14ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 25 juin 2022Avec le Christ ressuscité,
témoins de la joie de l’Évangile
Homélie
Textes bibliques : Lire
“Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez dans l’allégresse, vous tous qui la pleuriez !” Ce sont là les paroles du prophète Isaïe que nous avons entendues au début de la première lecture. Il s’agit d’une invitation à une joie donnée par Dieu. Rendons-nous compte : il crée “des cieux nouveaux, une terre nouvelle, une Jérusalem nouvelle.”
Nous sommes invités à la joie parce que cette Jérusalem est une mère pour nous. Isaïe nous dit que nous serons nourris et rassasiés du lait de ses consolations. Ce lait consolateur dont il est question, c’est “le lait non frelaté de la parole” (2 P. 2. 2). Isaïe nous parle également de la paix “qui déborde comme un torrent”. Cette paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflits ; c’est surtout la plénitude de la présence de Dieu, la gloire des nations converties au Seigneur.
Cette Jérusalem dont il est question n’est pas vraiment la Jérusalem terrestre qui est très belle. Ce texte d’Isaïe est une prophétie qui n’est pas encore réalisée. Nous chrétiens, nous comprenons qu’il s’agit de l’Église. Elle est vraiment une mère pour nous : elle nous enfante à travers le baptême, elle nous nourrit de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie ; elle nous annonce quelque chose de la Jérusalem céleste. C’est vers cette joie éternelle que nous marchons. Nous en avons un avant-goût sur cette terre ; elle nous sera donnée en plénitude dans la Jérusalem céleste. “Notre cité se trouve dans les cieux” (Phil 3. 20). St Cyrille d’Alexandrie nous le dit : “Dans l’Église du Christ, pas de place pour la tristesse ; l’Église est riche de l’espérance de la vie sans fin et de la gloire sans déclin”
Cette “joie de l’Évangile” doit être annoncée à tous. Saint Luc nous raconte l’envoi des 72. Ce chiffre symbolise l’ensemble des nations connues à l’époque de Jésus. C’est une manière de dire que la Bonne Nouvelle doit proclamée dans le monde entier. Elle est pour tous, pour les chrétiens qui ne vont plus à l’Église, pour les adolescents en pleine crise, pour ceux qui tournent en dérision la foi des chrétiens. Tous les hommes du monde entier doivent pouvoir entendre et accueillir cette bonne nouvelle.
Voilà donc une vaste mission qui dépasse nos possibilités humaines. Mais il y a une chose que nous ne devons jamais oublier : Jésus envoie des soixante-douze “dans toutes les villes et localités où lui-même devait se rendre”. La mission n’est pas leur affaire mais celle du Seigneur. Le principal travail c’est lui qui le fait dans le cœur des hommes, des femmes et des enfants qu’il met sur notre route. Bernadette de Lourdes disait : “Je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous dire”. En dehors du Seigneur, rien n’est possible.
Au moment où il rédige son Évangile, saint Luc pense à ceux qui sont les missionnaires des communautés. C’est bien le Seigneur ressuscité qui les désigne et les envoie pour porter la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Cette mission est un défi extraordinaire. Aujourd’hui, encore plus qu’autrefois, les chrétiens sont affrontés aux persécutions. Beaucoup sont assassinés simplement parce qu’ils annoncent l’Évangile aux hommes. Mais rien ne pourra arrêter la Parole de Dieu ni l’empêcher de produire du fruit. C’est précisément en voyant le courage des chrétiens persécutés que des hommes et des femmes se convertissent au Christ. Nous en avons de nombreux témoignages dans le monde d’aujourd’hui.
L’apôtre Paul (2ème lecture) nous montre la réalisation de la prophétie d’Isaïe. Avec Jésus mort et ressuscité, le salut est offert à tous. Il n’est pas le résultat d’une accumulation de bonnes actions ou de mérites. C’est un don gratuit de Dieu. La seule fierté de Paul, c’est la croix du Christ : Elle est la clef qui introduit dans la création nouvelle ; elle nous arrache à toutes les pesanteurs du péché. Au jour de notre baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu.
En nous rassemblant ici dans cette église, nous nous nourrissons de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Puis comme les 72, nous sommes envoyés pour annoncer : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” Dans un monde où beaucoup de choses vont mal, Dieu vient nous remplir de sa présence et de sa gloire. L’Évangile insiste sur l’urgence de cette mission. Comme le Christ et comme les prophètes, nous serons affrontés au rejet ou à l’indifférence. Mais rien ne peut arrêter l’arrivée du règne de Dieu. Si nous rencontrons la méchanceté, nous triompherons du mal par le bien.
Avec le prophète Isaïe, nous comprenons que la présence du Seigneur doit nous faire exulter de joie, même quand tout va mal. Oui, nous comptons sur toi, Seigneur : toi qui nous envoies “comme des agneaux au milieu des loups”, rends-nous forts dans les épreuves et garde-nous fidèles à la mission que tu nous confies.
