Homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 août 2021Rassemblés,
nous recevons de Dieu
la nourriture qui fait vivre
La 1ère lecture nous parle du, prophète Élie qui vit une traversée du désert dans tous les sens du terme. Après des événements douloureux, il est complètement découragé ; il est fatigué de vivre. Nous avons entendu sa prière : “Reprends ma vie je ne vaux pas plus que mes pères.” Mais Dieu ne l’abandonne pas : il lui envoie le pain qui lui donnera les forces nécessaires pour continuer sa longue marche. Quand tout va mal, la Parole de Dieu nous relève et nous remet en chemin.
Cette bonne nouvelle nous concerne tous : il nous arrive d’être affrontés à des déceptions, des remises en cause radicales ; cela peut aller jusqu’à la tentation du désespoir. Il faut alors retrouver des forces pour surmonter la lassitude. Ces forces viennent de l’amitié, d’une parole qui croit en nous, d’un regard qui redonne confiance. Mais les textes bibliques de ce jour nous poussent à faire un pas de plus. Le seul vrai pain, c’est Jésus qui nous le donne. Il est le Pain de la route par sa Parole et son Eucharistie. Nous chrétiens, nous avons tous besoin de ce pain que Dieu nous donne pour continuer notre marche.
C’est ce message que n trouvons dans l’Évangile de ce dimanche : Jésus vient de déclarer aux juifs qu’il est “le pain descendu du ciel”. En disant cela il se reconnaît des pouvoirs qui n’appartiennent qu’à Dieu. Pour les gens qui l’entendent, ce n’est pas possible : ils ne voient en lui que le fils de Marie et Joseph, un homme qu’ils connaissent depuis leur enfance.
Dans notre monde d’aujourd’hui, cela n’a guère changé : beaucoup se sont installés dans l’indifférence et le refus. Quand notre cœur reste fermé à l’Esprit Saint, la foi n’entre pas. Dieu notre Père nous attire vers Jésus ; c’est nous qui ouvrons notre cœur ou qui le fermons. La foi ne peut se développer que si nous nous laissons “attirer” par le Père vers Jésus. Nous sommes invités à aller vers lui avec le cœur ouvert, sans préjugés. Nous reconnaissons dans son visage le visage de Dieu, dans ses paroles les aroles de Dieu. C’est l’Esprit saint qui nous fait entrer dans cette relation d’amour qui existe entre Jésus et Dieu le Père. C’est là le cadeau de la foi.
Avec cette attitude de foi, nous pouvons mieux comprendre le sens du “Pain de vie” que Jésus nous donne. C’est lui “le Pain vivant descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie” (Jean 6, 51). Le jeune Carlo Acutis qui vient d’être béatifié disait que l’Eucharistie était son “autoroute vers le ciel”. À chaque messe, nous découvrons combien le Christ est plein d’amour pour nous et pour le monde. Il est tellement passionné que nous lui manquons quand nous ne nous approchons pas de lui.
À chaque Eucharistie, nous faisons confiance aux paroles de Jésus qui a dit : “Ceci est mon corps livré pour vous”. Nous lui faisons confiance parce qu’il est “le chemin, la vérité et la vie”. Nous croyons en Jésus qui continue à se livrer pour nous. Il nous aime tous d’un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Il attend de nous que nous nous laissions bouleverser par lui et que nous lui rendions amour pour amour.
Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul nous rappelle les dispositions à adopter pour accueillir ce don de Dieu. Il nous invite à vivre dans l’amour et l’unité. C’est une condition indispensable pour vivre l’Eucharistie en vérité. Des chrétiens divisés sont un contre-témoignage. Nous ne pourrons vraiment témoigner de l’amour de Dieu que si nous en vivons. Notre référence c’est Dieu ; c’est lui que nous devons imiter. C’est en lui seul que nous trouvons la joie et le bonheur, même dans les moments les plus difficiles.
En ce dimanche, nous sommes venus à Jésus ; c’est lui qui nous accueille. Comme l’a dit le pape François, il est “le visage de la miséricorde”. Et à la fin de la messe, quand le prêtre dit “Allez dans la paix du Christ, cela signifie que le temps de la mission est là. Nous sommes envoyés auprès de tous ceux que nous rencontrerons sur notre route. En venant nous nourrir du Corps et du Sang du Christ, nous nous engageons à être les témoins de l’espérance qui nous anime. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission qu’il nous confie.
