Homélie du 6ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 9 février 2020“Un cœur pur…”
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent d’un Dieu qui a vu la misère de son peuple. Cette misère c’est celle qui vient du péché, de l’égoïsme et des divisions. Le grand projet de Dieu c’est de nous en libérer. Toute la Bible nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
Pour accomplir cette œuvre de salut, il nous propose plusieurs étapes. Dans un premier temps, il nous donne des règles, des commandements qui nous aideront à vivre en harmonie. Quand on vit en société, il est important de se respecter les uns les autres. On ne peut pas faire n’importe quoi. La première lecture nous dit que nous avons à choisir : d’un côté, la vie qui résulte de l’observation des commandements ; de l’autre, la mort qui est la sanction de l’orgueil. Le Seigneur veut nous libérer de tout ce qui détruit notre vie. Il nous invite à accueillir ses paroles qui sont celles “de la vie éternelle”.
Dans la seconde lecture, saint Paul s’adresse à des chrétiens venus du monde païen. Ils ont accueilli le message de l’Évangile. Mais aujourd’hui, il les invite à vraiment faire “le choix de Dieu”. Pour nous en parler, il n’utilise pas la prétendue “sagesse de ceux qui dirigent le monde”, ceux-là même qui ont commis l’infâme injustice de crucifier “le Seigneur de gloire”. “Ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu”. C’est dans cette sagesse de Dieu que nous trouvons la vraie vie. L’Esprit Saint fait de nous des adultes dans la foi. Il nous aide à aller à contre-courant de la mentalité du monde et à vraiment entrer dans le projet de Dieu.
Dans l’Évangile, Jésus revient sur la loi qui a été transmise par Dieu aux anciens. C’était un minimum indispensable à la vie en société : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas tromper… Pour Jésus, il est hors de question de supprimer ces acquis ; bien au contraire, il invite ses disciples et chacun de nous à aller encore plus loin. C’est comme dans une famille, la pratique scrupuleuse d’un règlement interne ne suffit pas à la rendre heureuse : il lui faut de la solidarité, de l’accueil, du partage et surtout de l’amour.
Pour se faire comprendre, Jésus entre dans le concret de la vie des gens : “Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre… Eh bien, moi je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal”. Jésus nous rappelle ainsi que des paroles peuvent tuer : les calomnies, le harcèlement, les propos racistes sont un poison qui cause des dégâts importants. De même les médisances qui tuent la renommée des personnes. Aujourd’hui, Jésus nous propose la perfection de l’amour. Si nous refusons de faire la paix avec notre prochain, nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu. Avant de manifester notre dévotion dans la prière, nous sommes invités à nous réconcilier avec lui.
Ce que Jésus attend de nous, c’est une vie remplie d’amour : “Soyez parfaits comme votre Père est parfait”. C’est ce que Jésus a vécu jusqu’au bout : il a pardonné à Zachée ; il n’a pas jeté la pierre à la femme adultère, mais il lui a donné la force de poursuivre sa route ; il a pardonné à Pierre qui venait de le renier. De nombreuses paraboles nous disent encore ce qu’est le véritable amour : nous connaissons celle de la brebis perdue et celle du fils prodigue. C’est cet amour qui doit transparaître dans nos vies.
Voilà ce chemin de conversion que Jésus nous propose. Le pape François nous dit qu’on ne doit pas louer Dieu avec la même langue qui insulte notre frère. Cela ne se fait pas. Si nous voulons louer Dieu, nous devons tout faire pour nous mettre d’accord entre nous. Nous demandons au Seigneur qu’il nous aide à sortir de nos rancunes et de notre rigidité. Nous ne pouvons pas vivre en enfants de Dieu sans vivre ensemble comme des frères. Ce qui fera la valeur de notre vie c’est la qualité de notre amour pour tous ceux et celles qui nous entourent. C’est à cela que nous serons jugés.
