Fête de la Sainte Famille
Abbé Jean Compazieu | 20 décembre 2009Textes bibliques : Lire
La nuit et le jour de Noël, les chrétiens du monde entier se sont rassemblés dans les églises pour fêter dans la joie la naissance du Christ sauveur et sa venue dans notre monde. En ce jour, notre regard se porte vers la sainte Famille de Nazareth, Jésus, Marie et Joseph. La scène qui nous est rapportée dans l’évangile de ce dimanche est le dernier épisode que nous connaissons de l’enfance de Jésus. A 12 ou 13 ans, les enfants juifs font leur entrée officielle dans la communauté. Ils ont accès à la connaissance de la loi. Il semble bien que Jésus n’avait pas attendu ce moment pour être familier des Ecritures : “Assis au milieu des docteurs de la loi, il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.”
Nous comprenons l’inquiétude et même l’angoisse de Marie et Joseph. Il aurait dû être sur le chemin du retour parmi les parents et les connaissances. Ne le trouvant pas, Iis imaginent le pire. L’enfant a pu être enlevé. Pendant trois jours, ils reviennent sur leur chemin, toujours à sa recherche. En fait, il s’est attardé au temple de Jérusalem. Pour lui, ce n’est pas un caprice d’enfant mais une décision mûrement réfléchie. Il veut montrer à Marie et Joseph que dans le temple, il est chez lui. Avant d’être le fils de Marie, il est le Fils de Dieu. Nous l’avons entendu dans l’évangile de ce jour : “Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être.” Pour lui, c’est la priorité absolue et il s’y tiendra fidèle tout au long de sa vie.
Ce premier pèlerinage pascal a quelque chose de prémonitoire. Il nous fait penser à celui de la dernière Pâque, celui de la Passion. Jésus sera perdu pour les siens pendant les trois jours du tombeau. Les femmes, venues embaumer son corps, seront folles d’angoisse face à la disparition de celui-ci. Ce jour-là, elles entendront une parole qui rejoindra celle de Jésus à Marie et Joseph : “Pourquoi cherchez vous le vivant parmi les morts ?” (Lc 24. 5). Jésus ressuscité n’est plus dans sa maison familiale ni au temple de Jérusalem. Il est chez son Père. Tout l’évangile vient nous dire que Jésus est passionné d’amour pour son Père. C’est cet amour qu’il commence à nous révéler aujourd’hui.
Il ne faut pas oublier le caractère profondément humain de cette fête de la Sainte Famille. Celle-ci nous est présentée comme un modèle d’amour et de solidarité. Marie et Joseph sont ensemble dans leur recherche de Jésus. On ne trouve chez eux aucune parole du genre : “Tu aurais pu faire plus attention…” Et quand Marie s’adresse à Jésus, elle dit “Nous” : “Vois comme nous avons souffert…” Or que se passe-t-il dans nos familles ? Quand il y a un problème avec un enfant, on se fait des reproches : Les parents disent “ton fils”, “ta fille” au lieu de “notre enfant”. Ce n’est pas une bonne manière de gérer la crise : Les enfants et les jeunes ont besoin de parents unis et solidaires. Aimer, c’est affronter ensemble les problèmes de la vie, c’est se soutenir mutuellement. C’est à ce prix que l’enfant trouvera sa place dans sa famille humaine et pourra s’y épanouir.
Mais dans cet évangile, il y a un autre message de la plus haute importance. Au jour de notre baptême, nous avons été accueillis dans la communauté chrétienne, nous sommes entrés dans la grande Famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Désormais, nous faisons partie de la Sainte Famille de Dieu. Et l’Évangile de ce dimanche nous rappelle que c’est chez notre Père que nous devons être. C’est le grand objectif de notre vie et il doit passer avant toute autre considération terre à terre. Aujourd’hui, nous sommes renvoyés à la place que nous donnons à Dieu dans notre vie. Il faut bien le reconnaître : il est souvent le grand oublié ; le sport, le repas de famille, les loisirs et bien d’autres choses passent avant lui. En ce jour, nous nous laissons interpeller par cette parole du Christ : “C’est chez mon Père que je dois être.”
