4ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 21 janvier 2011
Heureux…
Textes bibliques : Lire
Cet évangile nous parle de bonheur. C’est un sujet qui nous tient tous à cœur. Nous voulons tous être heureux. Des hommes et des femmes se battent pour de meilleures conditions de vie. En lisant cet évangile, je pensais à tous ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés par la maladie, l’accident, les tensions familiales, les conflits de générations. Et puis, il y a aussi la solitude, le chômage et la précarité qui nous rendent bien fragiles devant l’avenir. Et pourtant, sur la montagne, Jésus ne voit que des gens heureux. Non ce n’est pas de la provocation ; il veut tout simplement nous inviter à chercher au-delà de l’apparence.
L’important, c’est en effet d’accueillir cet évangile comme une bonne nouvelle pour les petits, les pauvres, les exclus, tous ceux et celles qui sont accablés par toutes sortes de malheurs. Jésus les proclame heureux, non à cause de toutes ces souffrances qui leur sont tombées dessus, mais parce que le Royaume de Dieu est à eux. Grâce à lui, leur vie retrouve un sens nouveau et ils peuvent se remettre en marche. Cette rencontre avec le Christ devient pour chacun le point de départ d’une grande espérance. C’est une invitation pour nous à mettre toute notre confiance en Dieu. Lui seul peut nous combler de ses richesses. Ce cadeau nous est offert gratuitement sans mérite de notre part.
Le problème c’est que certains parmi ces pauvres n’ont plus la force de se lever. Leur cri de souffrance, nous devons l’entendre et le respecter. Jésus a accueilli les malades, les lépreux, les paralysés, les pécheurs. Il a pardonné, guéri, relevé. Aujourd’hui, il compte sur nous pour le porter à tous ceux et celles qui se trouvent sur notre route. Quand nous allons à leur rencontre, ce n’est pas seulement un geste d’amitié. Jésus est là, près de nous ou en nous. Avec lui, nos visites deviennent des “visitations”. C’est toujours un grand bonheur quand le Seigneur vient dans la vie de quelqu’un.
Nous en avons un témoignage merveilleux dans la vie de l’abbé Pierre. En novembre 1949, il a rencontré un homme complètement désespéré qui voulait se suicider. Sa vie n’avait plus aucun sens. L’abbé Pierre ne s’est pas apitoyé ; il lui a simplement demandé de venir travailler avec lui au service des plus pauvres. D’autres se sont joints à eux. C’est en s’engageant au service des autres que ces pauvres malheureux ont retrouvé un sens à leur vie. Leur rencontre avec l’abbé Pierre, et, à travers lui, avec le Christ, a été la chance de leur vie. C’est cela le bonheur des pauvres dont nous parle Jésus.
Cet évangile des béatitudes n’est pas une simple leçon de morale. Jésus voudrait nous apprendre à tout voir avec le cœur, et surtout avec le regard de Dieu. La nuit de Noël, nous avons entendu que “Marie méditait ces événements dans son cœur.” C’est un exemple que nous sommes tous invités à suivre. Même quand tout va mal, Dieu est là, et il a un projet d’amour sur nous. Si nous nous arrêtons au seul regard des médias, nous ne pouvons pas nous en rendre compte. Nous devons entendre l’appel du prophète Sophonie : “Cherchez le Seigneur, vous les humbles du pays… Cherchez la justice et la vérité.” Dieu construit son projet avec des petits et des humbles. En choisissant ce qui n’est rien, il exerce sa puissance de Créateur.
Cet évangile nous adresse donc un message de la plus haute importance. Autrefois, on nous a fait apprendre les commandements de Dieu et de l’Eglise ainsi qu’un certain nombre de prières. Mais la plupart d’entre nous n’avons pas eu à apprendre cet évangile des béatitudes. Et pourtant, c’est la clé de la bonne nouvelle. Il nous montre Jésus qui vient nous rejoindre au cœur de nos vies, de nos joies et de nos peines. Il ne cesse de nous ouvrir la porte pour le rencontrer. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père sans le rencontrer. Et quand tout va mal, c’est lui qui nous porte.
