14ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 29 juin 2024Envoyé comme prophète…
Pistes pour l’homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de ces hommes qui ont entendu l’appel de Dieu. Nous avons tout d’abord le témoignage du prophète Ézéchiel ; il est envoyé vers un peuple rebelle qui s’est révolté contre Dieu. Il sait qu’il ne sera pas écouté car il sera affronté à l’endurcissement des cœurs. Mais rien ne doit l’arrêter : qu’on l’écoute ou qu’on ne l’écoute pas, il faut que la parole de Dieu soit proclamée. Nous pensons à la petite Bernadette de Lourdes qui disait : « Je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous dire. » C’est ainsi que Dieu appelle des petits pour nous transmettre les messages les plus importants. Il nous offre de nous convertir et de retrouver l’amitié perdue.
Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, nous avons le témoignage de l’apôtre Paul. Il nous décrit les vraies conditions de son apostolat ; il a reçu des révélations extraordinaires, mais il est accablé de difficultés et d’humiliations : insultes, faiblesses, contraintes, persécutions, situations angoissantes. Il est également affronté à de graves problèmes de santé. Il a demandé au Seigneur de l’en libérer. Mais le Seigneur lui a répondu : « Ma grâce te suffit ». Paul découvre que Dieu agit dans sa faiblesse à lui. L’apôtre n’est pas seul dans sa mission. Le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur ce ceux qu’il met sur la route de l’apôtre.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus à Nazareth. Sa prédication aurait pu être un succès. Partout en Galilée, tout le monde se réjouit de ses paroles et de ses miracles. Mais les gens de Nazareth ne voient en lui que le charpentier du village. Ce qu’on lui reproche, c’est de dire la parole de Dieu sans être qualifié pour cela ; il n’a pas fait d’étude de rabbin ; il est un simple laïc.
Voilà donc le Christ empêché d’être reconnu comme Messie : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu… » Nous n’avons pas à les juger ; nous sommes souvent rebelles quand on vient nous parler de la part de Dieu. Mais rien ni personne ne peut arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Devant ce refus, Jésus est parti vers les villages voisins. Les missionnaires de l’Évangile n’ont pas à âtre découragés si on refuse de les accueillir ; comme Jésus, ils doivent partir annoncer l’Évangile car tous doivent l’entendre.
Le problème des auditeurs de Jésus, c’est qu’ils étaient enfermés dans leurs certitudes et leurs traditions. C’est souvent vrai pour nous aussi ; nous pensons savoir beaucoup de choses sur Dieu. Mais ce que nous pouvons en dire sera toujours insignifiant par rapport à ce qu’il est réellement. Nous n’aurons jamais fini de nous poser la question : qui est Jésus pour nous ? Cette question, nous la retrouvons tout au long de l’Évangile de saint Marc. Et la réponse nous sera donnée par un centurion païen au pied de la croix : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. »
Comme le prophète et comme Paul, nous avons conscience de nos pauvretés et de nos faiblesses. Mais le Seigneur compte sur nous pour être ses porte-paroles. Le baptême fait de nous un peuple de prophètes, marqués par l’Esprit Saint, appelés et envoyés. Dieu connaît les circonstances de la mission. Il sait mieux que nous ce qui risque d’être pesant et de nous décourager. A ceux qu’il a appelés, il a promis sa présence et son assistance.
Bien sûr, comme tous les prophètes d’autrefois, nous risquons nous aussi de connaître des difficultés. Nous sommes affrontés à l’incroyance, la mal croyance et l’indifférence. Dans le monde entier, de très nombreux chrétiens sont persécutés et mis à mort. Et à l’intérieur même de l’Église, nous assistons à des contre-témoignages qui font mal. Cette Église de Jésus Christ reste un peuple de pécheurs. Nous pouvons être tentés de la critiquer, de dire ce que nous pensons. Mais un enfant ne peut rompre le lien vital qui l’unit à sa mère.
Notre attachement au Christ doit être plus fort que la tentation de la rupture. Dieu ne choisit pas es envoyés parmi les meilleurs mais bien souvent parmi les pauvres, parmi les pécheurs. N’oublions pas que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Pensons à Pierre qui avait renié le Christ car il avait peur. Mais en accueillant le pardon du Christ, il a reçu de lui la mission d’être le berger de son peuple.
En célébrant cette Eucharistie, rendons grâce pour la confiance que Dieu nous fait en nous associant à sa mission. Disciples-missionnaires, levons les yeux pour remettre entre ses mains nos fragilités. Que s’accomplisse pour nous aujourd’hui sa parole : « Ma grâce te suffit ».