3ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 18 mars 2011Puiser à la Source
Textes bibliques : Lire
Cette rencontre entre Jésus et la Samaritaine aurait pu ne pas avoir lieu. Théoriquement, Jésus n’aurait pas dû traverser la Samarie. Les juifs pieux évitaient cette région à cause d’une rivalité ancestrale d’ailleurs largement partagée Quant à la Samaritaine, elle n’aurait pas dû venir puiser à l’heure la plus chaude de la journée. L’approvisionnement en eau se faisait le matin ou le soir. Et pourtant, ce qui a amené Jésus et cette femme à se rencontrer c’est leurs “soifs” respectives ; pour Jésus, c’est la soif de “chercher et sauver ce qui était perdu. Pour la samaritaine, c’est la soif matérielle ; mais pour elle, le fait de venir puiser cette eau devient le reflet d’une recherche intérieure d’amour et de vérité.
Tout commence par un dialogue de sourds. On n’est pas sur la même longueur d’ondes. C’est Jésus qui prend l’initiative en osant demander à boire. Selon la loi juive, il n’aurait jamais dû entrer en contact avec cette étrangère Même les récipients sont impurs. Mais à travers cette rencontre, nous découvrons que le Messie n’est pas venu seulement pour le Peuple Juif. Il est venu appeler au Salut tous les hommes, y compris les païens. Tout au long de la Bible, nous découvrons un Dieu qui vient à la rencontre des hommes et qui fait sans cesse le premier pas vers eux. C’est ce qui se passe avec cette femme de Samarie. Et c’est vrai aussi pour chacun de nous. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu. C’est lui qui nous a aimés le premier pas. Notre amour ne peut être qu’une réponse au sien.
Voilà donc Jésus qui essaie d’expliquer à cette femme que la vraie soif n’est pas celle qu’elle croit. Il la pousse dans ses retranchements : “Va, appelle ton mari et reviens.” A travers cet appel, il descend dans le puits trouble de la conscience de cette femme qui, avec ses cinq maris, se contente de l’eau sale. Jésus fait remonter à la surface l’écume du péché pour l’enlever. Il veut éveiller en elle une autre soif, la soif de Dieu. Cette transformation pourrait tout changer jusque dans sa manière de croire et de prier.
L’évangile nous parle aussi des cinq maris de cette femme. En fait, c’est une situation irréelle dans un milieu qui ne tolérait que trois mariages successifs. Mais, ici, le mot mari est symbolique. Il désigne les cinq divinités païennes des Samaritains (2 Rois 17. 25-34) Le mari que la femme a maintenant n’est pas le vrai Dieu. C’est pour nous l’occasion de nous laisser interroger sur les faux dieux vers lesquels nous nous tournons ; ces divinités s’appellent confort, pouvoir, réputation, désir de paraître, individualisme, argent. Le Carême nous donne l’occasion de nous arrêter au bord du puits. C’est là que Jésus veut nous rejoindre pour creuser en nous une soif nouvelle. “Ne fermons pas notre cœur comme au désert !” Accueillons la bonne nouvelle que le Christ sauveur est venue apporter au monde.
La symbolique du puits, c’est quelque chose de très fort. Dans notre monde occidental, on l’a beaucoup perdue car l’eau arrive par des canalisations jusque dans les maisons. Mais dans les textes bibliques, le puits est une image très forte ; il symbolise les commandements de Dieu. L’eau c’est la vie de Dieu à laquelle on s’abreuve. Aujourd’hui, Jésus se présente comme l’eau vive qui donne la vie. C’est auprès de lui que nous sommes tous appelés à nous désaltérer, même les plus grands pécheurs. Cette eau qui donne vie, c’est aussi celle qui purifie. Quand le vêtement de notre baptême est sale, c’est l’eau de Jésus qui le lave. Notre marche chrétienne est souvent fatiguée par les doutes, les échecs, les aspirations non satisfaites. On croit trouver le bonheur dans les objets de consommation, mais au bout du compte, on est déçu.
Alors, comme la Samaritaine, nous sommes invités à venir au puits et à nous asseoir près de Jésus qui nous attend. C’est cette démarche que nous faisons chaque fois que nous allons rencontrer un prêtre pour le sacrement du pardon. Et bien sûr, cette rencontre personnelle avec le Christ se fait dans la prière, la méditation des textes bibliques et surtout l’Eucharistie. Le Carême est un temps favorable pour nous désaltérer auprès du Christ et puiser à la Source de la vraie Vie.