Pour vraiment entrer dans le message de cet évangile, c’est vers le Christ qu’il nous faut regarder : il est le pauvre de cœur qui met toute sa confiance au Père et auquel il remet toute sa vie. Il est le bon berger qui prend soin de chacune de ses brebis et qui part à la recherche de celle qui est perdue. Il est le miséricordieux qui vient nous libérer et nous remettre debout. Il est Celui qui donne la paix non pas à la manière du monde mais en se donnant lui-même au nom de l’amour dont il est habité. Il est le juste totalement ajusté à l’amour de son Père. Il est celui qui pleure sur la tombe de son ami Lazare. C’est tout cela et bien plus que nous découvrons en nous tournant vers le Christ.
Jésus ne nous demande pas seulement d’être vertueux, ce qui est déjà pas mal. Ce qu’il veut par-dessus tout, c’est que nous soyons heureux en le suivant. Et il nous indique inlassablement le sentier pour y parvenir : il est notre guide, notre modèle de pauvreté, de douceur. Lui seul peut nous apprendre à vraiment vivre toutes les béatitudes. Alors, n’hésitons pas à nous approcher de lui. Une rencontre avec lui c’est la chance de notre vie. C’est en choisissant de le suivre que nous trouvons le vrai bonheur.
Alors oui, Seigneur, nous venons à toi. Tu es le chemin qui nous conduit vers la vraie vie, vers la joie d’être fils et filles de Dieu en toi. Tu nous demandes de te donner notre misère, nos déséquilibres, nos faiblesses. Tu es capable de prendre tout cela dans ton amour pour nous donner ta vie pour toujours. Nous voulons crier la joyeuse nouvelle :
“Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit
Fait retentir le cri de la Bonne Nouvelle!
Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit
Met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles.”
(D’après diverses sources)
Merci, père Jean pour cette méditation. Cela me donne du courage, et de la réflexion. Je suis atteinte ‘un cancer et j’ai beaucoup de mal à ouvrir mon coeur. Je vais relire cette homélie et m’en inspirer.
merci Noële
Merci de ce message. demain dimanche, je penserai spécialement à vous.
Bonjour et Bon dimanche mon Père
juste un petit mot pour vous faire signe de vie et vous souhaiter une Bonne semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
je vous espère en bonne santé. je vous encourage et vous remercie pour toutes les correspondances et homélies.
que Dieu vous bénisse et vous accorde sa grâce au centuple pour travail de la vulgarisation et de la proclamation de la Bonne Nouvelle de notre Seigneur JC.
ciao!
Quelle belle homélie, consolatrice et pleine d’espérance. Je la relirai plusieurs fois les jours qui viendront car elle met un baume sur mes soucis.
En fait, il est IMPOSSIBLE au Seigneur d’ôter nos souffrances. Alors, Il nous aide à les porter.
Merci Seigneur, d’être toujours à mes côtés. Mais pourquoi n’es-tu pas plus proche de mon fils qui se débat dans son travail où il est harcelé par son supérieur ?
Ta néanmoins servante, bien qu’il soit difficile pour moi en ce moment d’être ton témoin.
Christiane
« Huit Paroles pour l’Eternité »
Dimanche passé, Matthieu nous a montré Jésus commençant à réaliser la mission reçue de son Père. A partir de Capharnaüm, il circule à travers la Galilée très paganisée, en proclamant la Bonne Nouvelle (Dieu nous offre une nouvelle vie). Ensuite il enseignera en quoi consiste la vie de l’homme qui se convertit au Royaume : c’est l’objet du « Sermon sur la Montagne » (chapitres 5 à 7) que nous commençons aujourd’hui. En outre, il accomplira des « œuvres de puissance », il soignera et guérira : ce sera l’objet des chapitres 8 et 9.
L’ENTREE DANS LE ROYAUME DU BONHEUR
Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :………..
« Assis … entouré de ses disciples…ouvrant la bouche » (comme un enseignant important, comme Moïse), Jésus énonce la Loi nouvelle. Il ne dicte pas des ordres (« Il faut…Tu dois… ») mais lance un appel : Veux-tu être heureux ? Car, qui que tu sois, tu désires le bonheur. Eh bien, en ce cas, n’écoute pas les sirènes fallacieuses du monde, ne te laisse pas prendre au piège. Ecoute – et apprends par cœur – ce qui est peut-être le plus beau passage de la Révélation. Et puis applique-toi à le vivre : c’est le portique du Royaume.
