13ème dimanche du temps ordinaire (C)
Abbé Jean Compazieu | 18 juin 2022Avec le Christ ressuscité,
appelés à la liberté
Homélie
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous parlent des appels du Seigneur et de la réponse des hommes. Ces appels nous arrivent en fin d’année scolaire et pastorale. La plupart d’entre nous ressentent plutôt le besoin de souffler et d’oublier leurs responsabilités et leurs soucis. Ils pensent que ce n’est peut-être pas le bon moment pour lancer des appels au chantier de la mission. Mais la liturgie de ce dimanche nous invite à voir les choses autrement. Nous y trouvons des invitations à l’engagement et à la mise en route. Notre Dieu ne prend pas des vacances. Il ne cesse d’embaucher et son appel est pour tous sans exception.
C’est au cœur de nos activités que le Seigneur nous rejoint. Élisée était en train de labourer son champ et il avait presque fini. Les disciples de Jésus étaient à la pêche ou au bureau des douanes. Paul était en route sur le chemin de Damas pour capturer des chrétiens et les faire prisonniers ; ce jour-là, il a rencontré Jésus et sa vie a été totalement bouleversée. Les uns et les autres ont tout laissé pour répondre à l’appel du Seigneur.
Mais celui qui a été totalement fidèle au Père jusqu’au bout, c’est Jésus lui-même. Il aurait pu éviter la Passion et la mort en se cachant en Galilée. Mais l’Évangile nous dit qu’il prend résolument la route de Jérusalem. Il marche comme un pauvre livré aux caprices des hommes qui pourront l’accueillir ou le refuser. Il s’abandonne totalement à la volonté de son Père. Celui qui veut le suivre doit accepter cette pauvreté que lui-même a choisie.
Ces appels de Dieu sont toujours d’actualité, même pendant les vacances. Dieu ne cesse d’embaucher des enfants, des jeunes et des adultes. Il nous invite tous à le suivre et à l’écouter. Puis il nous envoie tous comme missionnaires. Il compte sur chacun de nous pour témoigner de son amour auprès de ceux et celles qui ne le connaissent pas. Ce monde si souvent loin de Dieu a besoin de chrétiens convaincus qui n’ont pas peur d’affirmer leur foi. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de dire. Le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route.
Notre réponse à cet appel de Dieu suppose une grande disponibilité. Il nous arrive de répondre : “Je n’ai pas le temps… J’ai d’autres choses à faire pour le moment… Plus tard, quand je serai à la retraite, j’aurai plus de temps…” Si nous attendons de n’avoir rien à faire, nous ne serons jamais disponibles aux appels de Dieu. Les lectures bibliques de ce dimanche nous invitent à les réentendre. Et dans l’Évangile, le Christ nous recommande de nous libérer de tous ces obstacles qui nous détournent de lui.
Saint Paul nous le dit à sa manière : si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Nous avons bien que ce qui nous rend esclaves c’est l’attachement aux richesses de ce monde. Mais le Seigneur est capable de venir nous chercher très loin et très bas. Nous trouvons de nombreux témoignages de personnes qu’il a libérées de l’enfer de la drogue et de la violence. Cet appel à la liberté est offert à tous.
Si le Seigneur nous appelle au renoncement, ce n’est pas pour nous priver mais pour nous combler d’un bien supérieur. Ce qu’il veut pour nous, c’est la liberté d’aimer. Saint Augustin disait : “Aime et fais ce que tu veux”. Oui, bien sûr, mais à condition de suivre le Christ, le suivre quand il refuse de punir les Samaritains qui le rejettent, le suivre quand il prie son Père sur la croix pour ses assassins, le suivre quand il donne sa vie pour nous et pour le monde entier.
Un dernier point : cet appel à tout quitter pour aller là où Dieu nous appelle n’est pas réservé aux prêtres ni aux super militants. Il est également adressé à tous les baptisés quelle que soit leur situation. L’Église a besoin de tous pour annoncer la bonne nouvelle au monde, en particulier à ceux qui sont sans espérance. Dans ce contexte de violences à répétition, c’est plus que jamais nécessaire. Ce monde, Dieu l’aime tel qu’il est. Il compte sur nous pour le dire à ceux qui ne le savent pas. Il est urgent que la bonne nouvelle de l’Évangile rejoigne chacun dans la situation qui est la sienne.
Chaque dimanche, le Christ rejoint les communautés réunies en son nom. Il vient nourrir notre foi, notre espérance et notre amour. Lui seul a les paroles de la vie éternelle. Prions-le afin qu’il nous donne force et courage pour la mission d’il nous confie. Qu’il fasse de nous des témoins fidèles et passionnés de l’amour qui est en lui. Amen
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Le passage de l’Évangile de ce dimanche se situe à un moment clé de la vie du Christ. « Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. » (Lc 9:51) Jésus vient de décider de partir pour Jérusalem où l’attend l’ultime étape de sa mission : des épreuves douloureuses à traverser. « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » (Lc 9:22) Beaucoup de ses disciples sont prêts à Le suivre mais Jésus les prévient : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » (Lc 9:58) La mission n’est pas de tout repos. La route est cahoteuse et jalonnée d’épreuves !