Quand on a rencontré le Christ, ça change tout dans la vie. C’est ce qui s’est passé pour la Samaritaine. Elle a abandonné sa cruche car elle dispose d’une source intérieure. Elle revient à la ville pour dire aux gens de son peuple : “venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-ce pas le Messie ?” Son témoignage a été primordial. Mais ce qui a amené les samaritains à croire c’est l’action de Dieu dans leur cœur. Il en est de même aujourd’hui. Nous sommes envoyés pour témoigner de la bonne nouvelle. Mais l’Esprit de Dieu nous précède auprès de ceux qu’il met sur notre route. Avec la Samaritaine et des millions de croyants à travers le monde, nous proclamons : “Nous savons que Jésus est vraiment le Sauveur du monde.
Ce matin, Seigneur, tu nous as convoqués pour puiser et recevoir à pleines mains l’eau vive, l’eau qui comble toutes les soifs. Tu viens “demeurer” en nous. Donne-nous d’être, comme la Samaritaine, des messagers de ton amour. Amen
D’après diverses sources
Pour ceux qui cherchent une ADAP : LIRE ICI
Dieu est un pedagogue: il est patient avec notre ignorance. Essayons de comprendre les autres en tenant compte de leur passe: culture, milieu, education. Ainsi parviendrons a eviter les conflits et inimities inutiles.
bonjour mon Père.
juste pour vous adresser un mot de félicitation et d’encouragement pour la diffusion de la bonne nouvelle du Christ. je profite aussi pour annoncer le décès de Monseigneur Thomas KUISSI, ancien Evêque de Nkongsamba. je vous espère en bon santé. que Dieu vous bénisse et vous accorde sa grâce.
bonne préparation de la fête de Pâques.
Merci pour cette homélie qui explique parfaitement ce que représente VRAIMENT la Samaritaine.
A moi aussi, Jésus dit :”j’ai soif !” et j’essaie de répondre du mieux que je peux.
C’est le CAREME, alors j’essaie de bien PARTAGER et de SERVIR au mieux les gens que je côtoie.
Je n’oublie pas de beaucoup prier pour ce peuple digne et courageux que sont les Japonais. Henri a participé financièrement pour aider à relever ce pays.
Mon CAREME n’est pas triste ni rabat-joie. Au contraire, je me sens légère dans cette période de PURIFICATION.
Comme Henri ne travaille plus, nous allons apporter ce matin tous les costumes de travail en excellent état de Henri au RELAIS, filiale d’Emmaüs.
Seigneur, j’ai au moins autant de défauts que la Samaritaine, mais j’essaie de tout mon coeur de te donner à boire par mes actes et mes paroles.
En communion avec vous,
Christiane
L’AUTHENTIQUE EAU DE VIE
Ces trois dimanches, nous allons écouter trois grandes pages de l’évangile de Jean. Très antique tradition qui remonte au 4ème siècle : le carême étant l’ultime étape de préparation des catéchumènes qui allaient être baptisés lors de la vigile pascale, on leur expliquait ainsi les dons merveilleux qu’ils allaient recevoir :
S. JEAN – CHAP. 4 : EVANGILE DE LA SAMARITAINE : La foi nous offre l’Esprit
« « 9 : « DE L’AVEUGLE-NE : elle nous donne la Lumière,
« « 11 : « DE LAZARE : elle nous donne la Vie
Préparons-nous dès aujourd’hui à renouveler nos engagements de baptême lors de la nuit pascale, c.à.d. à correspondre au Dons extraordinaires de Dieu en Christ.
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Jésus arrive à une ville de Samarie, appelée Sychar,…où se trouve le puits de Jacob. Jésus fatigué par la route, était assis au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme qui venait puiser de l’eau.
1. LA SOIF D’EAU
Par hasard ( ?) deux itinéraires se croisent. Comme on a arrêté son maître Jean-Baptiste qui l’avait désigné comme Messie, Jésus s’enfuit avec ses nouveaux disciples vers la Galilée du nord. Partis avant l’aurore, ils ont marché plusieurs dizaines de km dans une chaleur croissante et passent par la Samarie. Arrivés à un puits (il existe encore), Jésus envoie ses disciples au village acheter des provisions. Il est midi. Il écoute le bruissement de l’eau tout au fond (ce n’est pas une nappe mais une eau courante : « de l’eau vive » dit-on en hébreu) mais il n’a rien pour puiser. Il est cinq fois pauvre : poursuivi, éreinté, assoiffé, affamé, seul.
