Homélie du 29ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 11 octobre 2020
Journée mondiale des missions
Textes bibliques : Lire
À l’occasion de cette journée missionnaire, nous entendons des textes bibliques qui nous recommandent de recentrer notre vie sur Dieu. C’est le message que nous lisons dans la première lecture : “Je suis le Seigneur ton Dieu, il n’en est pas d’autre ; hors moi, pas de Dieu.” Ce Dieu qui se révèle est un Dieu libérateur et sauveur. Son message est adressé à un peuple qui vient de vivre une longue période d’exil. Il a été anéanti et humilié. Mais le prophète lui annonce de la part de Dieu qu’il va pouvoir retrouver sa dignité et sa fierté.
Ils sont nombreux aujourd’hui ceux et celles qui ont tout perdu. Mais cette journée missionnaire nous rappelle que pour le Seigneur, la priorité c’est le petit, le pauvre, celui qui a perdu ou oublié sa dignité. Les uns et les autres restent son bien le plus précieux. À travers eux, c’est lui que nous accueillons ou que nous rejetons. Nous avons sans cesse à nous ajuster au regard et à l’amour de Dieu qui veut absolument que tous les hommes soient sauvés.
Nous sommes tous appelés et envoyés pour annoncer “la joie de l’Évangile”. C’est l’appel que nous adresse le pape François. Cette joie, nous avons à la rayonner et à la communiquer à notre monde qui en a bien besoin. Nous risquons de penser que c’est mission impossible. C’est vrai humainement, mais avec Dieu, tout est possible. Il se sert des petits et des humbles pour faire de grandes choses. Il veut associer tous les hommes à sa victoire sur la mort et sur le péché.
L’apôtre Paul a été appelé puis envoyé pour annoncer le Bonne Nouvelle de l’Évangile au monde païen. Cette annonce n’a pas été vaine. Chez les Thessaloniciens, elle a porté du fruit : “Nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon…” Paul découvre avec émerveillement que le principal travail c’est Dieu qui le fait dans le cœur des hommes. Et il rend grâce à Dieu.
Cette lettre de Paul nous rejoint à l’occasion de la journée mondiale missionnaire. Lui-même a été un passionné de l’annonce de l’Évangile au monde païen. Par la suite, des hommes et des femmes ont quitté leur famille et leur pays pour parti comme missionnaires à l’autre bout du monde. Et actuellement, nos diocèses accueillent des prêtres venus de l’Inde, de l’Afrique et de divers autres pays. Ils sont envoyés chez nous pour nous aider à remettre tout l’Évangile dans toute notre vie.
Cette annonce de la bonne nouvelle a toujours rencontré des oppositions. L’Évangile nous montre des gens absolument opposés entre eux qui se mettent d’accord pour tendre un piège à Jésus ; c’est ce qui se passe aujourd’hui. La tentation est grande de mettre hors circuit ceux qui nous remettent en question et nous poussent à changer. Leur Parole nous gêne. Alors, on fait tout pour les compromettre. On va même les accuser injustement d’actes qu’ils n’ont pas commis. Ainsi leur parole ne sera plus crédible.
Mais Jésus ne se laisse pas piéger. Sa réponse est sans appel ; tout d’abord, il dénonce leur hypocrisie. En utilisant la monnaie de l’empereur, il y a longtemps qu’ils ont répondu à leur question. Mais surtout, il ramène les choses à leur juste niveau. La pièce de monnaie que ses adversaires lui ont présentée portait la marque de César. Il est donc normal qu’ils lui rendent ce qui lui est dû. Mais la marque que nous portons est d’un tout autre ordre : c’est celle de Dieu. Au jour de notre baptême, nous avons été marqués de la croix du Christ. C’est une marque indélébile qui oriente toute notre vie.
Rendre à Dieu ce qui lui est dû, c’est d’abord s’imprégner de son amour, c’est l’accueillir dans notre vie. Cette espérance qu’il met en nous, c’est comme une lumière qu’il faut communiquer au monde entier. Nous ne devons pas être de simples consommateurs de la foi. Nous sommes tous appelés à être des acteurs et des constructeurs de la communauté chrétienne ; c’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de la bonne nouvelle de l’Évangile. Beaucoup le font au péril de leur vie. Mais rien ne peut empêcher la Parole de Dieu de produire du fruit.