« HEUREUX » ! C’est bien normal puisque Jésus a commencé à proclamer la BONNE NOUVELLE : « Le Règne de Dieu s’approche ». Mais alors pourquoi la vie chrétienne paraît-elle triste et morose à beaucoup ? Pourquoi la morale chrétienne résonne-t-elle comme une interminable liste d’interdits ? Pourquoi ces liturgies aux visages ennuyés ? Nous chrétiens, nous ne manifestons guère cette joie profonde que donne la vie évangélique. Seigneur, donne-nous le courage de ton bonheur et l’audace d’en témoigner.
Impossible évidemment de commenter ici, en profondeur, ces lignes de lumière et de vie. Une piste de compréhension est de les envisager par paires.
– – – – – – – – – – – – – –
* 1ère et 2ème béatitudes : LE FONDEMENT : LA PAUVRETÉ DE COEUR
HEUREUX les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux.
HEUREUX les doux : ils obtiendront la terre promise.
Que signifie « pauvre » ? On peut manquer d’argent et être plein de haine, posséder beaucoup et donner sa vie ! C’est pourquoi Matthieu précise : « de cœur », en esprit. Le Royaume ne peut dépendre d’une simple question de revenus. Mais parce que, tout de même, la richesse constitue un grand péril, la 2ème béatitude reprend le psaume 37 qui met en garde contre la cupidité : « Ne t’enflamme pas contre celui qui réussit…Le peu qu’a le juste vaut mieux que la fortune de beaucoup d’impies… L’impie cherche à posséder toujours davantage mais il disparaît tandis que les justes posséderont le pays » : le refrain répété 5 fois est à entendre au plan spirituel. Il ne s’agit pas d’accroître ses possessions mais de demeurer dans le Royaume, « le pays de Dieu ». Qui veut acquérir toujours plus perd son âme. Le « doux » n’est pas le mou mais le vrai pauvre qui n’est plus vorace ; l’argent lui est un moyen d’aimer en partageant. Détaché des biens de ce monde, il est dans le Royaume du ciel où il n’y a plus de manque ni d’envie.
* 3ème et 4ème béatitudes : LE DÉSIR : LA JUSTICE DE DIEU
HEUREUX ceux qui pleurent : ils seront consolés.
HEUREUX ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés
Il ne faut pas voir là un lieu commun (« vous avez du chagrin mais ça ira mieux plus tard ») mais à nouveau une citation. Jésus reprend à son compte le programme du fameux « serviteur de Dieu » (Isaïe 61, 1-4) :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi, il a fait de moi un Messie. Il m’a envoyé porter joyeuse nouvelle aux humiliés, panser ceux qui ont le cœur brisé, réconforter tous les endeuillés, mettre aux endeuillés de Sion un diadème… »
L’oracle s’adresse à la foule des gens épouvantés par la destruction de Jérusalem et du temple et déportés en Babylonie : ce désastre leur « a brisé le cœur », les a anéantis. Mais le Messie (Jésus) les réconforte, leur rend l’espérance. De même ceux qui souffrent du triomphe des méchants, de l’arrogance des orgueilleux, ceux qui ne se résignent pas à la domination du mal mais qui continuent à désirer de toutes leurs forces « la justice de Dieu », ils verront leur désir assouvi. Le mal semble souvent l’emporter, des gens odieux réussissent, saccagent, détruisent : ne te décourage jamais. Le mal n’aura pas le dernier mot : Dieu l’emportera. Ne laisse pas s’éteindre ta passion du bien, ta soif de Dieu.
* 5ème et 6ème béatitudes : LE CŒUR
HEUREUX les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde.
HEUREUX les cœurs purs : ils verront Dieu
En hébreu, le cœur n’est pas le lieu de la passion sentimentale et éphémère mais le centre même de la personne, là où elle se construit par ses décisions, ses actes, son amour. Le « miséri-cor-dieux » est l’homme dont le « cœur » compatit réellement à la « misère ». Pas celui qui ressent une certaine émotion devant les malheurs des autres tout en demeurant calfeutré dans ses affaires, mais celui qui réagit en acte. A l’affamé, il donne ; à l’étranger, il offre l’hospitalité ; au pécheur, il pardonne ; au chômeur, s’il le peut, il donne du travail. Dieu agira envers nous comme nous nous serons comportés vis-à-vis d’autrui.
