Ascension du Seigneur.
Abbé Jean Compazieu | 7 mai 2010Textes bibliques : Lire
Quarante jours après Pâques, nous fêtons l’Ascension de Jésus. C’est le jour où le Christ ressuscité disparaît au regard de ses apôtres. Nous avons peut-être un peu de mal à considérer ce départ comme une fête. En effet, quand un être cher nous quitte, c’est toujours un événement douloureux. Ceux qui ont l’habitude de fréquenter les gares le dimanche soir peuvent constater que les séparations ne sont pas toujours gaies.
Et pourtant, l’Eglise nous présente l’Ascension comme une fête. C’est même l’une des plus grandes fêtes de l’année. En effet, ce Jésus qui est parti nous a promis qu’il reviendra un jour. Nous ne connaissons pas la date de ce retour, mais nous savons que ce sera pour nous une grande fête. Nous l’attendons avec impatience. Après une si longue absence, ce sera la joie des retrouvailles. Dès maintenant, nous nous y préparons en lui ouvrant notre cœur et en accueillant sa Parole dans notre vie.
Nous nous réjouissons parce que le Christ ressuscité nous ouvre le chemin qui nous conduit vers le Père. Lui-même nous le dit : “Je suis le chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père sans passer par moi” (Jean 14. 6). Avec lui, notre pauvre humanité prend donc place auprès de Dieu. C’est un immense honneur et une énorme preuve d’amour de la part de notre Seigneur. Tout cela nous est offert gratuitement et sans mérite de notre part. Nous n’aurons jamais fini de lui exprimer toute notre reconnaissance. Nous pouvons vraiment reprendre à notre compte les paroles du psaume : “Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie !”
L’Ascension est un jour de fête et de joie parce qu’il marque le retour triomphal de Jésus au ciel après sa mort et sa résurrection. Le Christ ressuscité entre pour toujours dans la gloire du Père. Ce sont les retrouvailles trinitaires, un événement divin par excellence. A la fin d’une guerre, le général vainqueur arrive en triomphe, fier de sa victoire. L’Ascension c’est un peu cela, l’arrivée victorieuse de Celui qui a triomphé du mal, du péché et de la mort. Et nous chrétiens, nous sommes heureux de le louer et de l’acclamer en communion avec tous les anges et tous les saints du ciel.
Cette fête d’aujourd’hui nous invite donc à la joie et à l’espérance. Nous vivons dans un monde marqué par bien des souffrances. Les médias nous parlent chaque jour de violences, d’injustices et d’exclusions. Pour nous chrétiens, la semaine Sainte et la fête de Pâques ont été très perturbées. Mais les textes bibliques de ce jour nous font comprendre que le mal n’aura pas le dernier mot. Le Christ ressuscité est vivant dans la gloire du Père et rien ne peut empêcher la venue de son règne. Il est venu semer les graines du Royaume et rien ne peut arrêter leur germination.
Les lectures bibliques de ce jeudi nous annoncent une autre bonne nouvelle : le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur le mal, la mort et le péché. Bien sûr, nous savons que cela ne sera pas facile ; il y aura des luttes et même des souffrances à endurer. Chacun de nous se rappelle les paroles de la Vierge Marie à la petite Bernadette de Lourdes : “Je ne vous promets pas d’être heureuse dans ce monde mais dans l’autre.” Le Seigneur ne supprime pas les souffrances ni les épreuves de cette vie. Il nous aide à les vivre autrement. Et quand nous n’en pouvons plus, c’est lui qui nous porte.
Avec cet événement de l’Ascension, c’est une histoire qui se termine et une autre qui commence. Le Christ a accompli sa mission. Nous en avons suivi les étapes, sa prédication, ses miracles, ses rencontres, sa mort et sa résurrection. Les apôtres l’ont vu ressuscité. Les évangiles nous disent que “pendant quarante jours, il leur était apparu et leur avait parlé du Royaume de Dieu. L’important ce n’est pas de se demander si le chiffre quarante est exact mais d’en comprendre la signification. Dans le monde de la Bible, c’est le temps qu’il faut pour se préparer à une nouvelle vie. Au début de son ministère, Jésus a passé quarante jours au désert pour se préparer à sa mission. De même, pendant les quarante jours entre Pâques et l’Ascension, Jésus prépare ses apôtres à leur mission.
