Homélie du 18ème dimanche (B)
Abbé Jean Compazieu | 30 juillet 2018
Le Pain de vie
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La première lecture nous parle de la situation dramatique des Hébreux tenaillés par la faim. Ils viennent d’être libérés de l’esclavage d’Égypte. Sous la conduite de Moïse, ils se sont mis en route vers la Terre promise. Mais dans le désert qu’ils doivent traverser, il n’y a pas d’eau et pas de nourriture. Le ton s’est mis à monter. Les Hébreux se sont mis à récriminer contre Moïse et Aaron. Ils en sont venus à regretter les marmites et le pain qu’ils avaient en abondance en Égypte. Pour eux, venir mourir dans ce désert, ça n’a pas de sens.
Ces récriminations, Dieu les entend. Il n’abandonne pas son peuple. Il lui donne la manne et les cailles pour le nourrir. Traverser le désert c’est croiser le manque et le doute. C’est se découvrir pauvre, limité et mortel. Mais même dans les situations les plus difficiles, Dieu ne nous abandonne pas. Ce récit de l’Exode nous recommande d’être assez confiants pour accueillir chaque jour le don de Dieu en rendant grâce.
L’Évangile de ce dimanche nous parle également de nourriture. Il fait suite au récit de la multiplication des pains que nous avons lu dimanche dernier. Jésus vient de nourrir une foule affamée. Pour ces pauvres gens, c’est quelque chose d’extraordinaire. Alors, ils pensent avoir trouvé celui qui pourrait devenir leur roi et répondre à tous leurs besoins. Mais Jésus ne l’entend pas ainsi. Ce n’est pas sa mission ; il a beaucoup mieux à leur proposer. C’est également important pour nous aujourd’hui. Nos prières ne doivent pas se limiter à de simples demandes matérielles. Ce que le Seigneur veut nous proposer est bien plus important.
Face à ces malentendus, Jésus choisit de passer vers “l’autre rive”. On peut dire qu’il quitte la rive des seules nourritures terrestres ; il se rend vers celle des nourritures spirituelles. Bien sûr, il ne va pas mépriser les biens de la terre. N’oublions pas qu’il vient de nourrir une foule affamée. Mais il voudrait bien qu’on aille au-delà de ce seul désir. Passer sur “l’autre rive”, c’est renoncer à la facilité ; c’est se mettre sur le chemin que Dieu nous montre. C’est pour cette raison que Jésus choisit de se retirer loin de la foule. Son intention est de rejoindre le Père dans le silence et la prière.
Les foules sont également passées vers l’autre rive. Elles y ont trouvé Jésus, mais il y a un grave malentendu. Tous ces gens ne pensent qu’à la nourriture corporelle. C’est alors que Jésus leur recommande de travailler “pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle”. Il leur annonce un pain “venu du ciel”.
Cette distinction entre la nourriture matérielle et la nourriture spirituelle était bien connue dans la religion juive. Tous avaient en mémoire cette parole du Deutéronome : “L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” (Dt 8, 3). Ils comprennent quand Jésus leur demande de travailler pour la nourriture “qui se garde jusque dans la vie éternelle”. Ils comprennent tellement bien qu’ils en viennent à lui demander : “Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?”
Mais tout se complique quand Jésus leur donne sa réponse : “Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la Vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu a marqué de son empreinte”. C’est ainsi que Jésus se désigne comme le Messie, l’Envoyé de Dieu, celui en qui il faut croire ; et cela, ses auditeurs ne l’acceptent pas. Rendons-nous compte, Jésus se présente comme le pain du ciel, celui qui donne la vie. Cette nourriture est largement offerte à tous. C’est ce cadeau de Dieu que nous accueillons à chaque messe.
Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul insiste sur l’importance de cet aliment spirituel. “Il transforme nos corps mortels en corps spirituels destinés à une vie sans fin”. Nous sommes invités à y adhérer en adoptant une conduite digne du Seigneur. Jésus n’est pas descendu du ciel pour nous donner quelque chose mais pour se donner. Il s’est livré pour nous et pour le monde entier. Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cet amour qui est en Dieu et le communiquer à tous ceux et celles qui nous entourent.
En ce jour, nous venons vers toi Seigneur. Toi seul peux nous guider sur le chemin de la vraie conversion. Garde-nous fidèles à tes paroles car elles sont celles de la Vie éternelle. Amen
Sources : Revue Feu Nouveau ; l’intelligence des Ecritures (MN Thaabut) – La Parole de Dieu pour chaque jour (V. Paglia) ; Pensées sur l’Évangile de Marc (C. Schonborn) ; Homélies pour l’année B (Amédée BRUNOT) ; dossiers personnels…
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