Voici qu’une femme du village s’approche, cruche sur la tête. Moment inhabituel: cette corvée ne s’accomplit qu’aux heures plus clémentes, au début ou en fin de journée. C’est qu’elle ne veut rencontrer personne. Elle aussi est une pauvre : méprisée, seule, assoiffée.
Sans un mot, elle manœuvre la corde, remonte la cruche ruisselante. Tout à coup une parole : « Donne-moi à boire » ! Jésus renverse trois préjugés : hommes et femmes ne se parlent pas en public; Juifs et Samaritains, frères ennemis, se détestent ; le Fils de Dieu et une pécheresse. En outre il mendie : il a besoin d’elle. Il l’interpelle au cœur de son travail et l’implore d’écouter la demande d’un pauvre inconnu. Mais doucement c’est ainsi que s’engage un curieux dialogue qui va mener très loin et très haut.
– Donne-moi à boire
– Comment ? Tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? »
– Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te parle, c’est toi qui aurait demandé. Il t’aurait donné de l’eau vive.
– ???…Tu n’as rien pour puiser ! Comment prendrais-tu l’eau vive ?…Tu te prends plus grand que le patriarche Jacob qui a creusé ce puits et y a bu avec ses bêtes ?…
– Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif. Mais celui qui boira de l’Eau que moi, je lui donnerai, n’aura plus jamais soif. Car l’Eau que je lui donnerai deviendra en lui SOURCE D’EAU JAILLISSANT POUR LA VIE ETERNELLE »
L’eau, l’élément indispensable à la vie, est aussi, dans la Bible, une image de l’Esprit, de la Vie de Dieu (le mot « rouah » en hébreu est souvent au féminin). Promesse avait été faite par Dieu :
« Ainsi parle le Seigneur : Ne crains pas, mon serviteur Jacob, le Redressé, celui que j’ai choisi car je répandrai des eaux sur l’assoiffé, des ruissellements sur la desséchée ; je répandrai mon esprit sur ta descendance… » (Isaïe 44, 2)
Cette perpétuelle nécessité de l’eau devrait faire réfléchir. Mon corps a soif…Mais mon âme, de quoi est-elle assoiffée ? Derrière mes besoins corporels, il y a un désir plus profond d’une autre Vie. Moi seul peux te l’offrir, affirme Jésus. Il suffit de demander. Tu n’auras pas à la rechercher : elle jaillira en toi. Evidemment la Samaritaine se méprend et reste fixée sur l’eau du puits. Elle se moque un peu de cet inconnu qui lui promet une sorte de « truc magique » qui apaiserait sa soif à jamais:
– Oh alors, donne-la moi cette eau que je n’aie plus soif, que je n’aie plus à venir ici pour puiser.
2. LA SOIF D’AMOUR.
Mais l’Esprit ne résout pas tous nos problèmes, il ne supprime pas les corvées du quotidien, il ne satisfait pas toutes nos demandes matérielles. Jésus, subtil, poursuit sa guidance pour amener la femme à s’interroger sur son désir profond : où en es-tu en amour ?
– Va appeler ton mari et reviens.
– Je n’ai pas de mari.
– Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari. Tu en as eu cinq et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari.
Tu es en quête d’eau mais au fond de toi-même, que cherches-tu ? A aimer et être aimée. Désir profond mais de réalisation difficile. Que s’est-il passé dans la vie de cette femme ? Qui est responsable de cette succession d’aventures ? A-t-elle été victime d’hommes qui se sont joué d’elle ? Ou a-t-elle échoué à établir une alliance solide, un amour authentique ? Elle pourrait rompre ce dialogue et tourner le dos à cet inconnu qui perce ses secrets intimes. Non, elle avoue avec humilité ses échecs sans rejeter les responsabilités sur d’autres. Et chose tout à fait remarquable : Jésus ne moralise pas, ne l’accable d’aucun reproche, ne la condamne pas. Il l’accepte telle qu’elle est. Et même il la félicite de dire vrai : « Tu as raison de dire ».
Cet aveu va permettre d’accéder à un degré encore plus haut.
3. LA SOIF DE DIEU
La Samaritaine est stupéfaite : cet inconnu serait-il un voyant, un homme de Dieu !? En ce cas il pourrait peut-être résoudre un problème de religion.