Ce cœur guéri de son égoïsme et qui « voit » en l’autre un frère sera alors « simplifié ». Débarrassé des scories, cessant de s’écarteler dans la satisfaction de mille désirs païens donc « impurs », il sera « purifié ». Et donc il pourra espérer « voir Dieu ». Car Dieu devient question, fantôme, légende pour celui qui se remplit d’une foule d’inquiétudes qui lui brouillent les sens et la raison. Dieu devient évident pour l’œil du cœur simple.
* 7ème et 8ème béatitudes : LA PAIX À CONSTRUIRE DANS LES LARMES
HEUREUX les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu.
HEUREUX ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux.
Oui heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute,
si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, A CAUSE DE MOI.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse car votre récompense sera grande dans les cieux.
Le disciple de Jésus ne s’enfuit pas dans la solitude pour jouir de son équilibre tandis que le monde brûle. Il n’y a de bonheur qu’avec les autres et dans un monde déchiré par les oppositions et secoué par les conflits. Pas de saint qui n’ait l’âme griffée. La paix n’est pas à regretter comme un passé idéalisé, ni à rêver comme une utopie, ni à laisser au souci des autres: elle est à faire personnellement, à construire, durement et patiemment. Il s’agit de bien plus que d’avoir bon caractère. Elle exige rencontres, écoute, dialogues, excuses, pardon, respect. La langue doit remplacer l’épée ; tentée de se fermer en poing, la main doit s’ouvrir et se tendre ; la peur doit chercher à comprendre.
L’artisan, le « faiseur » de paix est tellement étonnant que partout les hommes devineront en lui une certaine présence divine : on le regardera comme un véritable « enfant de Dieu ».
Mais attention ! L’ultime béatitude nous bouleverse. Si tu luttes pour pacifier, si tu cherches à pratiquer ces béatitudes, si elles balisent ton existence, prends garde : tu ne seras ni admiré ni suivi ni acclamé. Au contraire tu en verras de vertes et de pas mûres ! Jésus nous a prévenus : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi » (Jean 15, 20)
Donc quand ces épreuves surviendront, loin de te scandaliser, qu’elles te confortent dans ta foi et même te réjouissent. Si la croix survient, elle te modèle à l’image du Christ, elle te rapproche de lui, elle confirme que tu es sur le bon chemin.
« Bien aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’anormal….Si l’on vous outrage pour le nom du Christ, heureux êtes-vous car l’Esprit de Dieu repose sur vous » ( 1ère lettre de Pierre 4, 12-13)
CONCLUSION
L’écrivain Gilbert Cesbron, émerveillé par ces béatitudes et stupéfait que tant de chrétiens ne les connaissent pas par coeur, avait écrit un livre qu’il avait intitulé « HUIT PAROLES POUR L’ETERNITE ».
Ce « programme » de Jésus est, on le voit, l’exact contraire de celui que l’on nous propose pour la terre : enrichis-toi, impose tes vues, fais-toi respecter, venge-toi, profite de tout, jouis sans contrainte. Le paganisme idolâtre fascine par ses pouvoirs magiques et ses réussites spectaculaires. Mais il tue !
Cependant les béatitudes ne prônent ni une fade piété ni une molle résignation. Elles ne consolent pas par « un arrière-monde ».Elles secouent les âmes tièdes et résignées. Elles demandent force et courage.
Et elles ne culpabilisent pas car au lieu d’être des lois, elles sont un appel, une aspiration.
Raphaël D
Le Code du Bonheur ! (Père Jean Mourdon)
Accéder au Bonheur, quel humain, homme ou femme, enfant ou vieillard, n’aurait pas ce désir ? Eh bien, la liturgie de ce jour y répond en nous offrant un véritable « Code du Bonheur », moyen de le posséder.