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Autres approches : Préparons dimanche
Sources : Commentaires de Claire Patier – Revues Fiches dominicales et Feu Nouveau – Pour la Célébration de l’Eucharistie (Feder et Gorius) – Saisons bibliques – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – Pensées sur l’Évangile de Luc (Schönborn) – Missel communautaire (Michonneau) – Homélies pour l’année C (Amédée Brunot)
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Depuis quelques temps, l’enseignement de Jésus commence à porter fruit dans le cœur des gens. De plus en plus de personnes sont prêtes à suivre sa voie. Mais ses Paroles ne sont pas encore parvenues à tous. Des hommes, des femmes sont toujours en attente de la Bonne Nouvelle ! « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Lc 10:2) Le blé est à point et la moisson s’avère excellente. Il est temps de se mettre à l’œuvre ! Jésus souhaite rassembler encore plus de monde autour de Lui. Son enseignement va transformer leur vie. Jésus envoie donc ses disciples dans les villages lointains pour préparer sa venue. « Parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. » (Lc 10:1)
Nous apercevons que Jésus n’a pas confié la mission uniquement aux collaborateurs les plus proches mais aussi à des disciples dévoués et fidèles. Le message de l’Évangile de ce dimanche est un appel donc à tous les chrétiens, dans la diversité de nos situations, à faire rayonner la Parole de Dieu autour d’eux. Jésus nous envoie donc ‘devant lui’ afin de préparer sa voie. Ouvrons les cœurs pour que sa Parole puisse y s’engouffrer aisément car beaucoup de personnes sont en attente d’une lumière qui les éclaire, d’un idéal qui guide leur vie. Les besoins sont immenses et le Seigneur a besoin de nous. Qu’avons-nous à offrir ? La Bonne Nouvelle vaut la peine d’être mise au grand jour. Cependant, le mot ‘évangéliser’ suscite souvent hésitation, même une certaine retenue. Nous ne nous voyons pas assez charismatique pour convaincre, assez de connaissance pour expliquer… Or ‘évangéliser’ c’est avant tout ‘témoigner’ : être le témoin de Jésus. C’est d’ailleurs sa consigne avant de quitter ses apôtres : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1:8) Loin de revêtir un caractère diplomatique, il est indispensable que le cœur de l’ambassadeur du Christ soit vraiment engagé, que l’amour du prochain soit la base de sa démarche. Ce n’est donc pas en déversant une avalanche de textes bibliques que nous pouvons convaincre les gens. C’est plutôt en mettant la Parole de Dieu en pratique dans notre quotidien que nous pouvons le mieux évangéliser.
‘Évangéliser’ c’est partager ! Une spiritualité de relation et de communion. Partager notre expérience de foi, une rencontre personnelle avec Jésus. Témoigner de cette présence active de Dieu en nous qui nous saisit et nous transforme. Partageons nos convictions avec celles et ceux à qui la ‘Bonne Nouvelle’ fera du bien ! Nous voici donc désignés et envoyés ! La tâche ne sera pas facile. Jésus nous prévient : « Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » (Lc 10:3) Nous aurons des refus cinglants à essuyer, des obstacles à surmonter… Mais quand nous nous y attendons le moins, Dieu nous placera les mots dans la bouche. Il nous inspirera des attitudes adéquates à chaque situation. C’est à nous de remplir la mission avec tact et détachement. Souvent nous pensons que l’apostolat demande du talent et nous ne nous croyons pas aptes à ce travail. Mais les disciples désignés par Jésus sont des gens ordinaires comme nous… C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’ils ont accueilli la Bonne Nouvelle et ils ont hâte d’aller la partager aux autres. Témoigner sa foi est à la portée des plus modestes. Jésus recommande la simplicité. « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales… » (Lc 10:4) La sincérité de cœur et l’ouverture d’esprit, rien d’autre !
Soyons nous-mêmes ! Pas de grands discours, ni de sermons moralisateurs. Comme le bonheur, la foi se partage, tout simplement. Soyons ouverts et disposés à l’écoute de ceux qui nous entourent. Nous sommes responsables de l’annonce de la Bonne Nouvelle mais pas de la manière dont cette annonce est reçue. Si les gens n’en veulent pas, nous n’avons pas à nous culpabiliser, ni d’ailleurs à chercher à leur forcer la main. L’essentiel est de mettre notre bonne volonté au service de Dieu. Témoigner sa foi n’exige pas des mots. Cela peut se faire aussi dans le silence et par l’écoute. Soyons donc naturels et sans aucun artifice, mais de manière à ce que notre attitude suscite autour de nous une rencontre vraie et chaleureuse. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison’. S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. » (Lc 10:5-6) La relation se crée spontanément ou pas, nous n’avons pas à forcer la sympathie.
Chrétiens, partageons la Parole de Dieu entre nous. N’hésitons pas à mettre en avant les valeurs qui nous tiennent à cœur. Échangeons nos idées lorsqu’une Parole nous touche. Ne nous bridons pas lorsqu’une pensée nous élève. Faisons tout simplement de telle sorte que la Parole de Dieu atteigne tous les cœurs. N’attendons pas que quelqu’un frappe à notre porte pour proposer nos services. Le bonheur est contagieux. Ne le mettons pas sous cloche. Il se partage. « Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. » (Jn 4:35) Mettons-nous en route à la rencontre des autres et laissons le Saint-Esprit faire son œuvre. Il agira dans le cœur de chaque personne rencontrée.
Nguyễn Thế Cường Jacques