Au préalable, pour comprendre la suite, il faut rappeler un peu d’histoire biblique. Depuis le schisme, il y avait deux royaumes : au nord le riche Israël avec la nouvelle capitale Samarie qui donna son nom au territoire ; au sud la petite Judée avec Jérusalem. Les Judéens (Juifs) prétendaient que le Temple de Jérusalem était le lieu unique de la présence de YHWH, le seul endroit où l’on pouvait rendre un culte légitime. Les Samaritains, par rivalité, avaient fondé d’autres lieux de prière, notamment ici tout près sur le mont Garizim.
Qui a raison ? Question capitale pour l’humanité : Où est Dieu ? Où être sûr de le trouver?
– Je vois que tu es un prophète !…Alors explique-moi. Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.
– Femme, crois-moi. L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient (et c’est maintenant) où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité. Tels sont les adorateurs que cherche le Père.
Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en Esprit et en Vérité qu’ils doivent l’adorer ».
Révélation capitale. Tournant de l’histoire religieuse des hommes. Dieu ne réside plus quelque part comme on l’affirmait : ni à Jérusalem ni au Garizîm…, ni à La Mecque, ni dans le Gange, ni à Katmandou, ni au Vatican ….
L’HEURE a sonné. Jésus offre l’ultime révélation. La rencontre authentique du seul vrai Dieu se fait EN ESPRIT ET EN VERITE dans le cœur. Cela ne veut pas dire –comme disaient les déistes du XVIIIème siècle – que la prière vraie est la reconnaissance de l’Etre Suprême par un esprit éclairé et de bonne volonté.
– LA VERITE, c’est Jésus lui-même qui apporte la Révélation, qui est le Fils qui ne dit que les paroles du Père, qui osera affirmer : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6)
– Et l’ESPRIT, c’est la Rouah, le Souffle de Dieu, l’Eau Vive dont parlait Jésus et qu’il est seul à pouvoir offrir (d’où l’insistance permanente de l’évangile sur le verbe « donner » : « l’eau que JE DONNERAI… »)
De son cœur transpercé, coulera l’eau, symbole de l’Esprit de Pardon et de Vie. (19, 34). Donc l’adoration véritable s’accomplit par la foi en Jésus : l’accueil confiant de Jésus offre le DON gratuit de l’Esprit, qui, comme une eau vive, purifie le cœur souillé et comble sa soif de Vie.
Le sacré n’est plus quelque part mais dans l’ETRE HUMAIN.
4. RÉVÉLATION DU MESSIE : À RECEVOIR ET À TRANSMETTRE D’URGENCE
Evidemment la Samaritaine est dépassée par cette déclaration solennelle de l’inconnu :
– Je sais qu’un Messie doit venir, qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous fera connaître toutes choses.
– Moi qui te parle, je le suis !
– ?????????????
Là-dessus ses disciples arrivent, surpris de le voir parler avec une femme. Mais celle-ci, laissant là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » … Ils sortirent de la ville et se dirigeaient vers Jésus (………)
Beaucoup crurent : « Nous savons qu’il est vraiment le sauveur du monde ! »
Le Messie que les Ecritures promettaient, c’est Jésus « qui te parle ». Il te rejoint dans le quotidien, te parle avec affection, attend ta réponse. La Samaritaine, bouleversée, court au village : la nouvelle doit être partagée, la rencontre doit être présentée à tous. Une femme devient modèle du témoignage chrétien : elle a accueilli un pauvre inconnu, elle est entrée en dialogue, elle a reconnu son manque (« je n’ai pas »), elle a été touchée par la révélation du Christ, elle s’est désencombrée (laissant là sa cruche), pressée par l’urgence de partager sa découverte, elle a invité les gens à faire la même rencontre qu’elle.
Et en effet, beaucoup de villageois se dérangent, invitent Jésus au village et se convertissent eux aussi.
PISTES DE MEDITATION
Nous n’avons pu faire qu’un commentaire incomplet de cette page magnifique. A chacun(e) de poursuivre :
LA CONDUITE DE JESUS : comment procède-t-il ? Sa pauvreté impuissante, sa douceur, son tact…
CELLE DE LA FEMME : son accueil de l’inconnu, sa franchise, son humilité, son envie de partager sa découverte……
Comment la parabole de « l’EAU VIVE » éclaire-t-elle l’identité de l’Esprit Saint ?…
« L’HEURE vient » : laissons-nous rencontrer par Jésus…dialoguons…reconnaissons nos manques…sommes-nous des « adorateurs en Esprit et Vérité » ?….Désirons-nous partager notre foi ?…
Comme Ste Thérèse d’Avila, faisons nôtre la prière de la Samaritaine : « Seigneur, donne-moi ton Eau Vive ».
