23ème dimanche du temps ordinaire (C)
Abbé Jean Compazieu | 31 août 2025Comment suivre Jésus jusqu’au bout
sans le souffle de l’Esprit ?
Homélie
Textes bibliques : Lire
“Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?” Ce sont là des questions que nous avons entendues dans la 1ère lecture extraite du livre de la Sagesse. C’est vrai, nous croyons savoir beaucoup de choses sur Dieu, mais nous nous trompons. Dieu nous dépasse infiniment. Mais il intervient dans la vie des hommes pour leur transmettre sa “Sagesse”. Cette Sagesse c’est son Esprit Saint. Il nous est donné pour nous conduire “vers la vérité tout entière”. C’est lui qui nous fait adhérer au Christ quand nous nous rassemblons le dimanche pour écouter la Parole de Dieu et célébrer l’Eucharistie.
C’est aussi cet Esprit de Dieu qui fait découvrir à Philémon qu’Onésime n’est plus seulement un esclave mais un enfant de Dieu. C’est le message de saint Paul dans la 2ème lecture. Il nous montre toute la délicatesse de l’amour que Dieu met dans le cœur des disciples. Onésime était un esclave en fuite. Paul l’a accueilli et lui a parlé de l’amour de Jésus. C’est ainsi qu’Onésime s’est converti et à été baptisé. A travers cette lettre, nous découvrons toute la délicatesse que Dieu met dans nos cœurs. Il fait de nous des frères.
Cette Sagesse de Dieu nous est également révélée dans l’Évangile de ce dimanche. Les paroles que nous y avons entendues sont déroutantes. Jésus nous invite à l’aventure. Il nous demande un vrai saut dans l’inconnu. Si nous voulons être ses disciples, il nous faut accepter les conditions qu’il pose : “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses frères, ses sœurs et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.” Ce qui est premier, c’est de laisser le Christ remplir notre vie de l’amour qui est en lui. Nos affections naturelles sont limitées et imparfaites. Elles sont souvent mêlées d’égoïsme. Le Seigneur nous demande d’y renoncer pour accueillir son amour désintéressé et intensément généreux.
Pour aller à Jésus, il nous faut “haïr” ce qui n’est pas lui. Le commandement de l’amour du prochain est toujours là. Mais le Christ nous demande aujourd’hui de réorganiser notre vie affective. Dieu doit passer avant tout. On lui doit tout. Il est notre priorité absolue. Son amour fera naître en nos cœurs un nouvel amour pour les membres de nos familles.
Donner la première place à Dieu, voilà cet appel qui nous est adressé en cette période de rentrée. Or c’est trop souvent le contraire qui se passe. C’est ce qui arrive quand on se contente d’un programme minimum. Des temps de rencontres, des partages et des célébrations seront proposés aux enfants, aux jeunes et aux adultes. Ces appels du Seigneur attendent une réponse de notre part. Ils doivent passer avant les activités sportives, culturelles ou autres. Si nous voulons venir à Jésus, toute notre vie doit être organisée en fonction de lui. Nous devons le préférer à tout le reste.
Être disciple du Christ ne va donc pas de soi. C’est difficile et exigeant. Celui qui veut suivre Jésus doit réfléchir. Il doit se demander s’il est prêt à tout mettre en œuvre pour le faire sérieusement. Si ce n’est pas le cas, il sera comme celui qui veut bâtir une tour mais qui n’a pas assez d’argent pour l’achever. De même, celui qui veut partir en guerre doit commencer par s’asseoir et réfléchir. C’est encore plus vrai si nous voulons être disciples du Christ : nous devons être lucides sur nos moyens et nos faiblesses.
Il est important que notre vie soit nourrie par la prière, la lecture de la Bible ou de l’Évangile. Sans ressourcement dans la durée, nous n’irons pas assez loin dans nos engagements humains et chrétiens ; nous serons comme celui qui commence à bâtir une tour et ne peut achever.
Aujourd’hui, le Christ nous met en garde contre le danger d’être “un chrétien à moitié”. Ce comportement ne peut convaincre personne. Bien au contraire, il ne fera que provoquer scandale et rejet. Il se creuse souvent un fossé entre ce que nous disons en tant que chrétiens et la manière dont nous vivons. Et alors, on se moque de nous comme dans la parabole de l’Évangile. Si nous voulons être crédibles, il nous faut mettre de l’ordre dans notre vie. Si nous donnons à Dieu la première place sans y mettre de conditions, alors notre vie trouvera le bon cap. Le faire à moitié, ça ne marche vraiment pas.
