Homélie pour la fête du Saint Sacrement (B)
Abbé Jean Compazieu | 30 mai 2015
Pain rompu pour un monde nouveau
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Nous célébrons aujourd’hui la fête du Corps et du Sang du Christ. Pour comprendre cette fête, il faut se rappeler que le mot “Corps” n’a pas la même signification qu’aujourd’hui. Dans le monde de la Bible, il ne désigne pas seulement le Corps physique mais la personne tout entière. Quand nous lisons que Jésus livre son Corps pour nous et pour la multitude, cela signifie qu’il s’est entièrement donné pour le salut du monde.
Dans la première lecture, nous voyons le peuple Hébreu qui se trouve rassemblé devant Moïse. C’est l’histoire d’un Dieu qui fait alliance avec son peuple. Cette alliance est symbolisée par le sang versé sur l’autel puis sur l’assemblée. Nous savons que le sang c’est la vie. Sans avoir une connaissance exacte de son rôle, les gens avaient bien vu que la perte de sang conduisait à la mort. Actuellement, nous voyons qu’un sang donné peut sauver des vies. Le sang est porteur de vie. C’est donc un pacte de vie qui lie Dieu et son peuple. A chaque messe, c’est le même Dieu qui rejoint les communautés réunies en son nom. Comme les Hébreux, nous y redisons notre joie d’être aimés et choisis par Dieu.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) s’adresse à des chrétiens qui restaient fascinés par les cultes sacrificiels juifs. Ils regrettent de ne pas trouver cette splendeur dans les célébrations chrétiennes. Ce qu’ils doivent bien comprendre, c’est que les sacrifices de l’ancienne alliance n’étaient qu’un point de départ. Le véritable don du sang qui nous fait participer à la vie même de Dieu c’est celui qu’a accompli le Christ sur la croix. Il nous a arrachés à l’emprise du mal en nous proposant de vivre de son amour. C’est là le véritable sacrifice. A chaque messe, nous assistons “en direct” au moment où Jésus a fait don de sa vie. C’est la victoire de la vie sur la mort et nous en recevons les fruits.
L’Évangile nous parle du dernier repas de Jésus au soir du Jeudi Saint. En lisant ce récit de plus près, nous remarquons un point qui risque de passer inaperçu. Les disciples ne disent pas : “pour que nous mangions la Pâque” mais “pour que TU manges la Pâque”. C’est comme si le repas pascal était celui de Jésus seul. Pour l’évangéliste, c’est une manière de relier le repas pascal juif à Jésus. Ce repas devient celui de Jésus : “Ceci est mon Corps… Ceci est mon sang”. Le rite de l’alliance de l’Ancien Testament est repris ; mais le véritable Agneau Pascal immolé et mangé, c’est Jésus lui-même. Il se livre pour libérer l’humanité tout entière de ce qui l’éloigne de Dieu.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eucharistie est “le sacrifice de toute l’Église”. Cela nous est rappelé à la fin de l’offertoire. Ce sacrifice ce n’est pas seulement celui de l’assemblée présente à l’église. A travers cette assemblée, c’est toute l’Église qui fait monter sa prière vers le Seigneur. Et quand le prêtre dit avant la communion “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde”, il ne s’adresse pas seulement aux fidèles présents mais au monde. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous pour être leur nourriture et leur serviteur. Il aime chacun d’un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
Dans ce grand mystère de l’Eucharistie, il y a un point important qu’il ne faut jamais oublier : nous savons qu’au moment de la Consécration, le pain et le vin deviennent le Corps et le sang de Jésus. Mais c’est surtout nous-mêmes et notre monde que le Seigneur veut consacrer et diviniser. C’est nous-mêmes qu’il veut remplir de sa présence. Ce don n’est pas seulement réservé à ceux qui sont rassemblés dans l’église. Il est pour tous. Jésus a été envoyé au monde non pour le juger mais pour le sauver.
Voilà ce repas auquel nous sommes tous invités. C’est vraiment LE moment le plus important de la semaine. Le Christ ressuscité est là ; il nous rejoint. A chaque messe, nous célébrons celui qui nous a aimés comme on n’a jamais aimé. C’est la moindre des choses que nous répondions à cette invitation. C’est vrai que dans certains endroits, cela devient difficile. En raison du manque de prêtres, nous assistons à une baisse drastique du nombre de messes. Mais quand il n’y a plus de boulanger dans un village, on sait s’organiser pour ne pas rester sans pain. Aujourd’hui, le Christ se présente à nous comme “le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.” L’Eucharistie est vraiment un cadeau extraordinaire. C’est une nourriture pour la Vie éternelle.
En cette fête du Corps et du Sang du Christ, nous renouvelons notre action de grâce pour la merveille que nous célébrons. Et nous faisons nôtre cette prière du prêtre avant la communion : “Que ton Corps et ton sang me délivrent de tout mal et que je ne sois jamais séparé de toi”.
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Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Ta Parole est ma joie (J Proux) – Les entretiens du dimanche (N. Quesson) – Homélies pour l’année B (A Brunot) – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes
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Quand j’entre dans une église, avant d’admirer l’architecture, la beauté du lieu, c’est la petite lumière que je recherche; c’est là que je vais m’agenouiller, pour un coeur à coeur avec le Seigneur présent dans ce tabernacle. Ces tabernacles si souvent profanés ces temps-ci…
“Si on savait le don de Dieu”… et qui est Celui qui est enfermé là et qui ne demande qu’à être donné, reçu, aimé, partagé…
La Fête du Saint-Sacrement, la Fête-Dieu, comme on disait. Où on chantait le voici l’Agneau si doux, le vrai pain des anges… et pour nous, les hommes. Le pain des forts.
Dernier repas du Seigneur pris avec ses disciples avant de se livrer librement par amour pour l’humanité toute entière. Dernier repas où il se donne lui-même en nourriture : “Ceci est mon corps, ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude”.
Le sang de la Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes. “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui”. (Jn 6,57).
Merci, Seigneur pour ce sacrement de l’Eucharistie.
“Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais, dis une parole et je serai guéri”.