Homélie du 30ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 20 octobre 2012
Le cadeau de la foi
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche sont un appel à la foi. Même quand tout va mal, le Seigneur est là. Son amour nous est offert une fois pour toutes. C’est ce message d’espérance que le prophète Jérémie adresse à son peuple. Ce dernier vient de vivre une situation catastrophique. Il a connu la déportation en terre étrangère. Cela s’est fait sans ménagement. Nous pouvons imaginer la situation désespérée de tous ces gens vivant loin de leur patrie. Mais voilà que le prophète Jérémie annonce le retour proche et heureux des rescapés. Pour les aider à garder l’espérance, il évoque la joie de ce retour. Ce sera quelque chose d’extraordinaire. Ce sera vraiment un jour de fête et de joie pour tous.
La bonne nouvelle c’est que notre Dieu n’a pas changé. Il reste toujours celui qui ne demande qu’à nous combler de son amour. Il est celui qui rassemble son peuple. Cette annonce, il ne faut jamais l’oublier, même quand les événements semblent la contredire. Ce qui intéresse Dieu, c’est notre foi, une foi qui surmonte tous les doutes et tous les obstacles. Avec Dieu, il n’y a pas de situation désespérée. Il y a quelques temps, nous avons entendu le témoignage d’un homme qui a vécu comme “la pire des canailles” (c’était son expression). Le Seigneur l’a rejoint dans sa prison. Il a découvert un Dieu sauveur et libérateur. Pour lui, la bonne nouvelle annoncée aux pauvres c’est du concret. Et maintenant, il témoigne partout de sa foi. Il va dans les écoles pour faire de la prévention contre les drogues.
Ce Dieu plein d’amour s’est révélé en Jésus Christ. La Lettre aux Hébreux nous le présente comme le “grand prêtre” par excellence. Ce prêtre c’est celui qui établit des relations entre Dieu et les hommes. Il est celui qui parle de Dieu aux hommes et des hommes à Dieu. Comme le disait le pape Jean-Paul II, “il donne Dieu aux hommes et les hommes à Dieu”. Il les libère de leurs péchés pour leur permettre d’aller à Dieu. Il s’est offert une fois pour toutes dans un acte libre et obéissant envers Dieu. Il est le médiateur de la nouvelle alliance entre Dieu et les hommes. Appartenant au monde du divin et à celui de l’humain, il met les deux mondes en communion.
L’Evangile nous parle de la foi qui sauve. C’est l’histoire de Bartimée, l’aveugle assis au bord de la route. Bien qu’il soit aveugle, il reste clairvoyant. Il reconnaît en Jésus le “Fils de David”, autrement dit, le Messie. En réponse à son cri de confiance, Jésus lui répond : “Va, ta foi t’a sauvé. Ce qu’il faut bien remarquer c’est que cet homme est sauvé avant même d’y voir. Le salut que Jésus apporte n’est pas la guérison d’une infirmité physique. Etre sauvé, c’est être tiré d’un danger dans lequel nous allions périr. Ce péril mortel, nous le découvrons tout au long de la Bible. Dieu se révèle à nous comme celui qui sauve.
C’est ainsi que l’homme sauvé va devenir disciple. Lui qui était mis à l’écart de la société va briser les frontières dans lesquelles il était enfermé. Son cri est un cri de foi et de confiance. Il jette le manteau qui lui servait à recueillir les aumônes. Désormais, il n’en a plus besoin. Il bondit vers Jésus. Nous pouvons admirer la foi et le courage de cet homme qui résiste à la foule et qui suit le Christ après sa guérison. Nous contemplons aussi l’attention de Jésus aux misères humaines.
Il y a aussi beaucoup à dire sur la foule. Quand nous lisons l’Evangile, nous voyons bien qu’elle a également besoin d’être guérie. C’est une foule qui veut faire taire l’aveugle au moment même où il confesse sa foi. Pour Jésus, cela n’est pas tolérable. Les véritables aveugles ne sont pas ceux auxquels on pense. Eux qui barraient la route à Bartimée, ils vont devoir lui ouvrir un passage et lui dire : “Confiance, lève-toi, il t’appelle”. En Jésus, ils découvrent un Dieu qui ne laisse personne de côté. Il offre son bonheur à tous, même à ceux pour lesquels on n’a aucune considération.
Comme je l’ai dit au début, ces textes bibliques sont un appel à la foi. Dieu ne cesse de venir à notre rencontre. Il fait toujours le premier pas. La foi qu’il attend de nous ne peut être qu’une réponse à son amour. C’est un cadeau extraordinaire qu’il nous offre. A nous de l’accueillir. Depuis le 11 octobre, nous sommes entrés dans l’année de la foi. Nous aurons toute cette année pour déballer et découvrir ce merveilleux cadeau.