La richesse et la profondeur de la relation entre personnes dépend de leur pauvreté.
Sur la croix, Jésus gémira la même plainte : « J’ai soif ». Soif de donner l’Eau de l’Esprit à l’humanité.
A quoi bon aller au loin dans « les lieux saints » si tu regardes cette femme comme « une femme perdue », ce jeune comme « un bon à rien » ??……..
Raphaël D. dominicain
Toujours, en ce temps de Carême, l’Evangile enseigne la conversion. L’épisode dit « de la Samaritaine » est fortement édifiant sur l’adhésion ou le renouvellement de notre vie de disciples de Jésus. Essayons d’en noter les points essentiels pour le chemin qui nous conduit à une bonne montée vers Pâques.
Dès le départ Jésus tient le rôle principal. Il est vraiment homme ! Ayant accompli un long chemin avec ses disciples pour se rendre à Jérusalem ils traversent ensemble la Samarie, province d’Israël en forte opposition religieuse avec la Judée et Jérusalem. Jésus est fatigué. A midi il fait chaud et il a soif. Il s’arrête et se repose au puits de Jacob, puits bien connu, Jacob étant petit fils d’Abraham. Le puits est profond et il n’a rien pour puiser l’eau. Ses disciples sont partis à la ville la plus proche pour acheter de quoi se restaurer.
Arrive alors une femme venant puiser de l’eau. « Donne-moi à boire » lui dit Jésus. Etonnement de celle-ci : qu’un juif parle à une femme qui est samaritaine ! « Si tu savais le don de Dieu » et qui te parle, « c’est toi qui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive » ; une eau bien différente de celle du puits : celle-ci qui en boit « aura encore soif » ; l’eau vive donnée est intarissable et devient « source jaillissante pour la vie éternelle ». « Donne-la-moi cette eau : que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser ». N’aurait-elle pas soif d’autre chose ?
« Va, appelle ton mari et reviens » Jésus entre dans sa vie ! « Je n’ai pas de mari » Tout en notant une vérité « là tu dis vrai », Jésus lui rappelle qu’elle en a eu cinq et que son compagnon actuel n’est pas son mari.. Seul Dieu peut pénétrer ainsi les cœurs. La Samaritaine voit en Jésus un prophète, un homme parlant au nom de Dieu. Elle l’interroge alors sur le lieu où on doit adorer : ici ou à Jérusalem ? « ni sur cette montagne, ni à Jérusalem » précise Jésus indiquant que « l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » : annonce de ce qui advient déjà, et ce qui adviendra surtout après la mort et la résurrection du Christ. Elle apprend ensuite de Jésus qu’il est le Messie attendu du peuple juif et « c’est lui qui nous fera connaître toutes choses », sa Bonne Nouvelle !
Retour des disciples étonnés de voir Jésus dialoguer avec cette samaritaine. Ils l’invitent à manger, mais lui, leur fait découvrir une autre faim, celle de son cœur qui veut gagner le cœur des hommes à l’amour du Père, de Dieu dont il est le Fils bien-aimé, envoyé pour les libérer du péché, de tout mal et de la mort. Ses apôtres auront à accomplir une tâche de « moissonneurs » pour une récolte dont ils ne sont pas semeurs, mais qui doit porter « du fruit pour la vie éternelle » : évocation lointaine du Baptême « eau vive » et de l’Eucharistie, Pain de vie et d’amour, Jésus qui se donne !
Quant à la Samaritaine, retournée à la ville, elle parle de Jésus et de son intervention dans sa vie de pécheresse : « Ne serait-il pas le Messie ? » Elle met ceux de la ville dans une disposition d’écoute de Jésus. Il y restera deux jours et les samaritains lui donneront leur foi : « Nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
« L’eau vive » annoncée à la Samaritaine, est, dans la 1ère lecture, celle, symbolisée, du peuple d’Israël dans le désert. Il a soif et en sortie d’un Rocher Dieu lui donne l’eau désirée. L’eau vive purifie, rassasie le cœur humain à la recherche du bonheur. Le Seigneur est vraiment au milieu de nous et, source de l’amour, nous donne la possibilité merveilleuse d’aimer comme il nous a aimés.