C’est en pensant à toutes nos limites et à toutes nos faiblesses que nous nous tournons aujourd’hui vers le Christ. Pour construire une vie qui résiste aux épreuves de la vie, nous avons besoin de nous appuyer sur du solide. Si nous le voulons bien, le Christ sera ce fondement sur lequel nous pourrons nous appuyer pour résister aux tempêtes de la vie. Il veut toujours être notre chemin, notre vérité et notre vie. Son grand projet c’est de nous conduire chez son Père et notre Père. Alors oui, tournons-nous vers lui et demandons-lui qu’il nous aide à travers les difficultés, les doutes et les épreuves de cette vie à grandir dans la foi.
Seigneur Jésus, tu es venu nous révéler le visage de ton Père. Comme Marie, donne-nous de garder ces événements dans notre cœur. Que ta Parole nous habite et fasse vivre chacune de nos familles. Conduis-nous sur le chemin que tu es venu nous montrer et garde-nous fidèles à ton amour.
D’après diverses sources
Un enfant qui fugue: l’incident est somme toute assez courant. Mais..pour aller au catéchisme: ça, c’est exceptionnel !
Que l”’épisode du “recouvrement au temple ” se passe lors de la fête de la Pâque, que sa famille cherche Jésus disparu …puis le retrouve…et précisément le 3e jour…: voilà qui nous met immédiatement sur la piste. Il s’agit d’autre chose que d’un fait-divers.
Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume.
A la première lune de printemps, tout le peuple monte en pèlerinage à Jérusalem pour y célébrer “pessah” (pâque) où l’on commémore l’exode.. Comme dans l’épisode précédent de la présentation du nouveau-né au temple, Luc a soin de noter que ses parents sont de fidèles observants de la Loi. Est-ce à cette occasion que Jésus aurait fait sa “bar-mitsvah”, c.à.d. la démarche rituelle qui marquait l’entrée d’un garçon dans sa majorité religieuse ? On ignore si cette cérémonie existait déjà à cette époque. Mais si Joseph, Marie et Jésus ont certainement accompli tous les rites de la fête avec le repas de l’agneau immolé par les prêtres au temple, Luc ne les mentionne pas !
Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
A la clôture des festivités, des caravanes s’organisent vers toutes les directions: c’est une foule joyeuse et mêlée qui s’en repart vers la Galilée. Les parents ne s’étonnent pas de l’absence de leur fils: il doit être avec des oncles, des cousins, des amis. Mais le lendemain, il n’est pas encore revenu !?.. Où est Jésus ? : question de toujours !
Ne le trouvant pas, ils reviennent à Jérusalem en continuant à le chercher. C’est au bout de 3 jours qu’ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs de la Loi: il les écoutait et leur posait des questions; tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
Jésus a fait une fugue. Parce qu’il est passionné par les Ecritures et qu’il a découvert de grands maîtres appliqués à l’étude et au commentaire. En effet, dans l’immense édifice du temple, à côté du lieu central du culte ( l’autel avec les sacrifices d’animaux et les grandes processions ), se trouvait notamment une synagogue et des salles d’étude où les rabbins étudiaient la Torah, célébraient le culte de la Parole avec lectures et psaumes et où ils vérifiaient les connaissances des jeunes pèlerins pour savoir si l’instruction était bien donnée dans les villages du pays.
Les peintres ont plusieurs fois représenté cette scène de “Jésus parmi les docteurs “: ils se plaisent à montrer Jésus en position surélevée, le doigt dressé et semblant faire la leçon aux rabbins. Luc ne dit pas cela: il note que Jésus écoute les sages qui discutent et il les questionne. Eux aussi l’interrogent et ils sont admiratifs devant le niveau de ses connaissances. Ce petit Galiléen pauvre, issu d’une famille modeste, est vraiment très intelligent !
Voilà donc la première attitude de Jésus dans l’évangile de Luc: un garçon avide d’apprendre les Ecritures saintes.
En le voyant, ses parents furent stupéfaits et sa mère lui dit: ” Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi !”
Il leur dit: ” Comment se fait-il que vous m’avez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être”.
Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth et il leur était soumis.
C’est la 1ère parole de Jésus ! Les expressions et le vocabulaire nous aident à comprendre la portée de la scène qui s’éclaire à la lumière de la fin de l’Evangile. En effet que va-t-il se passer quelques années plus tard ?