En célébrant cette Eucharistie, nous te rendons grâce, Seigneur, pour les merveilles que tu ne cesses de réaliser en nos vies. Tu regardes avec tendresse tous les blessés de la vie. Fais que nous puissions vivre en toi et trouver en toi le bonheur éternel. Amen
Sources: Revues Feu Nouveau et Signes, Semainier chrétien. “Lectures d’Evangile d’un vieux prêtre de Montpellier
Je vois aussi un bon exemple chez Barthimé, son courage nous apprend à assumer les préjugés des autres, donc cet évangile ne parle pas seulement de ceux qui sont considérés comme les plus démunis, mais aussi et surtout tous ceux qui s’efforcent d’être à la rencontre du seigneur à travers leurs attributions! Que le jugement, les entraves qu’ont mis les autres ne l’empêchent de s’avancer!
30ème dimanche ordinaire – année B – 28 octobre 2012 – Evangile de Marc 10, 46-52
ENFIN « VOIR » LA ROUTE À PRENDRE
Les extraits d’Evangile que nous écoutons chaque dimanche risquent toujours d’apparaître comme des pièces séparées, chacune commentée pour elle-même. Aujourd’hui, il serait bon d’embrasser d’un coup d’œil les scènes racontées en ces dernières semaines, de rassembler les pièces du puzzle car elles constituent un ensemble qui a un sens. Récapitulons donc.
Tout au nord de son pays, à la frontière du monde païen en construction, Jésus a décidé de monter à Jérusalem. C’est le tournant de sa vie : il sait que, dans la capitale, il sera refusé, haï et condamné à mort. Et en même temps il a prévenu que tout disciple partagera ce destin : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup….Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, prenne sa croix et me suive » (8, 31-38). A partir de ce moment et de cette déclaration qui donne « le principe directeur » de la vie du Messie et de son Eglise qui marche derrière lui, Marc a raconté 5 scènes qui abordent les divers aspects de notre vie. Lues ces derniers dimanches, rappelons-les en bref.
Pas de querelles de préséances, pas de lutte pour le pouvoir chez les dirigeants de communauté. Qu’ils soient comme les serviteurs de leurs frères, veillant surtout à ne pas les scandaliser et à mettre leur foi en péril. Que tout se passe dans la paix.
2. 10, 1-12 : LE MARIAGE
Si la Loi permettait la répudiation de l’épouse, il n’y avait là qu’une concession. Le projet du Dieu unique est que l’union homme/femme représente l’alliance entre Dieu et son peuple – deux qui font UN – donc le mariage doit être un et indissoluble.
3 10, 13-16 : LES ENFANTS
Loin d’être seulement un petit être à dédaigner, à redresser, à éduquer, l’enfant est le modèle pour le croyant. L’adulte tenu à assumer ses responsabilités, à faire et construire le monde, doit comprendre qu’il doit accueillir le Royaume. Comme l’enfant, il doit reconnaître son ignorance, avoir envie d’apprendre, accepter de recevoir comme vrais des enseignements qui le dépassent, suivre son Maître – Jésus Messie – là où celui-ci veut le conduire…si dur que soit le chemin. « Amen, je vous le dis : qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas » (10, 15) : la déclaration de Jésus est solennelle et centrale dans l’ensemble.
4 10, 17-31 : LA VIE ECONOMIQUE
L’argent est utile et nécessaire mais le danger est grave d’être pris par la passion d’avoir toujours plus. La cupidité, l’idolâtrie de l’argent empêche absolument l’entrée dans le Royaume. Pour mettre en garde contre cette avarice, Jésus appelle certains à opter pour une existence pauvre, toute consacrée justement à annoncer la venue du Royaume et donc à exhorter à la conversion, au changement des mentalités et des mœurs. Ces « pauvres apôtres » seront contestés, persécutés mais ils recevront la Vie éternelle.
Faut-il que la passion du pouvoir et les rivalités entre dirigeants soient grandes pour que le sujet revienne ! La communauté de Jésus doit s’organiser au contraire du monde : pas de carriérisme, pas de coups fourrés pour dépasser un autre, pas de rêves de pourpre et de places d’honneur. « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit l’esclave de tous ». Il faudra boire la coupe jusqu’à la lie et plonger dans le torrent des épreuves et des souffrances. Comme le Fils de l’homme qui se fait serviteur, esclave, afin de libérer l’humanité.