En célébrant cette Eucharistie, nous voulons, Seigneur, te rendre ce qui te revient. Nous t’offrons tous les actes de foi, d’espérance et de charité qui émaillent de nos vies et de celles de tous nos frères. Avec toi nous nous engageons à tout faire pour que l’amour l’emporte sur la haine et la violence. Sois avec nous pour que l’Évangile soit annoncé dans le monde entier. Amen
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Sources : revues liturgiques, guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Lectures des dimanches A (A Vanhoye), dossiers personnels.
« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Célèbre expression utilisée, à tort ou à raison, lors de nos divers écrits ou conversations pour exprimer l’idée de ‘faire la part des choses’. Pour beaucoup d’entre nous, cette parole du Christ semble établir une nette frontière entre le sacré et le profane. D’une part la loi divine et d’autre part la réalité de la vie quotidienne. Faut-il dissocier le domaine spirituel de la vie sociale ? La foi doit-elle être tenue à l’écart de toute activité humaine ? Est-ce vraiment cela qu’il faut déduire des propos de Jésus ? Le risque est d’imaginer deux domaines totalement distinctes. Mais Jésus n’a pas l’intention de séparer les deux mondes intimement liés, le profane et le religieux. Loin de là. Dans cette échange avec les pharisiens, Il les mettait plutôt en face de leur devoir de citoyen et leur obligation envers Dieu.
Chrétiens d’aujourd’hui, Jésus nous place également devant notre responsabilité d’agir en toute conscience pour le bien de tous et notre fidélité à Dieu. Le Royaume de Dieu n’est pas un concurrent de celui de César. Spiritualité et vie sociale sont les deux faces d’une même pièce, indissociables ! Le spirituel doit s’enraciner dans le concret du monde et la vie sociale doit s’imprégner des valeurs essentielles de la foi chrétienne ! L’ensemble de ces deux réalités crée l’harmonie dans notre vie. La fidélité à Dieu ne nous oblige pas à nous détacher de l’activité humaine. Au contraire, elle doit la transfigurer !
Chrétiens, agissons selon notre foi et remplissons notre devoir envers la société. Ayons la cohérence dans nos idées autant religieuses que sociales. Gardons un regard de foi sur les événements et par-dessus tout, un bon discernement dans nos engagements. Le Christ nous invite à faire la part des choses, mais c’est toujours Dieu le point de convergence de toutes nos actions. Le texte d’Isaïe nous le rappelle : « Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre : en dehors de moi, il n’y a pas de Dieu. » La primauté dans toute option, c’est pour Dieu.
« Est-il permis, oui ou non… ? » Cette question des pharisiens est aussi la nôtre des fois. C’est même une question embarrassante posée à nous, chrétiens dans le monde actuel, quand un choix gênant se présente. Et souvent, la réponse n’est pas évidente ! Mais disons-nous bien que nous n’avons pas à mobiliser Dieu pour cautionner notre décision que ce soit sociale, économique ou politique. En revanche nous avons à agir en rapport avec notre foi et selon l’équité dans nos relations sociales. Si nous jugeons que le monde est injuste, alors œuvrons pour qu’il devienne meilleur. Nos engagements sociaux ou spirituels, nous impliquent personnellement. Agissons selon notre conscience. Ne faisons pas ‘porter le chapeau’ à Dieu pour expliquer notre choix. Utilisons notre sens critique envers un monde où les idées et les informations risquent d’inonder notre esprit et nous orienter sur une mauvaise voie. Cependant, rappelons-nous que toute décision aussi minime qu’elle puisse paraître, peut être l’occasion d’une rencontre avec Dieu. Tout peut être vivifié de l’intérieur. L’Esprit-Saint nous éclairera et guidera notre conduite ! Saint Paul nous rappelle notre devoir d’être des citoyens modèles et justes. « Rendez à chacun ce qui lui est dû : la taxe à qui vous devez la taxe, l’impôt à qui vous devez l’impôt, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. » (Rm 13:7-8) Saint Augustin nous ramène à l’essentiel de l’enseignement du Christ : « Aime, et fais ce que tu veux ! » L’attachement à Dieu est la meilleure boussole pour nous orienter dans la vie !
Rendons donc « à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Vivons pleinement notre foi dans une attitude d’ouverture envers la société. Épanouissons-nous ! Spiritualité et engagement social en se conjuguant ensemble créent l’harmonie dans nos relations pour le plus grand bonheur de tous.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci à tous les missionnaires du monde ainsi qu’à Soeur Claire bien sûr.