L’Evangile (Matthieu 5, 1-10) nous le dit avec Jésus. « Une foule le suivait » ; toute l’humanité est concernée. «Il gravit la montagne ». Elle est symbole de la « montagne de Dieu » dont le sommet offre un bonheur éternel et parfait. « Jésus s’assit et instruit ses disciples ». La plupart ignorent qu’il est Fils de Dieu. Ils le connaissent comme celui qui guérit, fait du bien, va jusqu’à chasser du cœur les esprits mauvais. Il répond au portrait du Messie tracé dans l’Ancien Testament par les prophètes.
Que dit Jésus ? Neuf fois, en vue du bonheur, il va citer le mot « Heureux ». Il ne s’allie cependant pas automatiquement à tous sans exception. Jésus donne la liste des catégories aptes à gravir la montagne de Dieu jusqu’au sommet en empruntant, à sa suite, une marche ascendante, un « sentier de vie ». HEUREUX :
« les pauvres de cœur » ; ils n’ont pas mis leur espoir du bonheur dans l’argent – « les doux » ; opposés à la violence – « ceux qui pleurent » ; leurs fautes personnelles et savent ouvrir leur cœur à ceux et celles qui versent des larmes de deuils, de graves handicaps, de fortes souffrances – « ceux qui ont faim et soif de la justice » ; justice sociale qui voit en chaque être humain une même dignité et celle de Dieu en lien avec la vérité – « les miséricordieux » ; attentifs à toutes les misères et souffrances humaines et qui oeuvrent pour les soulager et les ôter – « les cœurs purs » ; regrettant leurs péchés et remplis de l’Esprit d‘amour – « les artisans de paix » ; travaillant, dans un esprit de pardon et réconciliation, à l’unité, en famille, dans les associations, les cités, les partis politiques, les nations – « les persécutés pour la justice » ; nombreux en notre monde, comme ceux qui sont insultés, persécutés, calomniés, du fait d’appartenir au Christ.
Ce Code du Bonheur Jésus le prononce, envoyé du Père, dès le début de sa mission au mont dit « des béatitudes ». C’est la « Bonne Nouvelle » pour tous ceux et celles qui d’une façon ou d’une autre marchent à sa suite en suivant le Chemin indiqué. « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ». Ce sera la glorification pleine et entière dans l’union au Christ après sa victoire sur le mal et la mort, et sa résurrection, obtenue, ne l’oublions pas, par son sang versé à la croix !
D’utiles précisions nous sont données dans les autres textes liturgiques.
« Cherchez le Seigneur » proclame le livre de Sophonie (1ère lecture). Il est le guide sur le chemin de justice et d’humilité, « d’un peuple qui aura pour refuge le Seigneur », « sans que personne puisse l’effrayer ».
« Heureux le pauvre de cœur, à lui, le Royaume des cieux » clame le chant du Psaume 145 reprenant une indication évangélique précédente. « Il fait justice aux opprimés », de toutes catégories. « Il est ton Dieu pour toujours »
Ecoutons St Paul nous dire (2ème lecture) : les appelés de Dieu ne sont ni les « sages aux yeux des hommes », ni les « gens puissants ou de haute naissance », mais le faible « ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien ». Dieu ne peut « sentir » l’orgueil. Sa recommandation ? Etre dans le Christ Jésus. Il est « notre sagesse, notre justice, notre sanctification, notre rédemption ». Il est notre Bonheur !
Avec Jésus, son fils et notre frère, Marie saura garantir notre montée pascale, non soumis aux tentations, délivrés du mal, pour notre accès auprès du Père des cieux.
Introduction
De Kerit.be
Les béatitudes nous donnent un message paradoxal. Elles parlent de bonheur, mais un bonheur qui va tout à fait à l’encontre du monde. Qui oserait dire bienheureux les pauvres alors qu’on fait tout pour éradiquer la pauvreté ? Qui proclamerait heureux les doux et les pacifiques dans un monde de violence et de lutte sans merci ? Pourtant les Béatitudes sont les clés qui permettent au chrétien d’ouvrir la porte au vrai bonheur de sa vie. Ce bonheur annoncé par le Christ, il faut l’éplucher comme un fruit à l’écorce rébarbative qui ne donne à goûter toute sa saveur qu’après tout un travail. Ce n’est qu’au bout de tout un temps, qu’on peut goûter les Béatitudes. Il faut accueillir en soi ces paroles, les méditer, les prier dans le silence du cœur profond. Nous recevrons alors la grâce de les vivre.
