Homélie du 7ème dimanche du temps ordinaire (23 février)
Abbé Jean Compazieu | 15 février 2014
Etre comme Dieu
Textes bibliques : Lire ou Ecouter
Les lectures bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à être comme Dieu. C’est lui-même qui nous le demande : “Soyez saints car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint”. C’est un ordre que Dieu nous donne. Notre vocation c’est la sainteté. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Sa sainteté c’est celle de l’amour. Cela signifie que nous devons rejeter tout orgueil et toute pensée de haine. En Dieu, il n’y a pas de place pour la vengeance ni pour la rancune. Notre Dieu est Amour. C’est à cela que nous sommes tous appelés.
En ce qui nous concerne, nous savons bien que ce n’est pas gagné. Nous retombons souvent dans les mêmes péchés. Mais le Seigneur est toujours là et il continue inlassablement à nous appeler à lui. Notre pape François nous dit et nous redit qu’il ne se lasse jamais de nous pardonner. C’est de cette manière qu’il nous conduit vers la sainteté. Il nous appelle à sa propre sainteté qui n’est qu’amour et douceur. Cela nous paraît sans doute bien difficile. Le problème c’est que nous sommes souvent des hommes “de peu de foi”. Mais avec des moyens pauvres, le Seigneur est capable de réaliser des merveilles.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous précise les raisons de cet appel à être comme Dieu. Il nous dit en effet que nous sommes “le temple de Dieu”. Et puisque Dieu est Amour, on peut dire que nous sommes le temple de l’Amour. Si nous sommes vraiment habités par cette présence de Dieu, cela change tout dans notre vie. Cet amour que nous recevons de lui va nous rendre de plus en plus semblables à lui. Il va chasser la haine, la rancune, la violence et toutes les formes de méchanceté. C’est un amour qui ira jusqu’au pardon. C’est à cela que nous serons reconnus comme disciples du Christ.
Malheureusement, nous faisons mentir Paul tous les jours. Et il le sait très bien. D’ailleurs, sa lettre aux corinthiens est très polémique. Il y avait beaucoup de divisions dans la communauté des corinthiens. C’est pour répondre à ces problèmes et à bien d’autres qu’il leur écrit cette lettre. Et c’est important aussi pour nous. Comme les habitants de Corinthe, nous ne devons jamais oublier que nous sommes appelés à être les temples de l’Amour. Nous sommes habités par l’Esprit Saint qui nous est donné au jour de notre baptême. Ce que nous ne pouvons accomplir par nos seules forces est rendu possible par celle du Christ. Il ne cesse de faire appel à ce qui est faible pour réaliser des merveilles.
L’Evangile a de quoi nous surprendre : “Vous avez appris qu’il a été dit : “œil pour œil, dent pour dent…” Cette parole peut nous paraître bien cruelle. En fait, à l’époque, la vengeance était sans fin, implacable et féroce. Elle s’exerçait indifféremment sur le coupable véritable ou présumé, sur un membre de sa famille ou sur un clan. C’était un peu comme les pratiques de la mafia. La loi de l’Ancien Testament était un progrès considérable. Dieu voulait apprendre à son peuple à limiter la vengeance : une seule dent et non pas toute la mâchoire. Nous vivons dans un monde qui souffre de l’escalade de la violence et de la haine. Mais aujourd’hui comme autrefois, Dieu est à l’œuvre pour libérer son peuple de la loi du plus fort.
Mais pour ressembler vraiment à Dieu, il y a une nouvelle étape à franchir. Limiter la vengeance c’est bien. Mais dans son discours sur la montagne, Jésus nous invite à faire un pas de plus. Si nous voulons vraiment ressembler à notre Père des cieux, nous devons nous interdire toute riposte, toute vengeance et toute haine. Ce n’est pas une morale que Jésus nous enseigne, ni une leçon de savoir vivre. Le plus important c’est de découvrir qui est Dieu. Le Dieu de l’Ancien Testament était déjà présenté comme un “Dieu lent à la colère et plein d’amour”.
En fait, nous avons souvent la tête dure : nous nous faisons de fausses images de Dieu. Nous avons du mal à croire qu’il n’est qu’amour. Et pourtant, Jésus ne le dit d’une manière imagée : “Dieu fit lever son soleil sur les bons et sur les méchants et tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes”. A l’époque, le soleil et la pluie étaient considérés comme des bénédictions de Dieu. Etre comme Dieu, c’est accueillir cet amour universel qui est en lui pour le rayonner et le communiquer autour de nous.
Cet Evangile nous rejoint dans un monde difficile. Aimer nos ennemis, prier pour ceux qui nous persécutent, c’est bien cela qui nous est demandé. Une chose est sûre : le mal et la violence n’auront pas le dernier mot. C’est avec Jésus et en lui que l’amour obtiendra la victoire finale. En ce jour, nous nous tournons vers toi Seigneur : rends-nous forts dans les épreuves. Tu nous as envoyé ton Fils pour nous faire partager ta sainteté. Ouvre nos cœurs à ce mystère. Attire-nous dans cette lumière. Amen
Sources : Revues Signes, Dimanche en Paroisse, Feu Nouveau, L’intelligence des Ecritures (MN Thabut), lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), La Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V.Paglia), Célébrons le dimanche 2014 A
Dans de nombreux pays du monde, des chrétiens sont persécutés et mis en prison à cause de leur foi. Donne-leur de trouver auprès de toi force et courage, Seigneur, nous te prions.