Le Psaume et St Paul (2ème lecture) guident notre réponse : « aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur » ; « acclamons notre Rocher, notre salut ; adorons le Seigneur qui nous a faits, il est notre Dieu ». En Jésus nous sommes rendus « justes par la foi ». « Avec l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint » nous voici aussi avec la force de ressembler à la Samaritaine : convertie elle se fait missionnaire du Christ ; le chemin de Pâques s’ouvre devant nous.
Sur ce chemin Marie, Mère de Dieu et notre mère, saura nous guider !
Midi sur la plaine et sur le blé. Jésus est fatigué par la route de grand soleil. Il s’est assis au bord d’un puits, celui-là même que fréquentaient jadis Jacob et ses troupeaux. Que de caravanes, de lassitudes et soifs ont abouti là ! Mais aussi que de rencontres, d’alliances se sont tissées auprès de ces eaux vives !
Elle, elle vient avec sa cruche. Elle porte toute la fatigue de sa vie, une soif d’amour jamais étanchée. Elle est venue souvent glisser sa cruche dans la cavité fraîche où sourd une eau que même le plein été ne tarit pas. Mais dans quelles profondeurs faudrait-il creuser pour étancher sa soif ?
On ne connaît pas son nom ; seulement son sobriquet : la « Samaritaine ». Un surnom d’étrangère, méprisé par les juifs depuis que les habitants de Samarie avaient contracté des alliances avec les Assyriens et élevé un temple rival de celui de Jérusalem. Des bâtards impies, qu’on ne peut fréquenter sans se souiller… C’est une femme seule, plus, une Samaritaine, et encore qui n’est pas en règle avec le mariage : trois raisons largement suffisantes, pour un bon juif, d’éviter tout contact !
Mais Jésus ignore ces risques d’impureté légale : « Donne-moi à boire ». C’est le monde à l’envers. En Jésus, c’est Dieu qui prie cette femme de venir apaiser sa soif. La femme s’étonne et, au début, ironise. Mais la surface du puits restera sans rides. Car aussitôt Jésus parle d’une « eau vive » qui désaltère définitivement et transforme celui qui boit en « source jaillissante ».
Puis voilà qu’en Jésus, c’est Dieu lui-même qui vient lui demander sa main. Après cinq douloureux échecs et la sixième liaison que vit cette femme, voilà que Dieu, en Jésus, lui offre une nouvelle alliance pleinement fidèle et comblée celle-là : « Adore le Père en esprit et en vérité ! … »
Et nous voyons cette femme sans nom, perdue, desséchée comme une terre brûlée sous la canicule, en attente de tout et même du Messie, accueillir dans une bouleversante simplicité la grâce qui passe. Merveilleuse Samaritaine ! D’abord parce que c’est à elle seule que Jésus, touché par sa confiance, livre son secret en murmurant : « Le Messie ? Je le suis, moi qui te parle ». C’est unique dans l’évangile de Jean ! Et ensuite, parce que loin de vouloir retenir Jésus à elle, elle abandonne sa cruche devenue inutile. Lavée et désaltérée, elle court partager l’eau pure que Jésus vient de dégager dans son cœur. Sur la place de son village, elle fera surgir la plus belle des sources : conduire ses frères à Jésus. Tout son village se met en route à sa suite. Un jour, alors que Jésus sera reparti vers Dieu, la Samarie accueillera les disciples chassés de Jérusalem par la persécution.
Il ne tient qu’à nous de nous reconnaître dans cette petite sœur de Sychar en Samarie. Tout homme est un puits d’ombre obstrué par le péché. Jésus est le puisatier qui, par ses sacrements et sa parole , vient nous creuser pour nous redonner le goût de l’eau vive de son Esprit. Il est celui qui vient mettre au jour nos plus secrètes blessures pour tout aussitôt les guérir et en faire à leur tour autant de sources vivifiantes pour nos frères.
Jésus est aussi l’Epoux divin qui vient pleinement assouvir notre faim d’être aimé et d’aimer en retour. Demandons à la Samaritaine d’intercéder pour nous. Qu’elle nous obtienne la grâce de cesser de mourir de soif à côté de la source d’eau vive ! Qu’elle nous conduise à Celui qui vient faire jaillir l’eau de la vie éternelle et nous apprendre l’adoration du Père en esprit et en vérité.