Dom Helder Camara, qui fut l’archevêque des pauvres au Brésil, les commentaient ainsi :
« Que de femmes et d’hommes portent, très souvent à leur insu, l’humanité à naître. Au jour le jour, pauvrement, obstinément, jamais ils ne se résignent à un monde où la richesse des uns grandit avec la misère des autres, Jamais ils n’acceptent à une société où il y a des sans terres, des sans toits, des sans voix. Ceux qu’habite l’esprit des béatitudes cherchent toujours à changer le monde. … On les traitera de rêveurs… Lorsqu’on rêve seul, ce n’est qu’un rêve. Mais lorsqu’on rêve ensemble, c’est le commencement de la réalité. »
Le combat courageux de nos frères tunisiens pour l’avènement encore très fragile d’une vraie démocratie et d’une véritable justice, ne vient-il pas nous le rappeler ? Oui, dans ce monde ivre de violence, perdre sa dignité est encore plus dangereux que de laisser sa peau. Oui, bienheureux sommes-nous si nous puisons dans la sève des Béatitudes la force de briser la spirale absurde de la violence ! C’est ce qu’exprime une prière de Dom Helder Camara :
« … Je ne crois pas au droit du plus fort,
au langage des armes, à la puissance des puissants.
Je ne veux croire qu’aux droits de l’homme,
à la main ouverte, à la puissance des non-violents.
Je ne crois pas à la race ou à la richesse,
aux privilèges, à l’ordre établi.
Je veux croire que tous les hommes sont des hommes
et que l’ordre de la force et de l’injustice est un désordre.
… Je ne croirai pas que la guerre et la faim
soient inévitables et la paix inaccessible.
Je veux croire à l’action modeste et aux mains nues.
… Je ne croirai pas que le rêve de l’homme
restera un rêve et que la mort sera la fin.
Mais j’ose croire, toujours et malgré tout,
à l’homme nouveau.
J’ose croire au rêve de Dieu lui-même :
un ciel nouveau et une terre nouvelle où la justice habitera. »
Les homélies sur kerit.be
Un evangile tres profond et une homelie tres encourageante. Mais il n’est pas toujours facile d’expliquer cette bonne nouvelle de beatitudes et surtout de les vivre. Ici au Japon, l’Expression “Pauvre de coeur”, dans la mentalite du peuple a toujours une connotation negative. Cela renvoit a une pauvrete materielle qui est vue comme une malediction, ou bien a un coeur dur comme une pierre. Et lorsque l’on parle de “pauvre en esprit”, cela signifierait pour un japonais etre ignorant, ou faible intellectuellement, ou encore homme de peu de foi, ou qui ne fournit pas un effort dans ce sens. vous aurez beau expliquer, la tendance ici est toujours de comprendre tout a la lettre ou litteralement. Et ca donne l’impression que les metaphores ne sont pas d’usage dans la vie courante. Aussi, c’est un peuple qui comprend mieux en voyant des images. Il suffit de regarder leur journal televise sur NHK ou une autre chaine de television, ou voir comment un cours se donne a l’ecole pour comprendre cela. Qu’a cela ne tienne, les pretres fournissent toujours l’effort de trouver d’autres termes pour faire passer le message. On fait comme cet “homme qui jette le grain dans son champ: nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se leve, la semence germe et grandit, il ne sait comment(…)” Mc.4:26ss. Nous remettons le reste entre les mains du Seigneur. Et pour le reste, le temoignage de vie sera une homelie bien adaptee. Puisse le Seigneur nous aider a etre ses vrais temoins partout ou nous oeuvrons.
Merci pour ce commentaire. Bien sûr, Jésus ne dit pas “Heureux les pauvres parce que vous êtes pauvres”. Les pauvres en esprit ne sont pas les déficients de l’intelligence. Non, ils sont heureux parce qu’ils sont là devant Jésus, entièrement disponibles pour accueillir la bonne nouvelle de l’évangile. C’est la chance de leur vie.
Ceci dit, la misère et l’ignorance sont un mal qu’il faut combattre