Homélie du 18ème dimanche du Temps ordinaire 1er août 2021
Abbé Jean Compazieu | 25 juillet 2021Rassemblés autour de Jésus,
il satisfait notre faim
Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à savoir reconnaître le don de Dieu. Ce don est un cadeau gratuit qu’il nous fait pour nous manifester son amour infini. Le problème c’est quand le receveur ne voit pas le signe de cet amour ; il ne voit que le côté matériel de ce cadeau. Les textes de ce jour voudraient nous aider à changer notre regard ; le plus important c’est de reconnaître et d’accueillir les signes de l’amour de Dieu pour nous et pour le monde entier.
C’est ce cheminement que nous trouvons dans la 1ère lecture : la vie des Hébreux dans le désert n’est pas facile : ils sont tenaillés par le manque de nourriture ; le ton s’est mis à monter : ils ont récriminé contre Moïse et Aaron ; ils rêvent de retourner « au pays d’Égypte » pour y retrouver leur ration d’esclave. Pour eux, venir mourir dans le désert, ça n’a pas de sens.
Ces récriminations, Dieu les entend : il leur donne cette nourriture spéciale appelée « manne » ; mais ce don qu’il leur fait est aussi une épreuve, un test pour éprouver leur foi : il leur interdit de faire des réserves ; ils sont invités à mettre une limite à la convoitise et à la peur du manque ; ils doivent surtout avoir foi dans le Seigneur qui leur a promis une ration suffisante tous les jours. Nous, chrétiens, nous croyons qu’aujourd’hui encore, Dieu nous donne tout ce dont nous avons besoin ; les richesses matérielles ne sont pas un mal ; mais elles ne doivent pas nous détourner de Dieu qui a bien mieux à nous offrir.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus qui vient de nourrir une foule affamée ; pour ces pauvres gens, c’est quelque chose d’extraordinaire : ils viennent à lui pour qu’il réponde à leurs besoins matériels. Mais Jésus ne veut pas être pris pour un « super boulanger » ; ce n’est pas sa mission : il a bien mieux à leur proposer. C’est également vrai pour nous aujourd’hui. Nos prières ne doivent pas se limiter à de simples demandes matérielles : ce que le Seigneur veut nous donner est bien plus important.
La grande priorité ce n’est pas les biens que nous possédons ni ceux que nous voulons posséder. Jésus voit tous ces gens qui travaillent dur pour leur nourriture corporelle. Or c’est “une nourriture périssable pour une vie périssable”. Aujourd’hui, il voudrait leur révéler une autre nourriture, un pain “venu du ciel” pour la Vie Éternelle.
L’Évangile nous introduit à cet autre pain. Il nous parle du “vrai pain”, “le pain de Dieu”, “le pain de vie”, “le pain venu du ciel”. Ce n’est pas comme la manne que les anciens ont mangée dans le désert au temps de Moïse. Le seul vrai pain, c’est Jésus. Il est le pain du ciel, celui qui donne la vie. Cette nourriture largement offerte à tous c’est d’abord la parole de Jésus : “L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt. 8. 3). Jésus est également nourriture par son Corps et son Sang ; cette nourriture est offerte à tous lors de la célébration Eucharistique.
Actuellement, le même Christ continue à nous révéler notre faim et notre soif d’absolu. Il voit tous ces jeunes et moins jeunes qui courent vers les plaisirs que procure la société de consommation, la drogue, l’alcool, les décibels. Il voit tous ces gens qui sont angoissés parce qu’ils ont perdu leur emploi. Leur grande douleur c’est que personne n’a besoin d’eux. Il leur manque un climat de tendresse et d’amour qui pourrait illuminer leur vie. Nous chrétiens, nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu et le communiquer à tous ceux qui nous entourent.
Saint Paul nous montre le chemin. Il invite les croyants de son temps et chacun de nous à se laisser guider par un esprit renouvelé. Les Éphésiens, auxquels il s’adresse, sont passés sur « l’autre rive ». Ils ont quitté leurs anciennes pratiques pour se mettre à la suite du Christ. Leur foi en Jésus a fait d’eux des hommes nouveaux. Mais saint Paul sait que cette foi est encore fragile car ils vivent dans un monde païen. Nous aussi, nous pouvons, nous aussi, être atteints par l’esprit païen de notre temps. C’est ce qui se passe quand nous donnons la première place à l’argent et aux satisfactions matérielles. Mais le Seigneur veille ; il nous appelle inlassablement à revenir vers « l’autre rive ». C’est là qu’il nous attend. Il nous destine à partager sa vie.
Nous n’avons plus à récriminer contre Dieu comme dans le désert. Le Christ se donne à tous ceux et celles qui faim de sa Parole et de son Pain. Lui seul peut nous guider sur le chemin de la conversion. Rendons-lui grâce pour ce don qu’il nous fait et demandons-lui qu’il nous garde fidèles à ses paroles car elles sont celles de la Vie Éternelle.