Cette entrée de Jésus marque le début d’une nouvelle histoire. C’est le temps de l’Eglise, le temps de la mission qui commence. Les apôtres sont envoyés pour être les témoins et les messagers de la bonne nouvelle dans le monde entier. A plusieurs reprises, il leur avait annoncé qu’ils auraient à souffrir des persécutions et des violences. D’autres seront tournés en dérision. Cela, nous le voyons tous les jours. Mais nous n’avons pas à nous laisser impressionner. En effet, c’est lui, le Christ, qui aura le dernier mot. Il est avec nous, tous les jours et jusqu’à la fin du monde et rien ni personne ne peut nous séparer de son amour.
Dans dix jours, nous fêterons la Pentecôte. Marie était présente au milieu des apôtres qui s’y préparaient. Et elle ne demande qu’à être avec nous pour nous y aider. Avec elle et en communion les uns avec les autres, nous prions et nous supplions : “O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.”
D’après diverses sources
Salut
Le 40ème jour avant Pâques, l’Église nous rappelait ce que nous oublions toujours :
” Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière”.
Le sceau des cendres dégonflait notre orgueil et nous replaçait devant l’issue fatale. Jésus nous demandait de le suivre sur le chemin du service et du don de soi.
Puis PÂQUES a éclaté, mystère central de mort et de Vie nouvelle: les autorités du temple ont voulu briser la “montée” de Jésus mais, par la “montée sur la croix”, au contraire, son projet s’est accompli: le Père a donné la vraie Vie à son Fils qui venait de s’offrir par amour des hommes.
C’est pourquoi, aujourd’hui, le 40ème jour après la solennité charnière, l’Église célèbre dans l’allégresse l’entrée de son Seigneur dans la Gloire, la première réussite plénière du chemin de l’homme. Par là même, elle nous promet l’aboutissement de notre chemin: il part de la matière, il zigzague dans la poussière, il compte d’innombrables chutes dans les ornières du péché, il rencontre la mort mais il s’accomplit dans la Gloire de Dieu.
Oui, notre marche dans les ténèbres peut devenir saut dans la Lumière et notre pesanteur s’alléger dans la Grâce. “Peut” car ce cheminement n’est pas automatique – sinon nous ne serions que des animaux irresponsables. Il n’est pas non plus réussite de nos efforts: on ne monte pas au ciel comme on gravit un sommet de l’Himalaya ni comme un cosmonaute dans une navette.
Il ne peut être que le résultat d’un Souffle qui nous enlève, nous élève. Ce Souffle, cet Esprit nous rend capables de vivre autrement que centrés sur nous-mêmes, il nous donne l’audace d’espérer que la terrible pesanteur charnelle peut être transfigurée dans la Lumière de la Grâce. Oui il est nécessaire de recevoir cet Esprit qui ne s’achète, ni ne se conquiert, qui n’est pas seulement “notre esprit” enfin affiné par l’effort, la méditation et l’ascèse. En ce 40ème jour l’Église nous dit : “Souviens-toi, ô homme, à quoi tu es promis”
1. RELIRE L’HISTOIRE
Jésus ressuscité apparaît à ses disciples: ” Il fallait que s’accomplisse ce qui était annoncé par l’Écriture: les souffrances du Messie, sa résurrection d’entre les morts le 3ème jour, et la conversion proclamée en son Nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins…”
Jésus enseigne une autre lecture des Écritures: au lieu d’y projeter l’annonce d’un Messie guerrier et triomphant, il apprend à y voir la victoire de l’amour capable de traverser la mort pour ressusciter. La croix n’est pas un échec, un effondrement mais le don total du Christ, “par-don” total du péché.
Si son Père l’a ressuscité, c’est donc qu’il acceptait son désir, qu’il avalisait son projet. La croix et la résurrection sont devenues épiphanie de l’amour divin, preuve de sa Miséricorde offerte à tout être humain, de toute condition, de toute nation.
Voilà la nouvelle la plus importante qu’il importe de proclamer: la croix et la résurrection (c.à.d. la Pâque) doivent donc être annoncées, expliquées, proposées à toute conscience.