Des hommes de bonne volonté se dépensent inlassablement pour la réconciliation des peuples en guerre. Toi qui es à l’origine de tout effort vers la paix, aide-nous à nous rapprocher les uns vers les autres, Seigneur, nous te prions.
Des hommes, des femmes, des enfants sont blessés par ce qu’ils ont eu à subir de la part d’autres personnes. Afin qu’ils trouvent des amis qui les accueillent et les comprennent, Seigneur, nous te prions.
Nous venons d’écouter ton Évangile qui nous parle d’amour et de pardon. Toi qui as été victime de la haine et de la violence des hommes, guide-nous sur ce chemin de conversion, Nous te prions.
Cet Evangile rejoint toutes les victimes de la haine et de la violence des hommes en Syrie, En Egypte, en Afrique mais aussi dans nos grandes villes
Merci de tout coeur pour cette homelie que j’ai particulièrement appréciée. Je n’ai plus de ressentiment envers ceux qui me blessent car je me suis forgée une petite carapace. Mais ne risque – je pas de tomber dans l’indifférence ?
En tout cas, je te rends grâce Seigneur pour ton amour immuable dans lequel je me réfugie chaque jour.
Prions pour les chrétiens qui sont bafoués à cause de leurs convictions religieuses. Que le Seigneur leur donne force et courage dans leurs épreuves
Moi, je vous dis de ne pas riposter au Méchant
« Œil pour œil, dent pour dent » Cette loi du talion apparut en 1730 avant Jésus Christ dans le code Hammourabi, alors roi de Babylone ; on la trouve aussi dans la loi de Moïse. Par cette loi les droits coutumiers tentaient de limiter les excès de la vengeance : on ne devait faire subir à l’agresseur que la même action que lui-même avait fait subir à sa victime : « Tu ne jetteras aucun regard de pitié : œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. » (Ex 21, 24)
La justice qui consiste à exiger une peine identique à celle qu’on a subie, débouche inévitablement sur des débordements incontrôlables. Lorsque la roue de la violence est mise en branle, qui l’arrêtera ?
Personne ne fera la paix en exigeant que l’autre souffre tout autant que ce qu’il lui a fait subir. Un jour, Jésus s’adressant à ses disciples leur dit : « Vous avez entendu, qu’il a été dit » Œil pour œil, dent pour dent. Eh bien moi je vous dis de ne pas riposter au méchant. » (Mt 5, 39a)
« Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5,44-45 )
Voilà le message de Jésus. Jusqu’ici on priait contre ses ennemis : « Lève-toi, Seigneur, va à sa rencontre, renverse-le ! Délivre-moi du méchant par ton glaive ! » (Ps 17, 13) Maintenant. Il faut prier pour qu’ils se convertissent. Jésus nous a lui-même montré la voie à suivre ; il a voulu le bien de ceux qui voulaient lui faire du mal, il a souffert et est mort pour ceux qui le faisaient souffrir et mourir : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34)
Ce qui est important, c’est de ne pas résister au mal : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais soit le vainqueur du mal par le bien » (Rm 12,21)
La conduite que le Christ attend de toute personne nous conduit sur le chemin des exigences de la véritable sagesse. Nous sommes composés des mêmes structures cellulaires que l’adversaire qui nous attaque ou nous fait procès. Et cette similitude nous donne déjà le devoir d’une certaine compréhension, d’une certaine indulgence, dans nos comportements comme dans nos réactions. Ce que nous attendons des autres, eux sont aussi en droit de l’attendre de nous.
Mais la pensée de Dieu, c’est davantage : « Soyez parfaits, soyez comme moi, soyez saint, tendresse et pitié parce que l’Esprit de Dieu habite en vous. »
Notre attitude inspirée par l’amour peut donc ébranler celui qui veut être adversaire. Un jour ou l’autre, peut-être, il découvrira la raison de notre dépassement. Car rien ne peut dépasser l’amour. : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
La foi c’est essentiellement croire que Dieu m’aime, et qu’Il aime chacun de nous, comme un Père aime son enfant. Est-ce cette foi que je vis ? Est-ce cette foi que je transmets par mon témoignage en tant que chrétien ? « Tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35)
Jésus nous invite donc à un comportement nouveau : pour imiter Dieu, nous devons aller jusqu’à cet amour qui n’est pas simplement un amour de réciprocité : « Je t’aime puisque tu m’aimes » Vivre chrétiennement, c’est aimer comme Dieu aime, sans calcul. Aimer notre ennemi, aimer un ingrat ou celui qui n’a rien, c’est aimer comme Dieu aime. Dieu nous aime d’un amour inconditionnel !
« Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » C’est pour cela que Jésus nous a aimés : afin qu’à notre tour nous nous aimions les uns les autres. Si chacun de nous, aujourd’hui, là où il vit, commençait en regardant l’autre avec un autre regard, en s’arrêtant, en l’écoutant sans regarder par terre mais en regardant Jésus, l’autre se sentirait respecté, compris, aimé, peut-être. Cela vaut le coup.
Amen
Michel Houyoux, diacre permanent
Merci Michel pour cette homélie. D’autres peuvent ajouter la leur. On peut aussi inviter à prier puor la paix et la réconciliation, surtoutr là où elles sont menacées
Envoyé par Topinanty L
4. Pour nous tous ici présents, permets Seigneur que nous soyons touchés par ta parole afin d’en dupliquer dans nos milieux respectifs pour la gloire de ton saint Nom. Prions le Seigneur
Seigneur, nous te prions pour toutes les victimes de la violence en Ukraine. Afin que le message de ton Evangile soit entendu et accueilli et que notre monde progresse vers plus de justice et de fraternité, Seigneur nous te prions
Seigneur regarde les communautés où le pardon et l’amour ne sont pas une donnée évidente.Que ta parole que les pasteurs leur prêche chaque jour les illumine et purifie leur coeur et leurs intentions pour que à travers toute leur vien ils rendent témognage à l’Evangile dans le monde
Merci de tout coeur pour le magnifique enseignement de soeur Claire. Toute notre vie doit tendre à la liberté. Jésus était la personne la plus libre de tous les temps.
Seigneur,aujourd’hui je ferai le maximum pour montrer mon amour à tous ceux que je côtoie.
Le récit de la Transfiguration de Jésus nous est présenté au deuxième dimanche du Carême. «Il fut transfiguré devant eux». C’est pour réconforter à l’avance ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean, les trois mêmes qui assisteront à sa grande défiguration au jardin de Gethsémani, que Jésus a permis que leurs yeux s’ouvrent un moment sur sa divinité cachée sous son humanité. Déjà, ils expérimentaient avant l’heure la résurrection. Ainsi, le Mont Thabor est comme une fenêtre ouverte sur notre avenir : il nous garantit que notre corps mortel se transformera et, en Jésus, sera « revêtu de magnificence et drapé d’un manteau de lumière ! » (Psaume 103, 1).
Aux côtés du Transfiguré, se tiennent Moïse et Elie. La présence de ces deux grandes figures bibliques autour de Jésus sont comme un avant-goût du ciel. Tellement que Pierre aurait voulu retenir le temps. Il airait aimé élever trois tentes, semblables à ces cabanes de la fête de souccot, la fête des tabernacles.
Mais ce n’est plus nécessaire ! La vraie tente plantée parmi nous, la demeure parfaite de Dieu avec nous, c’est Dieu fait homme en Jésus. Et puis, « la nuée lumineuse qui les couvre de son ombre », celle qui guidaient les Hébreux au désert, n’est autre que le signe de l’Esprit Saint, qui couvre, enveloppe et protège. La voix du Père retentit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Oui, il s’agit bien d’accueillir Dieu, mais aucune tente n’est à dresser, aucune hutte n’est à bâtir. Le Fils est lui-même la Tente de la rencontre. Il est notre demeure sur le chemin à travers le désert, comme il est notre nourriture et notre boisson, donnée dans les sacrements, comme il est la Parole qui nous guide et nous libère, par la méditation des Ecritures et leur mise en pratique dans nos vies. La transfiguration révèle le Dieu Un, à la fois Père, Fils, Esprit Saint.
Mais, pratiquement, comment vivre aujourd’hui en « transfigurés » ?
– En laissant le Seigneur agir en nous par la prière. Le début du texte nous rappelle que Jésus aimait à partir seul à l’écart sur la montagne pour prier avec trois compagnons. De même Abraham, Moïse et Elie ont été des hommes de Dieu, des hommes de prière.
– Ensuite, en lui permettant de nous éclairer, comme la lune qui, la nuit, réfléchit la clarté du soleil. Laissons le Seigneur nous débarrasser de ce qui nous alourdit, de ce qui encombre notre cœur et notre esprit, de ce qui trouble notre foi et notre espérance, de ce qui décourage notre générosité. Nous avons Moïse. Nous avons Elie, nous avons le témoignage des Apôtres, nous avons la présence du Ressuscité dans l’eucharistie… Que le Seigneur nous donne de les écouter et de vivre les yeux fixés sur le Christ : « Nous tous… réfléchissons, comme en un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, allant de gloire en gloire » (2 Corinthiens 3,18).
– Dans le quotidien de nos existences, il nous arrive aussi de faire l’expérience de la transfiguration. Je puis témoigner comme prêtre d’être parfois très touché en voyant le visage d’hommes et de femmes éprouvés s’éclairer, devenir lumineux au sortir d’une prière ou d’une bonne confession. Ces expériences de résurrection, simples et discrètes, n’en sont pas moins pour moi autant de révélations de la présence de « Dieu-avec-nous. »
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