Jésus, après un premier temps de mission, au travers de sa Galilée, monte à Jérusalem. Précisément en ce même temps de Pâque. Il proclame que ce temple est la Maison de son Père et que celui-ci ne demande pas des sacrifices d’animaux mais que l’on écoute sa Parole et que l’on observe ses volontés.
C’est pourquoi Luc ne montrera jamais Jésus participant au culte officiel du temple et chantant des cantiques: il souligne sans répit qu’IL PARLE, IL ENSEIGNE ! Car il est trop facile d’accomplir des rites, de s’acquitter devant Dieu par un petit sacrifice. Comme tous les prophètes, Jésus bouscule ce ritualisme vide, ces cérémonies hypocrites que l’on tente de substituer au changement de vie.
Mais naturellement, comme les prophètes et comme Jean-Baptiste avant lui, du coup il est refusé et honni. Plus il exige d’appliquer toute la Loi, et plus les prêtres et les pharisiens attachés au rituel lui en veulent.
Leur haine s’exaspère et ils en viennent à faire exécuter ce trouble-fête.
Jésus, l’élève surdoué, va expirer sur la croix d’ignominie. Et quels sont ses dernier mots ?
Marc et Matthieu lui font citer le cri de déréliction du psaume 22 (“Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”); Luc préfère le soupir de confiance du psaume 31 qu’il fait précéder par l’invocation filiale: ” Père, entre tes mains, je remets mon esprit”.
De sorte que tout l’Evangile est encadré par la première et l’ultime parole de Jésus. L’enfant instruit par la Torah était à la recherche de Dieu: ” Je dois être chez mon Père”. C’est pour le connaître mieux qu’il avait désobéi à ses parents, qu’il interrogeait les maîtres. C’est pour le faire connaître à son peuple qu’il a prêché. Il a échoué à transformer le temple de Jérusalem en maison de son Père mais au moment de mourir, il sait que son désir d’adolescent va se réaliser : enfin IL EST CHEZ SON PERE !!!
.
Pour sa mère et ses disciples, la détresse est totale: ils ont perdu le fils, Maître disparu.
Ils le cherchent en vain dans la mort et au tombeau….
Mais, “le 3e jour”, ils le retrouvent, Fils vivant , Seigneur glorifié à jamais.
Alors il leur communique son Esprit filial et ils deviennent maison du Père, Eglise faite de pierres vivantes, communauté où l’on n’offre plus de sacrifices mais où simplement l’on célèbre la vraie Pâque, le culte en esprit et vérité (Jn 4) en disant ensemble: ” NOTRE PERE QUI ES AUX CIEUX”.
La scène du recouvrement est un texte pascal: perte / retrouvailles … mort / vie …
Pour le moment, l’heure n’est pas encore venue: Jésus retourne avec ses parents à Nazareth.
Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth et il leur était soumis.
Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements……
Le thème de l’incompréhension court dans tous les évangiles: le nez sur l’événement, nous n’en comprenons pas le sens profond. Nous lisons l’évangile, nous écoutons l’homélie et nous restons balourds, aveugles. Il faut du temps, de l’expérience, de la mémoire pour que peu à peu nous percevions à quelle profondeur se joue notre existence.
Marie, la mère, nous apprend la juste attitude. Pour la seconde fois, Luc note: “Elle garde dans son cœur tous ces événements”. Elle est devenue la mère de cet enfant exceptionnel mais elle ne comprend pas les péripéties du chemin qu’il lui fait parcourir. Son accouchement à Bethléem, la venue des petit bergers, la prophétie du vieil homme sur l’esplanade qui a lui a prédit le coup de poignard et, à présent, cette fugue : que veut donc Dieu ? Dans quelle aventure suis-je lancée ? Il faudra une autre Pâque, avec la croix et le “recouvrement” de Jésus dans les Apparitions pour que tout s’éclaire merveilleusement.
En attendant, la vie ordinaire va reprendre au village où rien ne distingue cet enfant unique d’un artisan. Près de 20 années vont s’écouler dans l’ordinaire des jours. Jusqu’au moment où Dieu appellera par la voix de Jean le Baptiste.