DONC IL FAUT DES TÉMOINS . Les Apôtres, les premiers, sont désignés pour cette mission qui l’emporte sur toute autre: dire à chacun et chacune qu’il peut – s’il croit, s’il fait confiance, s’il décide de se convertir et de changer d’optique – être libéré de sa résignation, de sa désespérance, de sa culpabilité, de sa nuit, de ses désirs de faux bonheur, de ses illusions mortifères.
2. LA PROMESSE DE L’ESPRIT DE DIEU
On n’annonce pas l’évangile comme un programme, si beau soit-il, l’éloquence n’y suffit pas, les raisonnements défaillent: il est indispensable de recevoir la Force divine, cet Esprit qui animait Jésus et qu’il va transmettre.
” Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis.
Quant à vous, demeurez en ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en-haut”.
En effet la grande promesse de Dieu n’était pas l’écrasement des ennemis mais le don de son Esprit: ainsi par exemple, avait-il dit : ” Il arrivera que je répandrai de mon Esprit sur toute chair…Sur mes serviteurs et mes servantes je répandrai de mon Esprit et ils seront prophètes” (Joël 3, 15)
3. ASCENSION ET BÉNÉDICTION
Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. Et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir Dieu.
Béthanie est le petit village situé au-dessus du mont des Oliviers qui, à l’est, fait face à Jérusalem. Jadis dans une vision, le prophète Ézéchiel avait vu la Gloire de Dieu ( c.à.d. le symbole visible de sa présence) quitter le temple de Jérusalem profané par les prêtres qui y adoraient des idoles et elle s’était posée précisément sur cette colline avant de s’élancer pour rejoindre les déportés en pays païen (Ez 11, 23). De même, à présent Jésus, le Fils ( qui était la présence du Père refusé par le temple ) conduit ses apôtres au même endroit car il va, avec eux, se diriger vers toutes les nations du monde.
L’ultime geste de Jésus, au moment de disparaître à leurs yeux à tout jamais, est de bénir ses disciples: il étend au-dessus d’eux ses mains transpercées par les clous. C’est bien par la croix qu’ils peuvent être certains de recevoir la Vie, la Paix, l’Amour.
Ils “se prosternent” car le ressuscité est désormais le Seigneur. Ils ne le supplient pas de demeurer encore un temps avec eux, ils ne se lamentent pas sur sa disparition: au contraire ils débordent d’une joie toute nouvelle puisque, au lieu de le suivre comme avant, ils marchent sous ses mains tendues, c.à.d. sous sa protection indéfectible.
Et ils retournent en ville, dans le temple. Luc termine son évangile là où il l’avait commencé. Au début, le prêtre juif, Zacharie, devenu muet par son incroyance, n’avait pas pu bénir la foule (1, 21-22): à présent, c’est Jésus Seigneur qui offre la Bénédiction de Dieu à ses disciples. Aussi peuvent-ils, en retour, “bénir” Dieu, c.à.d. faire monter leurs chants d’action de grâce vers Celui qui n’est plus un mystère lointain et indicible (Elohim, YHWH, le Transcendant) mais qu’ils peuvent, en vérité, appeler “NOTRE PÈRE”. Tout est accompli.
4. ÉVANGILE ET ACTES DES APÔTRES
A la suite de son évangile, Luc a rédigé les Actes des Apôtres et il y donne un récit un peu différent de l’Ascension (comparer avec la 1ère lecture de ce dimanche) et surtout il précise que tous les disciples se sont rassemblés au cénacle, avec Marie, où ils ont PRIÉ afin de recevoir l’Esprit promis. Il fallait prolonger les 40 jours pour atteindre la CINQUANTAINE, chiffre de plénitude. Le 50ème jour, en effet, le Souffle impétueux surviendra et il commenceront à proclamer la Bonne Nouvelle au monde..
5. CONCLUSION.
1) Il serait dommage que les chrétiens ne voient dans la fête du jour qu’une nouvelle occasion de “faire le pont”. L’ASCENSION en effet est une très grande fête dont le message est plus urgent que jamais: révéler à l’homme sa destination ultime. Dans une société où les puissances gigantesques vacillent sur leur base et où les signes de désespérance s’accumulent (suicides, drogues, alcools, esclavage de l’argent), il est essentiel que des communautés chrétiennes proclament dans la joie à la façon de nos frères du 1er siècle : ( 2ème lecture : Lettre aux Ephésiens 1, 17-23)
“Dieu a ressuscité Jésus, il l’a fait siéger à sa droite dans les cieux.