RÉACTIONS SPONTANEES DES CHRÉTIENS
A chacune de ces scènes, Marc montre les apôtres « à côté de la plaque » : ils se querellent, se jalousent; ils veulent le monopole du bien ; ils ne comprennent pas le refus de la répudiation de l’épouse ; ils chassent les mères qui présentent leurs petits ; ils voient dans la richesse une bénédiction ; ils manigancent pour devancer les confrères ; ils guignent le pouvoir ! Ils représentent bien nos réticences, nos objections en face d’enseignements qui nous semblent impossibles à pratiquer.
ILS NE VOIENT PAS. Donc il est normal qu’en conclusion, Marc raconte la guérison d’un aveugle.
LA GUÉRISON DE BAR TIMÉE.
Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, un mendiant aveugle, Bar Timée (le fils de Timée) était assis au bord de la route. Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! ».
Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire mais il criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». On appelle donc l’aveugle et on lui dit : « Confiance, lève-toi : il t’appelle ».
L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? – Rabbouni, que je voie ! ». Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé ».
Aussitôt l’homme se mit à voir et il suivait Jésus sur la route.
Jéricho, l’oasis luxuriante dans la vallée du Jourdain, constitue l’ultime étape du pèlerin : c’est là que commence la montée vers Jérusalem. Marc est le seul évangéliste à donner le nom de l’handicapé : Bar (en araméen : fils) – Timaïos (en grec : valeur, dignité) : l’homme porte la marque des deux mondes que Jésus vient sauver en les unissant.
C’est un pauvre de toutes les manières. : enfermé dans sa cécité, seul sans soutien familial donc obligé de mendier, un marginal en bordure du chemin, assis donc oisif, sans travail, sans destination.
Intrigué par la rumeur et l’agitation, il questionne et apprend le passage de ce prédicateur dont on raconte les miracles et qui serait peut-être le Messie, descendant lointain du grand roi David. Du coup, du fond de sa misère, il crie, sans arrêt il hurle ; personne ne parvient à le faire taire. Sa voix est sa seule arme, sa seule force : AIE PITIE DE MOI !
Au milieu de la houle des vivats, des gens qui se contentent de le regarder et de l’acclamer, Jésus perçoit les cris du pauvre, s’arrête et demande qu’on le lui amène. Il l’« appelle » (trois fois répété).
« Confiance ! LEVE-TOI » : c’est le verbe que l’on emploiera aussi pour parler de la résurrection de Jésus.
Et le pauvre, sur le champ, laisse là sa seule richesse, son manteau, sa protection, son apparence (Timée) pour bondir et courir, en chancelant, bras ouverts. Le contraire du jeune homme riche qui n’avait pas osé abandonner ses biens pour suivre Jésus !
Que veux-tu ? – QUE JE VOIE – VA, TA FOI T’A SAUVÉ. Parce que tu as crié, que tu as exprimé ton malheur incurable, que tu as tout laissé pour courir à ma rencontre, que tu t’es dressé, que tu as fait confiance.
Et tandis que les gens regardent s’éloigner Jésus et les siens avant de retourner à leurs occupations, Bartimée, lui, SE MET A SUIVRE JESUS dans sa montée dangereuse vers Jérusalem. IL VOIT CE QU’IL FAUT FAIRE. Il devient disciple, un enfant qui accueille le Royaume.
Nous comprenons maintenant le sens de l’épisode : il ne s’agit pas seulement du récit d’un miracle inexplicable. Bartimée représente tous ces disciples et ces gens rencontrés lors des scènes précédentes et qui ne VOYAIENT PAS pourquoi Jésus parlait de mort prochaine, pourquoi il appelait au renoncement et à la croix, pourquoi il proposait des enseignements aussi exigeants. Et les disciples aujourd’hui, c’est nous.
Bartimée nous pousse à reconnaître notre incapacité de percevoir le dessein pascal de l’Evangile, à avouer « notre aveuglement », à confesser notre pauvreté. Lui, l’appelé, il nous conseille de nous laisser appeler, de faire confiance, de ne plus demeurer inactifs et résignés, en bordure du chemin de l’histoire du salut.
Il nous crie de nous lever, d’oser abandonner ce qui nous couvre et nous protège, de supplier pour voir.
Et « aussitôt » (ce petit mot tant aimé de Marc), sans attendre – parce que l’Evangile est toujours urgent – de nous mettre en route derrière Jésus et de le suivre.
CELUI QUI NOUS FAIT VOIR NOUS FERA VIVRE. Quand tu sais qui TU SUIS, TU ES.
Raphaël D, dominicain
Je suis très heureux mon Père pur le travail que vous accomplissez afin que notre foi grandisse. Que la Vierge vous garde et vous protège.
Merci père pour ce partage très édifiant et encourageant pour nous mettre à la suite du Christ, malgré le vent contraire du monde.
le partage est interactif. Alors merci à vous aussi