homélie qui nous rappelle et insiste sur l’amour de Dieu pour nous… Amour permanent… amour au quotidien…
oh! combien avons nous besoin de l’Esprit Saint pour avancer chaque jour vers l’autre.
Encore merci!
Parler de la Trinité, Dieu Unique en trois Personnes, n’est pas chose aisée ! Un mystère impénétrable et pourtant c’est une réalité divine. Dieu est mystère… ‘Plus tu Le connaîtras,’ écrivait saint Jean de la Croix, ‘plus tu avoueras que tu peux toujours moins exprimer ce qu’Il est !’ Un mystère tellement profond que l’esprit humain ne peut jamais le percer. Ce Mystère, Jésus lui-même n’a pas précisément révélé aux apôtres. « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. » (Jn 16:12)
En cette fête de la Sainte Trinité, il ne nous est pas demandé de comprendre ce mystère. On raconte que saint Augustin, méditant un jour sur le mystère de Dieu en se promenant sur la plage, rencontra un enfant qui avait creusé un petit trou dans le sable et allait sans cesse puiser de l’eau dans la mer pour le remplir. Il s’arrêta pour lui dire : ‘Tu vois bien que le sable absorbe tout de suite l’eau que tu verses. Tu n’arriveras jamais à remplir le trou.’ Et l’enfant, lui répond : ‘J’aurai fini avant que tu n’aies trouvé la clé du mystère de la Sainte Trinité !’ En effet, Dieu ne se laisse pas enfermer dans les définitions et les images que nous pouvons donner de Lui. Dieu, nous ne Le connaissons jamais assez et nous n’aurons jamais fini de Le connaître. Et comme par rapport au soleil, nous ne pouvons pas le regarder de face, cela nous aveuglerait. Pourtant le soleil fait naître la vie et illumine tout ce qui existe. C’est ainsi que, tout en restant un Mystère, la Sainte Trinité est source de Vie. « Car auprès de toi est la source de la vie, et dans ta lumière nous voyons la lumière. » (Psaume 36:10)
L’Évangile de ce dimanche nous fait découvrir la relation étroite entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. « Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16:15) Une Unité tellement intense qu’elle constitue elle-même une Personne. Notre baptême est sous le signe de la Trinité. C’est la consigne de Jésus aux apôtres avant de monter au Ciel : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » (Mt 28:19-20) Notre foi est basée sur l’adhésion à ce Dieu Unique. Chrétiens, nous sommes appelés à nous associer à cette intimité profonde unissant le Père, le Fils et le Saint-Esprit. « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17:21) L’unité dans la foi !
La Trinité est avant tout un mystère d’Amour. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. » (Jn 15:9) Jésus nous invite à partager cet Amour divin. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui. » (Jn 14:23) À un cours de catéchisme, la petite Bernadette Soubirous n’arrivait pas à réciter ce qui était écrit dans son livre. Quand le catéchiste lui demande qui est Dieu, après avoir longtemps hésité, elle finit par dire : ‘Dieu, c’est quelqu’un qui nous aime.’ Elle a souligné ce qui est essentiel dans le message de la Trinité. Nous sommes appelés à concrétiser cet Amour dans l’intimité de Dieu et avec nos prochains. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13:34) Aimer Dieu, c’est se laisser initier peu à peu à l’Amour de Dieu et par là à l’amour fraternel. Telle est l’essentiel de notre foi. Ainsi la Trinité n’est pas une simple affirmation dogmatique, elle est avant tout un art de vie qui nous introduit dans le cercle sacré de l’union trinitaire.
Le ‘signe de croix’, un geste rituel dans tous nos démarches religieuses, nous renvoie à l’image de la Trinité : Dieu est Père, Fils et Saint Esprit. C’est tout l’œuvre de la Rédemption que nous traçons sur notre corps. L’empreinte de la Trinité dans notre foi. C’est l’œuvre du Salut que nous confessons à travers ce signe de Croix, le Credo en acte, la synthèse de notre foi. On se signe avant ou après une prière. On signe quelqu’un pour le bénir. On signe par une onction celles et ceux qui sont malades… La Trinité est ainsi omniprésente dans notre vie chrétienne. Dans l’expérience de sainte Bernadette, ce signe a en effet une importance particulière. Dès le début des dix-huit apparitions dont elle a bénéficié , la Vierge Marie lui a appris à accomplir ce geste fondamental. Devenue religieuse, Bernadette a été questionnée par une sœur de la Charité de Nevers : « Que faut-il faire pour être sûre d’aller au Ciel ? » Bernadette a répondu aussitôt : « Bien faire le signe de la Croix, c’est déjà beaucoup. »
‘Rendons gloire au Père Tout Puissant, à son Fils Jésus-Christ, le Seigneur, à l’Esprit qui habite en nos cœurs dans les siècles des siècles. Amen.’ (Liturgie des Heures)
Nguyễn Thế Cường Jacques