En lisant cet Évangile, nous reconnaissons que nous sommes tous plus ou moins coupables. Or pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut avoir un cœur parfaitement pur. Rien d’impur ne peut vivre en présence de Dieu. Nous ne pouvons pas parvenir à cette pureté avec nos pauvres moyens humains. Mais avec Dieu, tout est possible : Nous sommes invités à nous ouvrir à lui en priant souvent, en aimant beaucoup, en recevant le sacrement du pardon et en participant à l’Eucharistie. Si nous nous engageons sur ce chemin de conversion, Dieu nous purifiera ; alors nous serons ces cœurs purs qui voient Dieu. Dieu sera en nous et nous en lui.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches dominicales, Cahier Prions en Église, Parole pour chaque jour – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes (JP. Bagot) – Pape François – dossiers personnels
« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. »
Cette apostrophe de Jésus met en évidence la contradiction chez les scribes et les pharisiens entre leur mise en pratique scrupuleuse de la Loi jusque dans les moindres détails et leur négligence à établir des relations fructueuses avec leurs semblables. Jésus condamne cette observance rituelle étalée au regard des autres qui étouffent en eux le dynamisme du don de soi. Il exhorte tous ceux qui veulent l’entendre à la ‘surpasser’, à aller au-delà du rite pour intérioriser l’esprit. Il insiste sur l’espace que devrait dégager la Loi pour faire place à l’Amour. Le chemin menant à Dieu passe d’abord par la Paix avec notre prochain.
« Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » Saint Jean souligne : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4:20)
Avant d’être des consignes, la loi divine nous indique une direction à suivre. Elle n’est pas un carcan qui nous enferme mais un guide pour nous orienter dans notre démarche vers Dieu. Il faut ‘surpasser’ le cadre des règlements pour ouvrir largement notre cœur à l’amour et à la générosité. Ne soyons pas uniquement un chrétien du dimanche qui observe cette belle pratique religieuse. Guidés par une piété profonde et sincère, associons avec justesse la démarche religieuse à notre comportement dans la vie sociale, car la stricte conformité aux rituels n’exprime pas une véritable expression de la foi chrétienne dans la vie quotidienne. ‘La qualité de notre vie chrétienne se mesure à notre capacité à aimer’ nous dit le pape François. Notre aptitude à nouer une relation harmonieuse avec ceux qui nous entourent témoigne de notre attachement à Dieu. Où en sommes-nous dans l’expression de notre foi, en esprit et en vérité ? Se traduit-elle dans nos activités de tous les jours ?
Jésus nous invite à réajuster notre conduite : « Vous avez appris que… Eh bien moi, je vous dis… » La foi émane du cœur et s’exprime dans des registres spécifiques de notre vie quotidienne. Pour saint Jacques, la foi chrétienne doit se traduire en actions concrètes : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : ‘Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim !’ sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2:14-17) Une foi authentique nous fait sortir de nos sécurités pour aller vers l’autre. Ce qui est prioritaire, en toute circonstance, c’est un juste comportement dans l’amour et le partage.
« Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense. Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur. » (Ps 118)
Nguyễn Thế Cường
Merci à tous les deux pour vos paroles auxquelles j’adhère à 100%.
Merci à tous les deux pour vos paroles auxquelles j’adhère à cent pour cent.
“Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi…”
Si ton téléphone portable t’entraine à la chute, s’il t’empêche de voir celui qui est près de toi… jette-le loin de toi…
Chers frères et sœurs bien-aimés dans le Christ, vous pouvez le constater chaque jour, le monde actuel est rempli de malveillance, de méchanceté et l’on a bien du mal à repérer les merveilles que fait pour nous le Seigneur. Il nous suffit de lire ce qui vient d’être fait à un candidat à une élection importante, pour laisser entrevoir ce qui risque d’arriver maintenant. La boîte de Pandore est ouverte et qui sait ce que l’homme est en capacité d’inventer pour nuire à son prochain. Pour se convaincre de l’importance d’un tel acte, il suffit de lire ou d’écouter les réactions des opposants. Un front solidaire est créé car il devient impératif de réagir solidairement, chacun étant, par nature, vulnérable.