* * * * * * * *
Les parents doivent apprendre que s’ils ont eu un enfant, ils ne le possèdent pas. Grand est leur désarroi de voir que leur enfant leur échappe. Or il le doit pour découvrir et suivre sa vocation personnelle. Osent-ils consentir à sa liberté ? Il y a un terrible risque de dérapage…mais nécessaire pour s’accomplir en vérité. Acceptons-nous que notre jeune cherche un engagement dans l’Eglise ?…
De même on ne possède pas Dieu: le croyant, rongé par des doutes, passe par des moments difficiles. Au temps des joyeuses certitudes succèdent les nuits du doute: lassitude, impression d’un Dieu perdu, perte du goût de la prière, eucharisties lassantes.
Réapprendre que si le Christ est venu chez nous, c’est afin de nous conduire chez Lui. Et pour cela, il faut la Croix !…
Le rituel du culte ne doit pas étouffer la proclamation et l’étude de la Parole de Dieu. Les Ecritures sont notre “Maison” où chacun cherche sa vocation, où ensemble nous échangeons pour comprendre la Volonté de Dieu. Cherchons-nous à mieux connaître Dieu ? Arriver en retard à la Messe, ne pas écouter l’enseignement, c’est manifester un bien grand dédain de ce que Dieu dit !
Pour Jésus, la maison de ses parents était sa “résidence secondaire car sa véritable demeure était celle de son vrai Père.
Il a été déçu par le temple où les hommes du culte scrutaient les Ecritures mais ne les pratiquaient pas. Il a tenté de purifier cette demeure et il en a été exclu. Mais, confiant et miséricordieux, il est entré par la mort dans sa Maison définitive. Il nous attend là-haut.
Il semble perdu pour nous: nous avons à le chercher avec zèle.
Au seuil de cette nouvelle année, mon souhait est que vous vous appliquiez toujours davantage à comprendre les Ecritures.
Ne vous contentez pas d’une lecture rapide des commentaires. Reprenez-les plusieurs fois pendant la semaine. Procédez à votre propre recherche. Confrontez votre point de vue au mien. Et surtout que la réflexion débouche dans la prière.
R. D
Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la
coutume de la fête. Mais au terme de leur séjour, lorsqu’ils s’en
retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem, à l’insu de ses parents. ”
Il y a quelques jours à peine, nous fêtions la Naissance du Sauveur, le
Seigneur Jésus Christ. Aujourd’hui, dimanche dans l’Octave de la
Nativité, l’Église nous invite à honorer ensemble les trois personnes qui
composent la Sainte Famille : Jésus, Marie, et Joseph. La naissance du
Sauveur du monde est un réel mystère, celui de l’Enfant-Dieu, conçu du
Saint-Esprit, né d’une Vierge : Marie. Nul doute que, dès lors, la
Sainte Famille ne soit pas une famille comme les autres, mais bien un
mystère elle aussi. D’ailleurs, toute famille n’est-elle pas elle-même
un mystère ? L’union de deux individus, un homme et une femme, en vue de
la génération des enfants dans l’amour, tout cela n’est-il pas un
mystère ?
Tout homme, toute femme, quels qu’ils soient, sont des individus : chacun
a en lui quelque chose qui lui est propre et qui lui est impossible de
communiquer à qui que ce soit, sinon à Dieu, Créateur de toutes choses.
Par conséquent, toute union entre deux individus, ici un homme et une
femme, ne pourra exister réellement que si quelque chose de mystérieux
vient s’y glisser, comme un solvant, ou un catalyseur favorisant l’union
entre l’homme et la femme. Ce quelque chose de mystérieux, c’est déjà
l’enfant qu’ils ont l’intention de procréer ensemble, cet enfant dont
Dieu lui-même, un jour, créera l’âme façonnée à son image et à sa
ressemblance.
Ce quelque chose de mystérieux lié à l’enfant est, de soi, un élément
spirituel, invisible, indécelable… Mais, un beau jour, ce qui est
spirituel prend corps et se manifeste, car l’enfant n’est pas un pur
esprit : il est, comme le père et la mère, doté aussi bien d’une âme que
d’un corps. Alors, le mystère commence à se dévoiler, un peu, de temps à
autres… Plus la famille est unie dans l’amour et dans la grâce de
Dieu, plus le mystère va étonner en se dévoilant, car il sera plus grand,
plus profond, plus magnifique ! Quand il s’agit de la Sainte Famille, il
ne fait pas de doute que le mystère sera le plus grand qui sera jamais.
