Homélie de Noël
Abbé Jean Compazieu | 14 décembre 2017
Notre Sauveur est né
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En cette fête de Noël, nos églises accueillent des personnes d’origines différentes, de milieux différents, l’âge et même des gens qui ne partagent pas la même foi. Certains fréquentent nos églises régulièrement, d’autres de façon épisodique, d’autres très rarement ; que personne ici ne se sente étranger. Qu’aucun d’entre nous ne se sente jugé pour son passé ou son présent. Le message de Noël c’est justement cela: Dieu nous aime tous qui que nous soyons.
Tout au long de sa vie terrestre, celui que nous fêtons aujourd’hui montrera qu’il accueille tous ceux qui viennent à lui, ceux qui prient beaucoup, tous les jours, comme ceux qui se tournent vers lui au dernier moment. L’enfant que nous fêtons aujourd’hui est né dans une étable. Les premiers qui l’ont vu étaient des bergers. Au temps de Jésus les bergers n’étaient pas bien considérés. En effet, à cause de leur métier, ils ne fréquentaient guère les offices religieux. Ce sont eux, pourtant, les premiers cités dans l’évangile pour s’être mis en marche vers Jésus.
Celui que nous fêtons aujourd’hui comme notre Dieu a pris la condition humaine. Il a vécu la plus grande partie de sa vie non pas comme un prince mais comme l’humble artisan d’un petit village. Il a travaillé de ses mains. Sa naissance sera celle d’un pauvre. Comme tous les gens de leur temps, ses parents se sont déplacés pour obéir aux ordres de l’empereur. Tout au long de sa vie publique, on verra Jésus accueillir les enfants, les méprisés, les malheureux. On causera même sur lui.. On lui reprochera de manger avec les publicains, des gens qui ne mettent pas en pratique la loi dans toute sa rigueur.
Mais celui que nous fêtons aujourd’hui n’est pas un enfant comme les autres. Bien sûr, il a réalisé des choses extraordinaires. Mais surtout, il est le seul dont les disciples disent qu’après être mort volontairement pour nous, il est redevenu vivant. Fêtant la naissance du Christ aujourd’hui, c’est notre naissance à la vie que nous fêtons aussi. Nous chrétiens, nous croyons que Jésus est toujours vivant, d’une vie qui ne finit pas et qui dure même après notre mort.
Aujourd’hui, nous fêtons la naissance du Christ, de celui qui a dit : “Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi fut-il mort, vivra”. Le sauveur que les hommes attendaient, nous apprend par sa naissance que la condition humaine est respectable: Dieu en effet, n’a pas rougi de prendre notre condition humaine. Mais le sauveur nous apprend aussi que nous sommes appelés à vivre avec lui pour toujours. La Bonne nouvelle que nous célébrons aujourd’hui est une nouvelle actuelle, une nouvelle pour nous.
Fêter Noël, c’est accepter d’entrer dans ce mouvement de paix, de joie, de réconciliation : “Gloire à Dieu et paix sur terre aux hommes de bonne volonté”. Dire cela nous est facile mais peut-être pourrions-nous essayer de le vivre. Fêter Noël aujourd’hui, c’est aussi faire des cadeaux. Mais qu’importeraient les cadeaux s’ils n’étaient pas signe d’amour fraternel, d’amour conjugal ? Un cadeau n’a de sens que parce qu’il représente l’amour. Fêter Noël aujourd’hui, c’est donc accepter d’essayer tous les jours d’aimer ceux et celles qui nous entourent, au travail et en famille. C’est vouloir être instrument de justice, c’est accepter d’avoir moins pour que les autres aient plus. C’est vouloir être instrument de paix et de réconciliation : Au lieu de mettre la discorde dans le village ou le quartier, c’est vouloir mettre un peu de paix.
Bon Noël à tous. Gardons le cœur ouvert et faisons en sorte que personne ne reste seul en ce jour de Noël. À l’écoute de ce que dit Jésus, sachons vivre l’amour, le véritable amour qui est don de soi. Nous nous disons catholiques, ce qui veut dire “universel”. Pensons aussi aux différents points du monde où sévit toujours la guerre. Demandons à Dieu la paix et qu’il nous aide à être, là où nous vivons des artisans de paix.
