Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 13 septembre 2020Les ouvriers de la 11ème heure
Textes bibliques : Lire
Ces textes bibliques que nous venons d’écouter sont porteurs d’espérance. Ils nous disent l’amour gratuit de Dieu qui nous est offert à tous, sans mérite de notre part. Même quand tout va mal, il est là. C’est ce qui est annoncé par le prophète Isaïe dans la première lecture. Il s’adresse à un peuple très éprouvé par de longues années d’exil. Dieu l’invite à se nourrir de sa Parole dans un festin où tout est donné gratuitement.
Le Seigneur se veut proche de tous. Mais il faut le chercher, l’invoquer et le désirer. Il appelle les pécheurs que nous sommes à convertir leur pensée et leur conduite. Nous sommes tous invités à revenir vers Dieu qui est riche en pardon et en miséricorde. Sa sainteté et sa transcendance le placent à une immense distance entre le ciel et la terre. C’est le péché qui a creusé cet écart entre l’homme et le Dieu trois fois saint. Mais Dieu ne cesse de faire le premier pas vers nous. Son amour nous est toujours offert. Il nous rapproche ainsi de ses pensées et de ses chemins.
L’apôtre Paul a lui aussi bénéficié de cette miséricorde du Seigneur. Depuis qu’il a été saisi par le ressuscité sur le chemin de Damas, sa vie n’a d’autre horizon que de diffuser la bonne nouvelle. Par sa vie, il rend gloire au Christ en le servant. Au moment où il écrit sa lettre, Paul est en prison. Il sait qu’il va être condamné à mort. Il affirme que pour lui, ce serait un bien, car il serait pour toujours avec le Seigneur. Mais si, en restant dans ce monde, il peut se rendre utile aux communautés chrétiennes, il est prêt à travailler pour elles. Il nous apprend à renoncer à notre manière de penser pour nous ajuster à celle de Dieu.
Dans l’Évangile, nous lisons la parabole des ouvriers de la 11ème heure. Il y aura toujours quelqu’un pour dire : “Je ne suis pas d’accord ; il n’est pas normal que les ouvriers de la 11ème heure soient payés comme ceux de la première”. C’est vrai, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans l’Évangile de ce jour. Le vrai message est ailleurs.
On nous a appris qu’il faut faire beaucoup d’efforts pour chercher Dieu, le rencontrer, le “mériter” et ainsi pouvoir accéder à son Royaume. Aujourd’hui, l’évangile voudrait nous aider à corriger notre manière de voir les choses. Ici, c’est le Maître du domaine c’est-à-dire Dieu qui fait le premier pas vers l’homme. Lui-même sort cinq fois pour embaucher des ouvriers pour sa vigne. C’est Dieu qui, le premier, se met à la recherche de l’homme. Il le fait inlassablement sans jamais se décourager.
L’important c’est d’entendre cet appel que le Seigneur nous adresse inlassablement tout au long des jours et des années : “Allez, vous aussi, à ma vigne.” Cette vigne, c’est un symbole très fort que nous retrouvons tout au long de la Bible. Pour l’Évangile, c’est le Royaume de Dieu. Jésus en est le cep et nous sommes les sarments. Il faut absolument que cette vigne produise du fruit. C’est en vue de cette mission que Dieu appelle des ouvriers. Travailler à la vigne du Seigneur c’est témoigner de l’espérance qui nous anime. Nous sommes envoyés vers ceux et celles qui nous entourent, en particulier vers ceux qui sont blessés par les épreuves de la vie, la violence, la maladie, les catastrophes naturelles.
Travailler à la vigne du Seigneur, c’est tout faire pour redonner joie et espérance à ceux qui en manquent, c’est être artisan de paix, d’unité et de réconciliation, c’est tout faire pour que nos communautés deviennent plus vivantes et plus fraternelles.
À travers notre accueil, nos paroles et nos actes, ceux qui nous entourent doivent pouvoir découvrir quelque chose de la bonté de Dieu. Ils sont nombreux ceux et celles qui doutent et qui cherchent un sens à leur vie. Ils ont besoin de rencontrer sur leur route de vrais témoins de la foi.
En réponse à cet engagement, le Christ nous promet “ce qui est juste.” Dans notre esprit, il s’agit d’un salaire proportionnel au travail accompli. Celui qui travaille plus doit gagner plus. Mais la justice de Dieu n’a rien à voir avec cette conception distributive. Elle est fondée sur l’amour, un amour sans limite qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Le salaire qu’il promet, c’est d’être avec Jésus dans son Royaume. De ce fait, il est forcément le même pour tous. Il ne faudrait pas croire qu’en raison de nos mérites, nous avons des droits sur Dieu. Dieu ne nous donne pas en fonction de nos mérites mais en fonction de son amour qui sans limite.