Dans tout parcours de vie, nous avons tous des missions à accomplir, au sein de notre propre famille comme en société. À chacun ses devoirs et ses responsabilités. Ainsi va la vie ! Le tout, c’est de continuer à aller de l’avant malgré les remous ou les revers. Car il y aura des moments d’exaltation qui nous réjouissent mais aussi des instants d’affliction qui nous pèsent. Cela est vrai aussi dans notre parcours spirituel. Au milieu des épreuves, s’accrocher à sa foi n’est pas chose facile. Il nous faut du courage pour accompagner Jésus dans la peine… Sur cette route il n’y aura pas de répit. Le découragement peut succéder à l’enthousiasme initial. Emboîter les pas de Jésus demande une force d’âme. Une ferme volonté de répondre à son appel. Pas à moitié en disant à la fois oui et non, en se laissant guider par ses intérêts égoïstes. Jésus nous prévient : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » (Lc 9:62) Car la ‘route de Jérusalem’ est souvent rude ! Beaucoup de ceux qui prétendent vouloir suivre Jésus avancent des excuses pour retarder le moment de départ. Ils invoquent toutes sortes de raisons pour remettre leur engagement à plus tard… « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » (Lc 9:59) « Laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » (Lc 9:61)
« Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts. » (Mt 8:22) leur répond Jésus. Ah, que c’est dure cette Parole, mais il en faut pour nous réveiller. Aujourd’hui, Jésus nous lance un appel : ‘Toi, regarde en avant et engage-toi dès maintenant !’ Si réellement, nous voulons Le suivre, soyons prêts à mettre à exécution nos convictions. Car des fois, nos excuses apparemment valables ne sont que des prétextes cachant une inertie. La décision ferme demande une foi solide. Quitter une route tranquille pour se lancer dans un noble projet demande un engagement courageux. Nous connaîtrons des moments de regret et de doute mais ce n’est pas le moment de « mettre la main à la charrue et regarder en arrière. » Aller résolument de l’avant malgré les secousses ressenties sur le chemin. Pas facile, mais Dieu nous soutiendra. Vivre pleinement sa foi, c’est s’orienter sans détour vers la Lumière, la suivre et essayer de ne pas la perdre de vue. Regarder vers l’avant, ce n’est pas tant de gommer le passé mais c’est mettre l’accent sur la rupture nécessaire pour marcher à la suite de Jésus. Sommes-nous prêts à nous engager totalement et non à moitié et ce, dès maintenant ?
Quand une décision est prise avec réflexion et sagesse, l’hésitation n’est plus de mise. Ce serait tout-à-fait contre-productif. ‘Mettre la main à la charrue’ manifeste la volonté de se mettre au travail pour remplir une tâche. Bien décidé à réussir, à aller jusqu’au bout des choses malgré les difficultés rencontrées en chemin ! Il en va de même dans le domaine de la foi. Jésus nous appelle à la persévérance. Ayons le courage de Le suivre avec fidélité malgré les épreuves. Car souvent, l’envie de rebrousser chemin ou de choisir la solution de facilité pour contourner une situation qui nous coûte est bien grande. Nous sommes tentés de revenir sur nos pas, ou de faire deux pas en arrière après en avoir fait un en avant… Honnêtement, en reconsidérant nos actions dans le passé ou même dans le présent proche, nous apercevons que plein de nos bonnes intentions n’ont jamais été mises en chantier : ‘Je voudrais visiter mon voisin malade, je voudrais faire du bénévolat, je voudrais participer à une action sociale, je voudrais consacrer un peu de temps chaque jour à la prière et à la réflexion…’ Mais je n’ai jamais eu le temps de réaliser un seul de ces projets. D’abord mes affaires personnelles puis, ensuite, les affaires de Dieu, s’il m’en reste encore un peu de temps. C’est facile de dire : ‘Je le ferai plus tard’. Le problème, c’est que ‘plus tard’, des fois, n’arrivera peut-être jamais.
‘La route vers Jérusalem’ nous fait-elle peur ? Un défi exigeant nous attend. Cela nous demande un dépassement personnel. Et peut-être que nous devrions aussi revoir notre mode de vie. Prenons notre courage à deux mains. Mettons nos pas dans ceux de Jésus, dans la joie comme dans la peine. Avançons avec énergie vers notre but. Le succès nous réjouit mais les difficultés rencontrées sur la route ne doivent pas nous faire rebrousser chemin !
Nguyễn Thế Cường Jacques