Les homélies sur kerit.be
Merci de tous ces commentaires qui m’enrichissent personnellement. Je peux m’en imprégner avant de les partager avec la paroisse dont j’ai la charge (par intérim!) Ils aiment ce style simple et profond. A dimanche prochain. François.
Comme vous devez le savoir, le 11 Mars a 14:46 un violent seisme et un tsunami devastateur qui a suivi ont visite le Japon. Par consequent, des villes entieres rayees de la carte; bien materiels et vies humaines emportees par les vagues. Les morts aussi bien que les disparus se comptent par milliers. Deja plus de 27.000(morts comme disparus, un bilan encore provisoire car il va croissant, jour apres jour). Dans ces circonstances, parmi les choses qui ont manque aux sinistres, il faut noter L’EAU. Elle ne coulait plus aux robinets qui ont ete endommages! Et comme le malheur ne vient jamais seul, dans les regions de FUKUSHIMA, SENDAI voire TOKYO, l’eau a ete contaminee par les radiations provenant de la fameuse centrale nucleaire de FUKUSHIMA DAI-ICHI(lisez DAI-ICHI et non pas DAI-ISHI comme les journalistes francais. DAI-ICHI signifie qu’il y a une autre centrale nucleaire aussi que l’on appelle DAI-NI(deuxieme disons). Pour aider ces sinistres je voulais dire, l’aide arrive de partout et on peut se rendre compte du fait que l’EAU n’est pas oubliee. Mais dans un pays ou les chretiens ne constituent pas meme 1%(le diocese de SENDAI qui en comptait 10.000 avant le desastre doit en avoir certainement beaucoup perdu. Le diocese ne sait pas tout verifier car ne sachant pas acceder a tous les sites), l’accent est trop mis sur le materiel. Or partout dans le monde, notamment a Lourdes, les messes ont ete dites a l’intention du Japon(du mercredi a dimanche 20 Mars. Cfr Zenit). Toujours selon zenit, AED propose de faire celebrer les messes aux intentions des japonais, du Japon et de toutes les victimes du seisme. Mais, les chretiens japonais eux-memes trainent les pieds. Eux aussi mettent plus l’accent sur l’aide materielle et oublie parfois cette soif spirituelle qui s’etanche dans la priere. Je prends toujours cet exemple des chretiens du Monde qui prient pour eux pour les inviter, plus particulierement depuis le debut des accidents repetitifs a la centrale de FUKUSHIMA, a prier, a confier cette tragedie a Dieu, afin qu’une solution soit vite trouvee. Certes les eveques ont invite a la priere, mais c’est froid. Si l’on ne prend pas l’initiative de reciter cette courte priere proposee par la conference episcopale le dimanche, il est douteux que nos chretiens prient individuellement a la maison. Voila pourquoi je saisis cette occasion pour inviter tous ceux qui recoivent et lisent Dimanche Prochain, de ne pas oublier les japonais dans leurs prieres, et ce jusqu’a ce que tout revienne a la normale. N’oubliez pas qu’ici au Japon, vivent aussi des etrangers, dont les missionnaires que nous sommes. Il s’agit non seulement d’une invitation, mais aussi d’une demande. Merci beaucoup pour votre collatboration. Dieu entende vos prieres.
Merci de ce témoignage. Tous les jours, nous pensons à vous. Et nous nous tournons vers le Seigneur : Pourquoi tant de souffrances ?
C’est aussi l’occasion de saluer tous ceux qui se battent avec acharnement pour venir en aide à leurs frères et sœurs si douloureusement éprouvés.
Commentaire spirituel pour le 3ème dimanche de carême27 mars 2011 – Année A Père Jean-Noël Bezançon, curé à Saint-Maur-des-Fossés (94), originaire de Paris, où il a été aumônier de lycée, directeur de l’Œuvre des Vocations, curé de Notre-Dame d’Auteuil puis de Saint Jacques-du-Haut-Pas. Il a enseigné pendant dix ans au séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux et, pendant vingt ans, à la faculté de théologie de l’Institut catholique de Paris, notamment comme directeur de l’Institut supérieur de pastorale catéchétique (ISPC). Il l’auteur de nombreux ouvrages. >> Les propositions de croire.com pour le carême >> —Une production de croire.com