En célébrant l’Eucharistie, nous demandons au Seigneur de nous ajuster à cet amour qu’il ne cesse de nous porter. Qu’il nous apprenne à regarder les autres comme des frères et des sœurs. Il n’y a pas de premiers ou de derniers. Nous sommes tous appelés à la même table de famille, tous enfants du même Père.
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Sources : Revues Fiches dominicales – Feu Nouveau – Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – dossiers personnels.
« Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. » Il va les chercher ‘au petit jour’, ‘vers neuf heures’, ‘vers midi, puis vers trois heures, et enfin vers cinq heures’ pour travailler dans sa vigne. Le soir venu, il offre le même salaire à tous, aux premiers comme aux derniers. Les travailleurs à temps partiel gagnent autant que ceux qui sont occupés à plein temps !
À l’écoute de cette parabole, notre première réaction est d’abord comme les premiers embauchés : le patron est injuste. Ce n’est visiblement pas un enseignement en matière sociale. Mais le message est tout autre, le souci du ‘maître’, c’est de ne laisser personne en dehors de sa vigne, sans travail. À l’image de ce ‘maître’, Dieu se met à la recherche de l’homme. Il accueille toute personne désireuse d’entrer dans ‘le Royaume des cieux’, même très tard, au soir de sa vie. Une manifestation de son don gratuit. Son amour va au-delà de la justice humaine. Sa logique est différente de celle des hommes. C’est ce que nous révèle le texte du livre d’Isaïe : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55:9)
Dieu aime tous ses enfants de la même manière. Le meilleur des croyants comme le plus simple des pratiquants. Les bons comme les pécheurs. Peu importe que nous soyons des ouvriers de l’aube ou de la dernière heure. Que nous ayons plus ou moins de mérite que notre voisin. D’ailleurs, ce n’est pas à nous de nous jauger par rapport aux autres. Et même si nous sommes des appelés de la première heure, il nous arrive de traîner les pieds sur le chemin, de ne pas faire grand-chose jusqu’à présent. Oh oui !… Et, au soir de notre vie, nous comptons bien sur la miséricorde de Dieu pour nous accueillir dans sa demeure.
Beaucoup de nantis égoïstes sont jaloux des faveurs offertes aux nécessiteux. Ne soyons pas de ceux-là ! Les ouvriers de la dernière heure de la parabole sont des vulnérables, des oubliés de la vie que ‘le maître de domaine’ cherche à aider et à protéger. Dieu cherche à redonner vigueur à ceux qui sont faibles et accompagne avec bonté tous ceux qui sont abandonnés au bord du chemin. Il s’intéresse à chacun de nous dans les circonstances qui nous sont particulières. Si nous avons le bonheur d’être appelés ‘au petit jour’, poursuivons avec gratitude notre chemin avec tout ce que Dieu nous a accordé. Réjouissons-nous de voir d’autres nous rejoindre après un certain temps de libertinage. Comme la femme qui a retrouvé la pièce d’argent perdu, « quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’ Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » (Lc 15:9-10) Partageons avec joie le retour au bercail de ceux qui sont dans l’errance depuis un bout de temps.
Restons fidèles à l’appel de Dieu en compagnie de ceux qui sont devant ou derrière nous. « Alors vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5:45) La sollicitude de Dieu à notre égard dépasse largement notre réponse à son appel. Avec bonheur, car franchement, nous pouvons nous poser quelques petites questions : ‘Suis-je l’ouvrier de l’aube ou celui de la dernière heure ? Ai-je plus de mérite que mon voisin ?…’ Dieu accueille de la même façon celui qui vient à Lui au dernier moment comme celui qui a emprunté durant toute sa vie le chemin de perfection. Le pape Benoît XVI nous rappelle : ‘Le fait d’être appelés est déjà la première récompense : pouvoir travailler dans la vigne du Seigneur, se mettre à son service, collaborer à son œuvre, constitue en soi une récompense inestimable, qui compense toutes les peines. Mais seul celui qui aime le Seigneur et son Royaume le comprend ; celui qui travaille en revanche uniquement pour son salaire, ne comprendra jamais la valeur de ce trésor inestimable.’
« Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » Cette invitation nous est adressée inlassablement tout au long de notre vie : « Allez, vous aussi, à ma vigne. » Il n’est jamais trop tard de nous rapprocher de Dieu et de nous mettre à son service.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci d’avoir révélé le sens profond de la parabole des ouvriers de la 11eme heure. Et n’oublions pas de louer le Seigneur.
Il est difficile de comprendre la Bonté pour Tous du Seigneur à un vermisseau qu’est L’HOMME. Devant le monde, le cosmos, l’infiniment grand ainsi que devant l’infiniment petit, que Dieu notre Seigneur a créé, notre sens de la Justice Humaine n’est il si dérisoire ?