Pourquoi est-ce que j’ouvre cet enseignement sur un constat d’actualité ? Je le fais car l’Evangile est d’actualité. C’est un premier point que je développe : La Parole de Dieu est vivante aujourd’hui comme elle l’était hier. Parce que les textes laissent penser, au premier abord, que le Seigneur est dur dans ses paroles il faut chercher dans ceux-ci ce qui est bon pour chacun de nous, car c’est la vérité.
Pour comprendre les textes, il faut entrer dedans, et pas seul. C’est pourquoi nos évêques nous invitent à faire une lecture continue et collégiale des Saintes Ecritures. Seul on ne peut comprendre. Nous sommes comme l’Ethiopien dans les actes des apôtres qui lit Isaïe et qui ne comprends rien. « Comprends tu ce que tu lis ? dit le diacre Philippe et l’Eunuque de répondre « Comment vais-je comprendre sans personne pour me guider. » (Ac 8,30). C’est la fonction de l’homélie, de guider le chrétien à entendre ce que Dieu attend de lui.
Pour comprendre il faut connaître l’ensemble des écritures. On lit et le Seigneur nous donnera l’intelligence des écritures. Telle doit être notre confiance. St Augustin commentant le texte lu aujourd’hui écrivait : « Inspirateur et auteur des livres de l’un et l’autre Testament, Dieu les a en effet disposés avec sagesse de telle sorte que le Nouveau soit caché dans l’Ancien, et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé. »
Si des personnes ayant des pensées humaines espèrent que Jésus est venu abolir, c’est-à-dire délier, ce qui a été dit, ils sont dans l’erreur. Le Seigneur est venu accomplir, c’est-à-dire remplir, donner sa totalité. Il est venu transformer le joug pour le rendre léger. Le joug, c’est important de le savoir, c’est la pièce de bois que l’on met sur les épaules des bêtes de somme pour les aider à avancer ensemble et droit.
Avec le Seigneur, tout ce qui a été révélé par les prophètes et les anciens, reste d’actualité.
Ceci m’amène au second point, l’accomplissement des écritures.
La Parole ne prend sens qu’au moment où Jésus sur la croix avalant le vinaigre dit « Tous est accompli. » C’est par la mort de l’un des nôtres, celui qui s’est fait homme, qui est venu habiter parmi nous, que se manifeste l’Amour de Dieu dans sa plénitude. A partir de ce moment, l’Amour de Dieu va éclairer les écritures d’une manière nouvelle pour comprendre le sens. C’est l’inspiration des disciples d’Emmaüs qui après avoir reçu l’enseignement de Jésus s’écrient : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous quand il nous parlait sur le chemin et nous expliquait les écritures ? » (Lc 24,32)
Il nous faut écouter les Saintes Ecritures pour pratiquer la miséricorde divine. Et il faut aller jusqu’au bout, comme le Christ l’a fait. Il ne faut pas rester à la lettre, sinon nous ne valons pas mieux que les scribes ou les pharisiens. Il faut nous ajuster à l’Amour qui déborde de Dieu. Notre justice doit être miséricordieuse. Nous devons nous abandonner à Dieu pour qu’il nous enseigne le droit chemin et par ce biais reconnaître notre imperfection, et nous devons accorder à ceux que nous côtoyons, cette même justice miséricordieuse. Il nous faut dépasser, surpasser ce que nous ont dit les prophètes pour aller plus loin.
Dieu a donné ses instructions « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique. » Il veut notre bonheur. Laissons-lui la place nécessaire dans notre cœur pour qu’il fasse son œuvre et que nous puissions nous ajuster à son Amour immense. Ecoutons la voix du Seigneur, ouvrons l’oreille de nos cœurs.