Il l’a établi au-dessus de toutes les puissances…. Il lui a tout soumis.
Le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Eglise qui est son corps.
Ainsi l’Eglise est l’accomplissement total du Christ”
2) Aujourd’hui commence la GRANDE NEUVAINE A L’ESPRIT: comme les premiers apôtres, en union avec Marie, nous supplions Dieu de nous donner cet Esprit qui a permis à Jésus de remplir sa mission jusqu’à la croix et lui a ouvert le ciel. Qu’il souffle sur nos inerties et nos découragements, qu’il nous comble de force afin que nous témoignons quoi qu’il en coûte.
Raphaël D
Jésus est retourné aujourd’hui partager ta gloire.Mais je sais que le retour de Jésus est déjà commencé.
En fait, la douloureuse absence de Jésus devrait nous combler de joie car elle signifie l’accomplissement du dessein de Dieu. N’est-ce pas pour nous la joie parfaite ?
Seigneur, tu me parles beaucoup par l’intermédiaire de ma conscience. Aide – moi à t’écouter toujours au lieu de t”ignorer par paresse ou par entêtement.
Christiane
couleur
Du même St Luc le récit des Actes (1-11) donne une information au sujet de cette Ascension de Jésus. Elle s’effectue après un repas où il est présent avec ses Apôtres. Il leur donne ses instructions : celles déjà précisées dans l’Evangile. Il signale leur prochain baptême dans l’Esprit Saint. Devant leur interrogation sur sa royauté prédite en Israël, annonce d’un rejet de ce qui est du ressort du Père. Mais, éclairés par l’Esprit Saint, il leur demande d’être ses témoins de Jérusalem « jusqu’aux extrémités de la terre ». Ensuite il s’élève dans le ciel où une nuée le dérobe à la vue de ses disciples.
La disparition de Jésus sous leurs yeux surprend ceux qui avaient vécu environ trois ans avec lui et, y compris Thomas, l’avaient reconnu ressuscité ! Ebahis ils restent là fixant le ciel. Comme au matin de la résurrection avec Marie de Magdala apparaissent deux anges « en vêtements blancs ». Ils leur déclarent que Jésus, enlevé au milieu d’eux « reviendra de la même manière », mais qu’il n’est pas question de faire du surplace. Leur tâche de témoins est fixée. Ils devront, après réception de l’Esprit, transmettre la Bonne Nouvelle en paroles et en actes. Il est urgent d’agir !
La 2ème lecture de la Lettre aux Hébreux, en ce passage, reprend l’entrée au ciel de Jésus, « pour nous devant la face de Dieu ». Mémoire est faite de son sacrifice, une fois pour toutes, « pour enlever les péchés de la multitude » et assurer « le salut de ceux qui l’attendent ». Jésus est vraiment « le grand prêtre par excellence », « établi sur la maison de Dieu ».
« Avançons-nous donc dans la foi … le cœur purifié » affirmant notre espérance en Jésus Christ Sauveur du monde. Le rejoindre, notre devenir ? « Recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ » (Col. 3, 1). Cela exige de prendre son chemin, celui de l’amour. Significative, cette montée, cette ascension de Jésus. Elle nous fait comprendre l’élévation nécessaire dans l’Esprit pour marcher avec lui, un sentier escarpé où il est « premier de cordée ».
En ce mois de Marie, confions à notre Mère du ciel notre désir d’accéder, comme elle, au sommet de la « Montagne du Seigneur ».
Vraiment je suis très touché une fois de plus par l’humanité de Jésus, Il les emmène à Bethanie ( la maison des pauvres) le village de ses amis. Et c’est là qu’il les bénit et leurs dit A dieu. J’aime à penser que les apôtres ont dû y retourner souvent.
Chaque parole chaque acte de Jésus est plein et profond de signification. Merci !
merci pour toutes ces belles homélies que je lis régulièrement