Ces trois lectures nous révèlent la Sagesse de Dieu qui n’a rien à voir avec celle du monde. Elles nous disent l’amour passionné du Seigneur qui veut le salut de tous les hommes. En réponse, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques petites prières. L’important, c’est de vraiment marcher à la suite du Christ et de nous laisser transformer par lui. C’est avec lui que nous entrerons dans la vraie vie.
Seigneur Jésus, donne-nous de ne jamais oublier ta présence. Alors nous serons heureux d’être aimés tels que nous sommes. Jésus, Fils de Dieu, tu es la joie de nos cœurs. Amen
Sources : Feu Nouveau – Paroles pour la route (Jean Yves Garneau) – l’Évangile de la miséricorde (Cardinal Christoph SCHÖNBORN) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux –Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye)
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Vingt-troisième dimanche du Temps Ordinaire – Année C
De l’Évangile de Jésus Christ selon Luc
En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croixpour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : ‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.» (Lc 14,25-33)
Conditions nécessaires pour suivre Jésus
De grandes foules firent cortège à Jésus. U les prévint que pour être son disciple, il fallait être capable de haïr les siens, et porter sa croix en le suivant. Jésus dit : que l’homme qui bâtit une tour, calcule la dépense, de peur de s’attirer les moqueries, s’il ne pouvait venir à bout de son entreprise.
Qu’ils fussent prudents, comme un roi qui n’entreprend la guerre que s’il se sentit de force à vaincre. Celui qui ne renonce pas à tout ne peut être un disciple de Jésus,a un beau rôle, celui du sel, mais s’il ne le remplit pas, sa condition sera misérable. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende
Jésus, après avoir quitté la maison du pharisien reprit la route de Jérusalem. Parmi ces grandes foules qui faisaient route avec lui se trouvaient des pèlerins qui allaient aussi à Jérusalem pour la fête de Pâques.
Il y avait encore chez la plupart un entraînement enthousiaste et charnel ; Jésus, pour dissiper tout malentendu, et pour les mettre en garde contre une profession précipitée, leur adressa un avertissement sérieux, sévère même.
Celui-ci nous enseigne l’amour de tous les hommes, de nos ennemis mêmes, à plus forte raison de nos proches.Jésus admit que ces affections de la famille, entrant en conflit avec l’amour que nous lui devons, devinrent un obstacle à notre communion avec lui et nous empêchaient de devenir ses disciples.
Nous devons haïr ce mal, cet éloignement de Dieu sous peine de renoncer à l’amour de Jésus, le Sauveur. (Lc 12,53) C’est exactement par le même principe que le disciple de Jésus doit haïr sa propre âme, sa personnalité, dès que l’amour de lui-même s’oppose à l’amour de Dieu.
Il est évident, d’après ces paroles, que tout chrétien doit être prêt à sacrifier sa vie tout entière pour la cause de Jésus. Qui est-il donc, ce Maître, qui se pose ainsi comme l’objet de l’amour suprême de ses disciples ?
Le renoncement absolu que Jésus prescrivit ne suffit pas pour faire d’une personne son disciple ; il n’y a pas seulement des affections et des biens à sacrifier, il y a des souffrances à endurer dans cet esprit d’obéissance et d’amour dont Jésus lui-même était animé et dont il devait donner l’exemple jusqu’à son dernier soupir.
Ces souffrances ont pour emblème l’instrument qui servira au supplice de Jésus. Comme Jésus, chaque disciple sa propre croix, qu’il doit porter en le suivant. La croix est toujours et pour tous un instrument d’ignominie, de souffrance et de mort.
Le but de cette parabole est de motiver l’exhortation, impliquée dans la règle précédente, à s’examiner soi-même pour voir si l’on est capable de remplir ces sévères conditions.
Être disciple de Jésus, le suivre, l’imiter en toutes choses, jusqu’à la croix, jusqu’à la mort, est une tâche difficile, bien plus au-dessus nos forces que bâtir une tour ou une forteresse n’est au-dessus de la fortune d’un pauvre ; ce n’est donc pas avec l’enthousiasme éphémère d’une première émotion religieuse qu’on doit s’engager dans cette difficile carrière.
Il faut s’asseoir, se recueillir, calculer la dépense, avant de faire hautement profession d’être disciple de Jésus. Sans cette précaution, on court le risque de provoquer les moqueries du monde et de devenir une cause d’opprobre pour l’Évangile.
Diacre Michel Houyoux
Liens avec des sites chrétiens
◊ Service de la Catéchèse : cliquez ici pour lire l’article → Vingt-troisième dimanche ordinaire, année C
◊ Christus vivit : cliquez ici pour lire l’article → Homélie du 23ième dimanche du temps ordinaire
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