Mais alors, il ne faudra pas s’étonner si une explication quelconque,
humainement compréhensible, ne pourra être donnée. Ce fut le cas lorsque
Jésus resta seul à Jérusalem : “L’enfant Jésus resta à Jérusalem, à
l’insu de ses parents.”
” Le croyant dans la caravane, ils firent une étape, et se mirent à le
chercher parmi leurs parents et connaissances ; mais ne l’ayant pas
trouvé, ils retournèrent à Jérusalem à sa recherche. Au bout de trois
jours, ils le retrouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs,
les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient
s’étonnaient de la sagesse de ses réponses. ”
Trois jours ! Joseph et Marie ont cherché Jésus pendant trois jours ! Ce
furent trois jours interminables, passés pratiquement sans rien manger et
sans trop pouvoir dormir… Quels sont les parents qui auraient passé
ces trois jours dans d’autres conditions ? Vraiment, ce furent les trois
jours les plus pénibles de la Sainte Famille : ce fut une véritable
épreuve pour Joseph et pour Marie, bien sûr, mais aussi pour Jésus
lui-même, qui savait très bien tout ce que ses parents étaient en train
d’endurer… Ces trois jours font penser à trois autres jours : ceux qui
s’écoulèrent, selon le calcul des Juifs, entre la Mort et la Résurrection
du Seigneur, trois jours d’épreuves encore… pour Marie.
” A sa vue, ils furent saisis d’émotion, et sa mère lui dit : «Mon enfant,
pourquoi nous as-tu fais cela ? Ton père et moi nous étions à ta
recherche, tout angoissés.» Il leur dit : «Pourquoi me cherchiez-vous ?
Ne saviez-vous pas qu’il me faut être à la disposition de mon Père ?»
Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur avait dite. ”
Une fois l’Enfant-Jésus retrouvé dans le Temple, avec les docteurs, Marie
ne peut s’empêcher de lui faire un reproche : “Mon enfant, pourquoi nous
as-tu fais cela ? Ton père et moi nous étions à ta recherche, tout
angoissés.” C’est chose normale. N’importe quels parents, même
puissamment aidés par la grâce de Dieu, comme l’étaient Joseph et Marie,
auraient agi de même en retrouvant le fils qui les avait un temps
quittés. Mais, quoique Joseph et Marie aient questionné leur enfant avec
la plus grande douceur, ce qui est très méritoire, vu les circonstances,
tout cela ne servit à rien : ils ne comprirent pas la réponse que leur
donna Jésus : “Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur avait
dite.”
Il s’agit pourtant là de la plus sainte des familles : Jésus, Marie, et
Joseph. Mais rien n’y fait : les parents sont incapables de comprendre
totalement leur enfant ! Le mystère demeure ! Pourquoi ? Tout
simplement parce qu’il y a dans toute famille une image de la Très Sainte
Trinité : que ce soient un père et une mère ayant un ou plusieurs enfants
(ou ayant simplement l’intention d’en avoir), toutes ces personnes sont
appelées à réaliser entre elles, sur terre, ce que le Père, le Fils et le
Saint-Esprit vivent dans le ciel de toute éternité…
” Puis il descendit avec eux et regagna Nazareth. Il leur était soumis ;
et sa mère conservait tous ces souvenirs dans son coeur. Et Jésus
grandissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les
hommes. ”
Voilà une aventure qui se termine bien ! Mais quelle richesse
d’enseignement pour tout le monde ! D’abord pour Marie : “Sa mère
conservait tous ces souvenirs dans son coeur.” Ensuite pour Joseph.
Celui-ci n’en dit rien : l’évangéliste ne nous rapporte pas ce qu’il
aurait pu dire. Mais il comprit fort bien que tout cela était d’abord
pour lui. Car Joseph devait mourir avant que Jésus ne commence sa vie
publique, et cet événement de Jésus, en pleine possession de sa raison et
de son intelligence, fut le seul qui fut donné à Joseph de vivre ici-bas,
dans l’attente de la rédemption promise…
Que le mystère de la Sainte Famille devienne aussi, un peu, notre
partage ! Demandons cette faveur et cette grâce au cours de
l’Eucharistie de ce jour : que par Marie, nous méritions de vivre un jour
ce que Joseph a contemplé une fois dans sa vie !
Chanoine Dr. Daniel Meynen
http://meynen.homily-service.net/