Homélie du 16ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 juillet 2018
“Ils étaient comme des brebis sans berger”
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“Il fut saisi de pitié parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger.” Cette page d’Évangile rejoint notre monde dans ce qu’il vit. Jésus voit les foules qui sont devant lui, celles de son temps et celles aujourd’hui. Il constate qu’elles sont “comme des brebis sans berger”. Beaucoup ne savent pas où ils vont, ils ne savent pas ce qu’ils sont ni ce qu’ils font sur cette terre. Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent dans le désespoir. Nous pensons à ceux qui sombrent dans la drogue ou qui mettent fin à leurs jours.
Cette image des “brebis sans berger”, nous la retrouvons dans le livre du prophète Ézéchiel (1ère lecture). Il nous décrit le désarroi du troupeau abandonné. Ce troupeau est dispersé faute de berger. Il est comme des brebis qui ont servi de proie aux bêtes sauvages. Il “est dispersé sur toute la surface du pays…sans personne qui aille à sa recherche. (Ézéchiel 34, 5-6)
Nous avons là une terrible accusation contre les responsables politiques d’Israël. Leur mission était de rassembler leur peuple dans la paix et l’unité. Or c’est le contraire qui arrive. Les uns et les autres n’ont pensé qu’à leurs intérêts personnels. Ils se sont enrichis au détriment des plus pauvres. C’est à cause d’eux que leur peuple est dispersé. La grande priorité de Dieu, c’est le bonheur de son peuple, c’est le droit et la justice pour tous. Il attend de nous que nous vivions ensemble comme des frères, solidaires les uns des autres. Si nous oublions cela, c’est la catastrophe. Et c’est ce qui est arrivé.
Mais le prophète ne se contente pas de dénoncer des malheurs. Il nous dit que Dieu n’abandonne pas son peuple. Il vient à nous avec toute la tendresse d’une mère qui a perdu son enfant dans la nature. Voici ce qu’il nous dit : “Je viens moi-même chercher mon troupeau pour en prendre soin. Je l’arracherai de tous les endroits où ils ont été dispersés… Je le ferai paître dans un bon pâturage.
Oui, Dieu berger, Jésus berger est “saisi de pitié”. C’est ce que nous dit l’Évangile. Mais la traduction est trop faible. Dire que Jésus est “saisi de pitié” cela signifie qu’il est pris aux entrailles comme une mère pour son enfant ou encore comme un père pour son fils. Il ne supporte pas de voir cette foule partir dans tous les sens “comme des brebis sans berger”.
La bonne nouvelle c’est qu’il veut les aider à retrouver un sens à leur vie. Il veut faire en sorte qu’ils ne se sentent plus perdus. Lui seul peut les aider à sortir de leur solitude et leur donner une espérance. Alors, il se met à les enseigner longuement. Contrairement aux mauvais pasteurs, il se dépense corps et âme. Lui-même nous dit qu’il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus.”
Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Jésus ne vient pas faire le chemin à leur place. Il vient le faire avec eux. Il ne vient pas leur apporter des solutions à leurs problèmes. Il vient leur apporter la lumière de sa présence, la chaleur de son amour. Alors leur vie prend un sens. Ils découvrent qu’ils vont vers plus d’amour. Dieu berger, Jésus berger n’est qu’amour. Avec lui, nous allons vers plus d’amour.
Cette bonne nouvelle, nous ne pouvons pas la garder pour nous. Le Seigneur veut que son amour, sa lumière et sa présence soient portés au monde entier. Il veut que chacun de nous soit un berger pour les autres, berger au nom de Jésus. C’est notre mission et notre responsabilité. Nous sommes envoyés pour être porteurs de joie et d’espérance auprès de tous les blessés de la vie. Ils nous sont confiés par le Christ lui-même. Il attend de nous que nous allions vers eux avec la même qualité d’amour et le même regard que lui.
Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul nous apporte un éclairage nouveau sur le Christ et sa mission. Il se présente à tous comme le grand rassembleur. Par son sacrifice, il réalise l’unité du genre humain brisée par le péché. Il a abattu “le mur de la haine” que certains hommes avaient élevé pour défendre leurs privilèges. Dieu qui aime tous les hommes veut que nous arrivions à nous rassembler et à nous aimer. L’unité finale sera le fruit d’un tel amour. Dès maintenant, nous sommes invités à nous tourner vers la croix du Christ. Elle unit le ciel et la terre. Elle attire tous les hommes à lui.
L’évangile de Marc ne nous dit pas le contenu du sermon de Jésus ce jour-là. Mais nous le devinons : Pendant cinq dimanches, nous allons écouter le plus long sermon de Jésus, celui sur le Pain de Vie. Seigneur, nous te prions : Que cette Eucharistie nous aide à changer notre regard sur toi, sur notre monde et sur nous-mêmes.
Sources : Revues Signes et Feu nouveau – Homélies pour l’année B (A. Brunot) – Lectures d’Évangiles d’un vieux prêtre de Montpellier – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot) – Homélies des dimanches (L. Soulier) –
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