En cette fête de Noël, nous nous tournons vers ce petit enfant de la crèche. En lui, c’est Dieu qui fait le premier pas vers nous. Il fait de nous des messagers de sa paix et de son amour. Nous le supplions : “Toi qui es Lumière, toi qui es l’Amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’Amour. Amen
Noël 2017
“Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière”. Cette prophétie d’Isaïe ne finit jamais de nous émouvoir, spécialement en cette nuit de Noël. Elle nous redit la réalité profonde de ce que nous sommes : nous sommes un peuple en chemin. Autour de nous et en nous, il y a des ténèbres et de la lumière. Nous le voyons tous les jours : l’esprit des ténèbres enveloppe notre monde. En cette nuit, nous assistons à l’événement qui nous émerveille et nous surprend : le peuple en marche voit une grande lumière, une lumière qui nous pousse à nous mettre en marche.
Ce verbe “marcher”, nous le retrouvons tout au long de l’histoire du Salut. Pensons à Abraham : Dieu l’a appelé à partir de son pays pour aller vers celui qu’il lui indiquerait. Nous, croyants d’aujourd’hui, nous sommes en marche vers la terre promise. Cette histoire du peuple des croyants a toujours été accompagnée par le Seigneur. Il est toujours fidèle à son alliance et à ses promesses. Mais de la part du peuple, ce n’est pas toujours le cas. Il vit des moments de lumière et de ténèbres, de fidélité et d’infidélité, d’obéissance et de rébellion, des moments de peuple pèlerin et des moments de peuple errant.
Dans notre vie personnelle, il y a également des moments lumineux et des moments obscurs, des lumières et des ombres. Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la Lumière. Mais si notre cœur se ferme, si l’orgueil, le mensonge, l’égoïsme dominent en nous, alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous. C’est l’apôtre Saint Jean qui nous le dit : “Celui qui a de la haine pour son frère est dans les ténèbres. Il marche dans les ténèbres sans savoir où il va parce que les ténèbres l’ont rendu aveugle.” Nous sommes tous appelés à nous engager dans cette marche. Nous ne sommes pas un peuple errant mais un peuple de pèlerins.
Le grand message de Noël, c’est l’annonce de cette Lumière qui vient éclairer nos ténèbres. C’est cela que nous lisons dans la lettre de saint Paul à Tite : “La grâce de Dieu s’est manifestée pour le Salut de tous les hommes.” C’est de cela que nous avons à témoigner auprès de tous ceux et celles qui ont perdu le vrai sens de Noël.
La grâce qui est apparue dans le monde, c’est Jésus né de la Vierge Marie, vrai homme et vrai Dieu. Il est venu dans notre histoire. Il a partagé notre chemin. Il est venu nous libérer des ténèbres et nous donner la Lumière. En lui, est apparue la grâce, la miséricorde, la tendresse du Père. Jésus n’est pas seulement un maître de sagesse. Il n’est pas seulement un idéal vers lequel nous tendons. Il est le sens de la vie et de l’histoire. Il est Celui qui a établi sa tente au milieu de nous.
Les bergers ont été les premiers à recevoir cette annonce de la naissance de Jésus. Ils ont été les premiers parce qu’ils étaient parmi les derniers ; ils faisaient partie d’une catégorie vraiment méprisée. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. Ils ont été les premiers parce qu’ils veillaient dans la nuit en gardant leurs troupeaux. C’est une loi du pèlerin de veiller. Eux, ils veillaient.
Avec eux, nous sommes invités à nous arrêter devant l’enfant de la crèche. Nous nous arrêtons en silence. Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné Jésus. Avec eux, nous laissons monter du plus profond de notre cœur la louange et la fidélité. Nous te bénissons, Dieu très haut, qui t’es abaissé pour nous. Tu es immense et tut es fait tout petit. Tu es riche et tu t’es fait pauvre. Tu es le Tout-puissant et tu t’es fait faible. Aujourd’hui, tu rejoins tous ceux et celles qui sont éprouvés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux… Tu viens à nous pour éclairer notre route.
En cette nuit de Noël, nous sommes invités à partager la joie de l’Évangile : Dieu nous aime. Il nous aime tellement qu’il nous donne son Fils comme frère, comme Lumière dans nos ténèbres. Et aujourd’hui, il nous redit : Ne craignez pas”. C’est ce que les anges ont dit aux bergers : “Ne craignez pas”. Cette parole nous est également adressée : Ne craignons pas ; notre Père est patient : il nous aime et il nous donne Jésus pour nous guider sur le chemin de la Terre promise ; il est la Lumière qui resplendit dans les ténèbres ; il est la miséricorde. Notre Père nous pardonne toujours. Il est notre paix.