Télécharger : 18ème dimanche du Temps ordinaire
Fête de la Transfiguration du Seigneur
Sources : Revues liturgiques Feu Nouveau, Fiches dominicales, les Cahiers Prions en Église – La Parole de Dieu pour chaque jour (V. Paglia) ; Pensées sur l’Évangile de Marc (C. Schonborn) ; Homélies pour l’année B (Amédée BRUNOT) ; dossiers personnels…
Après le miracle de la multiplication des pains, tout à la joie d’être rassasiée, la foule cherche Jésus, non pas parce que son enseignement l’a touchée, mais parce qu’elle veut tirer profit de la nourriture qu’Il leur offre. « Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. » (Jn 6:24) Une démarche tout-à-fait intéressée ! Beaucoup de ceux qui attendent le sauveur d’Israël recherchent les effets bénéfiques qui répondraient à leur attente messianique. Confronté à cette aspiration ambiguë de la foule, sans ménagement, Jésus la fait comprendre : « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. » (Jn 6:26) Il invite ceux qui le suivent à rechercher une autre nourriture qui dure : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. » (Jn 6:27)
Cette remarque de Jésus s’adresse également à chacun de nous. Dans notre quotidien où les besoins de base occupent tout notre esprit, nous avons du mal, nous aussi, à tourner nos regards vers les réalités célestes. À force de faire passer les urgences de la vie en priorité, nous avons tendance à oublier l’essentiel… Qu’en est-il aujourd’hui de l’authenticité de notre foi ? Une attitude d’amour et de confiance sans arrière-pensée ? Un engagement personnel dans la voie tracée par le Christ ? Ou la soif de l’abondance matérielle a-t-elle émoussé notre vie spirituelle et ralenti notre démarche intérieure vers Dieu ? Bien des fois, dans nos prières, nous cherchons plutôt un Dieu qui satisfait nos requêtes ! Une tentation bien humaine suggérée par l’avidité de l’homme. Si la nourriture est à la base de toute vie, il n’en reste pas moins vrai que la Parole de Dieu est la nourriture de l’âme et sans elle, l’homme sera moins capable de guider sa vie. Jésus nous le signale, comme Il a répondu à l’esprit du mal dans le désert : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ » (Mt 4:4) Noyés dans une société de consommation, Jésus nous ouvre les yeux sur un autre trésor. Il nous oriente vers une vie intérieure plus intense. Une vraie relation avec Dieu. « Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. » (Lc 12:33)
Mais sincèrement, qu’est-ce que la vie intérieure ? En quoi cela consiste-t-elle ? Une vie repliée sur soi-même ? Une fuite des réalités du monde et de ses responsabilités ? Un refuge à l’abri du vent et de la neige, indifférent à tout ce qui se passe dehors ? Non, certainement pas… La vie intérieure est une rampe de lancement à la vie active. C’est la source d’énergie interne qui oriente notre façon de penser. C’est le souffle vital qui circule à l’intérieur de nous en attendant le bon moment pour s’exprimer en force. C’est la voix intérieure qui guide notre vie. C’est la sagesse qui éclaire notre rapport avec le monde. Ce lien étroit avec Dieu nous pousse à mettre en pratique nos convictions. Entretenir sa vie intérieure, c’est travailler « pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. » Et cette nourriture là deviendra vite une nécessité quotidienne. Le recueillement nous aide dans cette démarche. Se recueillir, c’est d’abord imposer le silence aux voix criardes des désirs et de l’impulsion qui encombrent notre conscience. Ces moments de silence intérieur ne sont pas un vide ou une évasion, c’est une plénitude qui se remplit au fur et à mesure de la voix divine. L’intensité de la vie intérieure ne nous fait pas fuir la dynamique de l’action. Au contraire, si nous rentrons en nous-mêmes c’est pour mieux en sortir ! Nous nous mettons dans la meilleure condition d’écoute de ce que Dieu va nous suggérer. Par la suite, nous serons plus disposés à l’écoute des autres, à un contact harmonieux avec notre entourage.
Le message de l’Évangile d’aujourd’hui nous conduit tout naturellement au Pain eucharistique, le Pain de la vie éternelle. L’Eucharistie nous nourrit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6:35) L’Eucharistie nous unit au Christ et à nos frères qui partagent ce même repas. Lors de la solennité du ‘Corpus Domini’ en 2013, le pape François nous éclaire : ‘Jésus se donne à nous dans l’Eucharistie, partage notre même chemin, se fait même nourriture, la vraie nourriture qui soutient notre vie.’ Saint Paul nous conseille vivement : « Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Ep 4:23-24)
Que cette « nourriture pour la vie éternelle » façonne notre vie ! Qu’elle oriente toutes nos activités et nous procure la sérénité et la force dans l’âme. « Que le Corps et le Sang du Christ nous gardent pour la vie éternelle ! »
Nguyễn Thế Cường Jacques
“Moi je suis le pain de la vie.Celui qui vient a moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif;”Mais plus le temps passe plus j”ai faim et soif de Dieu. Je dois mal comprendre.
En tout cas, je souhaite la bienvenue a Marie-NoËlle Thabut. Son commentaire est très complet mais je l’ai écouté en deux fois;
Bonne semaine à tous,