Télécharger : 19ème dimanche du Temps ordinaire
Sources : Revues liturgiques Fiches dominicales, Feu Nouveau, les cahiers Prions en Église – François selon Saint Jean – Dossiers personnels
« Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. » (Jn 6:48-50) En s’offrant à l’humanité, Jésus rappelle l’épisode de la manne céleste, ce don divin qui nourrit le peuple Israël dans le désert. Le parallèle est établi entre la nourriture spirituelle qui donne vie à l’âme et celle qui revitalise le corps. Jésus est ‘le Pain de la Vie’, la nourriture qui fortifie notre âme et nous fait participer à la vie divine.
Le texte du Livre des Rois en première lecture de la liturgie de ce dimanche nous ouvre la voie à une meilleure compréhension du mystère de l’Eucharistie : Dans le désert, l’ange de Dieu encourage Élie à se nourrir pour retrouver la force afin de continuer sa mission. « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » (1 Rois 19:7) Après avoir eu assez de courage pour défier les faux prophètes sur le mont Carmel, le prophète Élie sombra dans la peur en apprenant que la reine Jézabel le recherchait pour le mettre à mort. En fuite et épuisé sur les sentiers du désert, plus seul que jamais, les nerfs à vif… Élie craque ! Il lance vers le ciel un cri de désolation. Le découragement le gagne à tel point qu’il en vint à demander à Dieu la mort. « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » (1 Rois 19:4) Cependant, même au bout du rouleau, Élie reste en relation avec le Seigneur. Avouant son désespoir mais pas totalement enfermé sur lui-même, il se remet entre les mains de Celui qui l’a envoyé. Et Dieu lui a montré sa sollicitude. Dans cette épisode, le prophète Élie nous donne un bel exemple de confiance en Dieu.
L’expérience d’Élie rejoint chacun de nous dans notre vie quotidienne ! Oui, qui de nous, à un certain moment de son existence, ne connaît-il pas comme le prophète Élie la fatigue et le mal de vivre ? Comme lui, que de fois, sur les sentiers de la solitude, nous avons la sensation de marcher seul dans le désert, dans un environnement hostile semé d’épreuves et d’embûches. Dans un tel moment, une profonde lassitude saisit tout notre être. Autour de nous, c’est le vide. Tout s’assombrit, l’horizon se bouche… Une solitude de l’esprit et du cœur. Cela arrive un jour ou l’autre dans toute vie ! Cet épuisement physique et mentale nous rend vulnérable et nous plonge dans des idées noires. À quoi bon investir notre temps et notre énergie pour certaines causes si tout peut s’effriter du jour au lendemain ? À quoi bon tant de zèle quand le poids des épreuves rend chaque initiative pesante ? À quoi bon lutter à contre-courant quand cela peut nous épuiser au-delà de ce que nous pouvons supporter ? Dans cette tranche de vie mouvementée, plus seul que jamais, sans nous en rendre compte, le Seigneur est toujours là, à côté de nous et en nous. Sur cette route cahoteuse, Dieu nous rejoint dans une mystérieuse présence, comme « l’ange » pour Élie. « Moi, je suis le pain de la vie. », Dieu nous offre le ‘Pain de la vie’ pour nous aider à continuer la route vers Lui. Jésus se propose d’être lui-même notre source d’énergie vitale pour nous revigorer et nous redonner courage ! Ce Pain de réconfort nous pousse à aller de l’avant ! Sur notre parcours de vie, nous avons toujours besoin d’une source de réconfort. Venons puiser notre énergie dans cette présence vitale. L’Eucharistie est notre Pain de route !
« Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. » (1 Rois 19:8) Un bel exemple de reprise en main dans une situation difficile ! Dieu nous tend la main, c’est à nous de la saisir. Il nous ouvre une nouvelle perspective, c’est à nous de nous démener pour sortir de l’impasse. Sans notre participation, Dieu ne peut pas nous aider. Dans les épreuves, on a souvent tendance à se plaindre de notre sans lever le petit doigt pour que la situation change. C’est notre implication personnelle qui fera avancer les choses. Si l’on reste les bras croisés à ruminer l’infortune, l’opportunité qui nous est réservée nous passera sous le nez… et on se demande pourquoi le Seigneur ne répond pas à nos prières. ‘Aide-toi, le Ciel t’aidera !’ Ayons le courage de nous prendre en charge et de reprendre notre destin en main. Lorsque tout semble crouler sous nos pieds, ne perdons pas courage mais continuons à dialoguer avec Dieu, à garder contact avec Lui. N’hésitons pas à déposer notre fardeau devant Dieu, et à Lui en parler. Prenons le temps de nous laisser attirer par Lui. L’Eucharistie est notre source de réconfort. Jésus nous y attend. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28) Quelle belle invitation !
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. » (Jn 6:47) Puissions-nous garder toujours la foi en Jésus et Lui déclarer sincèrement comme Pierre : « Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6:68)
Nguyễn Thế Cường Jacques